
Le GNL a le vent en poupe. Ce mercredi, l'opérateur finlandais Gasdrid a annoncé l'arrivée d'un premier navire-terminal d'importation de gaz naturel liquéfié (GNL) dans le pays. « Le navire-terminal flottant s'est avéré être la solution la plus rapide et la plus efficace pour réduire progressivement la dépendance au gaz russe de la Finlande et pour assurer la continuité de la fourniture en gaz en Finlande », a indiqué Gasgrid dans un communiqué.
Les terminaux GNL flottants permettent l'importation de gaz naturel par voie maritime sous forme liquide. Ils se composent d'une plateforme d'amarrage et d'un bateau dit FSRU (unité flottante de stockage et de regazéification), où le GNL est livré, stocké et regazéifié, avant d'être envoyé dans le réseau. Selon Gasgrid, le nouveau navire-terminal, pouvant contenir environ 68.000 tonnes de GNL et loué pour une période de dix ans, sera prêt à alimenter les ménages, les industriels et les producteurs d'énergie finlandais à partir de la mi-janvier.
L'Europe adopte le GNL pour s'émanciper du gaz russe
Si la Finlande a remué ciel et terre pour faire venir un terminal flottant, c'est bien pour se sevrer progressivement de sa dépendance au gaz russe. Le pays dirigé par Vladimir Poutine menace en effet de ne plus fournir cette énergie à ses voisins européens et a déjà arrêté ses exportations vers l'Allemagne et la France via le gazoduc Nord Stream 1.
Problème, en mai, le russe Gazprom avait annoncé avoir fourni 1.49 milliards de mètres cubes de gaz naturel à la Finlande en 2021, soit environ deux tiers de la consommation totale du pays. Le gaz naturel ne représente quant à lui que 8% de la consommation totale d'énergie de la Finlande. Mais le pays compte bien changer la donne. « Le gaz peut provenir de n'importe où dans le monde où le GNL est fourni, mais pas de Russie », a précisé à l'AFP le PDG de Gasgrid, Olli Sipilä. Le terminal pourra également permettre les livraisons vers les pays de la Baltique (Estonie, Lettonie et Lituanie) ainsi que la Pologne via le gazoduc Balticconnector, qui relie la Finlande et l'Estonie.
En Europe, d'autres pays adoptent ces terminaux de gaz liquéfié pour réduire leur dépendance au gaz russe. En décembre, l'Allemagne, qui dépendait à 55% des importations de gaz russe avant le début de l'invasion de l'Ukraine en février dernier, a ainsi inauguré son premier terminal de traitement de GNL cette année. Cinq autres terminaux flottants suivront en 2023.
La France qui possède aujourd'hui quatre terminaux portuaires d'importation de GNL, à savoir deux à Fos-sur-Mer, un à Montoir de Bretagne, et un à Dunkerque veut aussi renforcer ses infrastructures avec un nouveau site au Havre. Ce dernier devrait commencer à fonctionner en septembre 2023, selon un communiqué de TotalEnergies en charge de sa construction. L'infrastructure reposera sur deux navires FSRU (unité flottante de regazéification) de TotalEnergies « qui (permettront) d'injecter jusqu'à 5 milliards de m3 de gaz naturel (environ 60 % du gaz russe importé par la France en 2021) par an dans le réseau national ». Selon la préfecture, ce nouveau site fournira « environ 10 % de la consommation annuelle française (avec du GNL provenant, NDLR) possiblement de Norvège, d'Algérie, du Qatar, des États-Unis, du Nigéria, d'Angola, ou encore d'Égypte ». Mais le terminal aura « vocation à être démonté lorsque les tensions en matière d'approvisionnement auront été surmontées », a-t-elle assuré.
Le doublement des capacités d'importation de GNL prévu en Europe pour répondre aux problèmes d'approvisionnement en gaz depuis le début de la guerre en Ukraine « menace de faire dérailler les objectifs climatiques de l'UE », estimait toutefois l'ONG américaine Global Energy Monitor dans un rapport publié la semaine dernière. Pour rappel, la Commission européenne vise une réduction des émissions nettes de gaz à effet de serre d'au moins 55% d'ici à 2030 en réduisant notamment la dépendance aux énergies fossiles comme le gaz.
TotalEnergies veut devenir le fournisseur de GNL de l'Europe
Quoiqu'il en soit, ce retournement rapide de l'Europe vers le GNL est vu comme une opportunité pour l'énergéticien français. « La guerre en Ukraine a mis en lumière la nécessité pour l'Union européenne et la France de diversifier leurs sources d'approvisionnement en gaz », insiste TotalEnergies dans un communiqué.
Et le géant compte bien apporter ses services au vieux continent dans cette période de diette gazière. La filiale LNG Services France de TotalEnergies va lancer en janvier une campagne pour la réservation de capacités de regazéification sur son futur méthanier flottant du Havre, a indiqué mercredi le géant français de l'énergie.
Cette campagne est destinée à « offrir au marché la possibilité de réserver jusqu'à 2,5 milliards de mètres cubes par an de capacités de regazéification » sur le terminal méthanier flottant du Havre, « pour une période de cinq ans à compter de septembre 2023 », date à laquelle il devrait être mis en service, précise l'entreprise. La campagne, qui se déroulera en deux temps, débutera par un appel à manifestation d'intérêt sans obligation dans lequel les parties intéressées pourront indiquer « le volume qu'elles souhaitent acquérir », du 16 au 27 janvier. Il sera suivi d'un appel d'offres en mars.
(Avec AFP)
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