Plan de relance : les 27 de l'UE tentent de dégager la voie vers un accord

Les discussions s'annoncent longues et difficiles, chaque pays ayant un droit de veto. Parmi les personnalités à convaincre : le Premier ministre néerlandais Mark Rutte, chef de file des quatre pays surnommés les "frugaux" : Pays-Bas, Autriche, Danemark et Suède.
Le sommet a commencé sur une note joyeuse avec la remise de cadeaux à Angela Merkel et au Portugais Antonio Costa qui fêtaient respectivement leurs 66 et 59 ans.
Le sommet a commencé sur une note joyeuse avec la remise de cadeaux à Angela Merkel et au Portugais Antonio Costa qui fêtaient respectivement leurs 66 et 59 ans. (Crédits : POOL)

Les 27 dirigeants de l'UE tentaient de débroussailler les sujets les plus épineux ce vendredi lors du sommet de Bruxelles, concentrant une partie de leur attention sur le leader des "frugaux", le Néerlandais Mark Rutte, l'homme à convaincre pour parvenir à un accord sur le plan de relance pour sortir d'une récession historique.

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Ils sont arrivés tous masqués à la réunion, qui a lieu, pour la première fois de l'histoire, sans journalistes présents dans l'immense bâtiment du Conseil européen, en raison de la pandémie de coronavirus.

"La bonne nouvelle est que personne n'a quitté la salle", a indiqué une source diplomatique alors qu'une première séance de discussions à 27 a duré près de huit heures.

Au menu des négociations: un plan de relance de 750 milliards d'euros, composé de 250 milliards de prêts, et surtout de subventions à hauteur de 500 milliards, qui n'auront pas à être remboursées par les États bénéficiaires.

Il est adossé au budget de l'UE à long terme (pour la période 2021-2027) de 1.074 milliards d'euros.

Lors de leur dernière rencontre en face-à-face, le 20 février, les 27 avaient échoué à s'entendre sur le budget de l'UE pour 2021-2027. Mais la crise est passée par là et un plan de relance s'est invité aux discussions.

Elles s'annoncent longues et difficiles, chaque pays ayant un droit de veto. Le sommet prévu sur deux jours pourrait se prolonger jusqu'à dimanche.

Selon la source diplomatique, les discussions ont commencé par trois sujets particulièrement ardus, cruciaux pour l'issue du sommet: le montant du plan, la façon dont seraient contrôlés les plans de réformes des principaux bénéficiaires des aides - les pays du Sud. Et troisièmement, la question des rabais des contributions accordés aux États qui versent davantage d'argent au budget de l'UE qu'ils n'en reçoivent - une exigence des "frugaux", c'est-à-dire les Pays-Bas, l'Autriche, le Danemark, la Suède.

Le Premier ministre néerlandais, Mark Rutte, chef de file de ces quatre pays surnommés péjorativement "les radins", est d'ailleurs arrivé à Bruxelles, en estimant "à moins de 50%" les chances d'un accord.

Vins et chocolats

Il avait déjà été considéré comme partiellement responsable de l'échec du sommet de février sur le budget de l'UE.

Les frugaux - rejoints par la Finlande -, ont émis de nombreuses réserves sur le plan de soutien qui devrait profiter avant tout à l'Italie et l'Espagne.

À son arrivée à Bruxelles, le chancelier autrichien Sebastian Kurz a insisté sur la nécessité de savoir "à quoi serait utilisé l'argent" octroyé aux pays en difficulté.

"Nous nous battrons pour qu'il soit investi dans des projets d'avenir, pour l'écologie, pour la numérisation, pour des réformes et non pour des entreprises rétrogrades", a-t-il affirmé.

Les exigences de réformes font bondir les pays du Sud, inquiets de se retrouver avec l'obligation de se soumettre à un programme imposé par d'autres, comme l'avait été la Grèce au plus fort de la crise de la zone euro.

Pour mieux contrôler ces pays, jugés laxistes sur le plan budgétaire, M. Rutte souhaite d'ailleurs que leurs plans de réformes soient validés à l'unanimité des 27 (et non à la majorité qualifiée comme l'a prévu Charles Michel).

Autre sujet délicat: le lien entre le versement d'argent et le respect de l'État de droit, pour la première fois inscrit dans un budget de l'UE. Une question qui a été abordée en fin d'après-midi avant que les leaders ne se séparent pour des bilatérales jusqu'à 20H00 (18H00) pour leur diner.

Or, la Pologne et la Hongrie, qui font toutes deux l'objet de procédures au sein de l'Union en raison d'atteintes à l'indépendance de la justice ou aux droits fondamentaux, freinent des quatre fers.

Dans ce grand marchandage, Mme Merkel, suscite beaucoup d'espoirs. Se rangeant à l'avis de la France, elle a accepté que des fonds soient empruntés à grande échelle au nom de l'Europe, brisant ainsi un tabou dans un pays jusqu'ici largement opposé à l'idée d'une dette commune.

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M. Kurz a toutefois insisté sur le fait qu'il s'agissait d'un "projet ponctuel" et non de pérenniser la mutualisation des dettes.

Le sommet avait commencé sur une note joyeuse avec la remise de cadeaux à Angela Merkel et au Portugais Antonio Costa qui fêtaient respectivement leurs 66 et 59 ans: bouteilles de vin de bourgogne, chocolats belges. Et huile de rose bulgare pour la chancelière.

Commentaires 4
à écrit le 19/07/2020 à 9:53
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"Dans ce grand marchandage, Mme Merkel, suscite beaucoup d'espoirs" Et une pelletée de terre de plus sur la tombe de l'Une, une !

à écrit le 19/07/2020 à 2:42
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Un hollandais ne cede jamais.

à écrit le 18/07/2020 à 23:35
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L'économie c'est de devoir se défaire d'une administration en charge de l'uniformisation de la zone euro! Si la monnaie n'est pas crédible... rien n'est crédible!

à écrit le 17/07/2020 à 19:54
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Jusqu’à maintenant c'était la concurrence dans l'UE sous couvert d'uniformisation; la suite... c'est l'uniformisation sous couvert d'une concurrence administrée, rien ne change... ce qui change tout!

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