Les Pays-Bas sont entrés en récession au deuxième trimestre

Le PIB a reculé de 0,3% avril et juin, après s'être contracté de 0,4% au premier trimestre, indique l'Office central des statistiques. Cette légère récession est en partie attribuée à la baisse de la consommation des ménages aux Pays-Bas.
Les Néerlandais ont « surtout acheté moins de meubles et de vêtements », même s'ils ont dépensé davantage dans les secteurs de la culture et des loisirs, selon le CBS.
Les Néerlandais ont « surtout acheté moins de meubles et de vêtements », même s'ils ont dépensé davantage dans les secteurs de la culture et des loisirs, selon le CBS. (Crédits : Piroschka Van De Wouw)

Après l'Allemagne, c'est au tour des Pays-Bas de plonger en récession. L'économie néerlandaise s'est en effet contractée pour le deuxième trimestre consécutif, selon une première estimation, indiquent des chiffres publiés par l'Office central des statistiques (CBS) ce mercredi 16 août. Au cours des trois derniers mois, la baisse enregistrée est de 0,3%, après un premier trimestre 2023 déjà en berne avec une contraction de 0,4%.

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Dans le détail, la baisse de la consommation des ménages néerlandais a largement contribué à la contraction de l'économie nationale au cours de ce dernier trimestre. Les Néerlandais ont « surtout acheté moins de meubles et de vêtements », même s'ils ont dépensé davantage dans les secteurs de la culture et des loisirs, selon le CBS.

Le marché du travail préservé

Le commerce extérieur des Pays-Bas a lui aussi fortement participé à ce ralentissement avec une augmentation des importations et une diminution des exportations, en particulier de l'industrie chimique néerlandaise, a-t-il ajouté.

« Cela signifie, selon la définition la plus courante, que les Pays-Bas sont en récession », a confirmé mercredi Peter Hein van Mulligen, économiste en chef du CBS au cours d'une présentation en ligne.

« Ce chiffre correspond à l'image des trimestres précédents, car l'économie néerlandaise stagne pour le quatrième trimestre consécutif », a-t-il ajouté. Ce déclin ne se traduit pas encore par une détérioration du marché du travail néerlandais, affirme-t-il. « Le nombre d'offres d'emploi a légèrement diminué, mais le nombre de chômeurs également », a-t-il déclaré.

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Comparé au reste de l'Europe, après « un plongeon » lié à l'épidémie de Covid-19, « l'économie néerlandaise s'est rétablie beaucoup plus rapidement et fortement », mais depuis environ un an, « c'est le contraire », a affirmé Peter Hein van Mulligen. « La contraction néerlandaise de 0,3 % est frappante par rapport au développement économique des pays voisins », a souligné le CBS.

La zone euro pénalisée par l'Allemagne

Le Produit intérieur brut (PIB) des 20 pays partageant la monnaie unique, lui, a progressé de 0,3% entre avril et juin en glissement trimestriel, d'après la première estimation d'Eurostat publiée fin juillet. Il avait stagné (+0%) au premier trimestre, selon un chiffre révisé par de l'office européen des statistiques, qui avait précédemment fait état d'un repli de 0,1% marquant une récession technique.

La performance de la zone euro reste de fait pénalisée par la conjoncture morose en Allemagne, première économie européenne, où l'industrie continue de souffrir. L'Italie a de son côté connu un recul surprise de son PIB (-0,3%), souffrant notamment d'un ralentissement des investissements sur fond de renchérissement du crédit. La Suède (-1,5%), la Lettonie (-0,6%) et l'Autriche (-0,4%) ont également vu leur économie se replier.

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Certes, deux grands pays ont enregistré des performances plus robustes : la croissance en France a atteint 0,5% (contre 0,1% au premier trimestre), bien plus que prévu, tirée par les exportations qui ont compensé une consommation en berne, tandis qu'en Espagne, le rythme de croissance a ralenti (+0,4%), mais reste soutenue par la consommation.

Une inflation encore élevée

Et l'Irlande (+3,3%) connaît la hausse de croissance la plus importante en zone euro, après le fort repli du trimestre précédent. Mais « si on excepte ces chiffres irlandais volatils, la croissance en zone euro est ramenée à 0,2% (...) La faiblesse de l'activité suggère que l'embellie sera de courte durée, la région risquant la stagnation voire pire au second semestre », a estimé Ricardo Amaro, analyste du cabinet Oxford Economics, le mois dernier.

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Selon l'indice PMI Flash, calculé sur la base de sondages d'entreprises et publié la semaine dernière par S&P Global, l'activité du secteur privé en zone euro s'est effectivement nettement repliée en juillet, pénalisée par les difficultés de l'industrie et une chute de la demande.

Destinée à juguler l'envolée de l'inflation, le durcissement de la politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE) pénalise fortement l'activité en restreignant l'accès au crédit, ce qui plombe l'investissement et la consommation. Gardant la lutte contre la hausse des prix comme boussole, la BCE a décidé de remonter ses taux directeurs de 0,25 point de pourcentage, pour la neuvième fois d'affilée, tout en laissant la porte ouverte à une pause dans ses relèvements de taux.

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Or, si les dernières prévisions officielles en date tablent sur une croissance économique autour de 1% pour l'ensemble de 2023, la présidente de l'institution Christine Lagarde a elle-même reconnu des perspectives « détériorées ». Certes, le taux d'inflation annuel dans la zone euro a poursuivi sa baisse en juillet, tombant à 5,3% après 5,5% en juin et 6,1% en mai, à la faveur d'une nouvelle forte décrue des prix de l'énergie (-6,1%, après un repli de 5,6% en juin), a indiqué Eurostat.

Mais la hausse des prix à la consommation reste particulièrement élevée dans l'alimentation (y compris alcool et tabac) avec une flambée de 10,8% (en léger ralentissement après 11,6% en juin). Et les prix continuent de se renchérir nettement dans les biens industriels hors énergie (+5,0%, contre 5,5% en juin) comme dans les services (+5,6%, marquant une accélération après 5,4% en juin). Au final, l'inflation sous-jacente (qui exclut l'énergie et l'alimentaire) s'établit à 5,5%, très au-delà de l'objectif de 2% que s'est fixé la BCE.

(Avec AFP)

Commentaires 4
à écrit le 17/08/2023 à 12:50
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Pour un pays aussi libéral que les pays bas appele : »Les usa d Europe »je ne vais pas chialer .. a eux de connaître les affres du chômage et et des déficits ….chacun son tour !!

à écrit le 17/08/2023 à 12:40
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Pour un pays aussi libéral que les pays bas appele : »Les usa d Europe »je ne vais pas chialer .. a eux de connaître les affres du chômage et et des déficits ….chacun son tour !!

à écrit le 17/08/2023 à 8:30
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Et pourtant c'est une place d'évasion fiscale, là elle commence vraiment à faire peur leur crise...

à écrit le 16/08/2023 à 13:53
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Les ruptures des chaînes d'approvisionnement produisent toujours des effets avec un certain décalage du timing. Idem pour la matérialisation de l'inflation galopante. Et si la Covid -19 a créé un choc de la demande conjointement à un choc d'offre, le...

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