Pour se « protéger » de la Russie, la Moldavie espère une adhésion à l'UE « dès que possible »

Après l'invasion de l'Ukraine voisine en février 2022, la Moldavie s'inquiète de sa proximité avec la Russie. « La Russie va continuer à être une grande source d'instabilité dans les années à venir et nous devons nous protéger », a ainsi expliqué sa dirigeante, Maia Sandru, espérant « avoir une décision sur l'ouverture de négociations dans les prochains mois ». Mais des obstacles, notamment sa fragilité économique et ses problèmes de corruption, se heurtent toujours à son adhésion.
La présidente de la Moldavie, Maia Sandru, a appelé à un grand rassemblement pro-UE dimanche, destiné à montrer le soutien des Moldaves à une adhésion européenne.
La présidente de la Moldavie, Maia Sandru, a appelé à un grand rassemblement pro-UE dimanche, destiné à montrer le soutien des Moldaves à une adhésion européenne. (Crédits : Reuters)

La Moldavie est inquiète. « Bien sûr, rien n'est comparable à ce qui se passe en Ukraine, mais nous voyons le risque et nous pensons que nous ne pouvons sauver notre démocratie qu'en faisant partie de l'UE », a ainsi alerté la présidente du pays, Maia Sandru. « La Russie va continuer à être une grande source d'instabilité dans les années à venir et nous devons nous protéger », a-t-elle justifié en marge d'un sommet du Conseil de l'Europe qui s'est terminé mardi en Islande.

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Une adhésion souhaitée « dès que possible »

L'ex-république soviétique de 2,6 millions d'habitants voit, en effet, son entrée dans l'UE comme la seule assurance de ne pas être une prochaine cible de la Russie, après l'invasion de son grand voisin ukrainien début 2022. En février, la dirigeante moldave avait accusé la Russie de fomenter un coup d'Etat pour renverser le pouvoir en place à Chisinau. « La guerre en Ukraine a mis les choses en noir et blanc : on voit très clairement maintenant ce que le monde libre veut dire et ce que signifie le monde autoritaire pour nous tous », a affirmé la première femme à diriger le petit pays. Au pouvoir depuis 2020, elle a appelé à un grand rassemblement pro-UE dimanche, destiné à montrer le soutien des Moldaves à une adhésion européenne.

Car l'invasion de l'Ukraine a réveillé l'hypothèse jusque-là très improbable d'une adhésion de Kiev et de Chisinau à moyen terme. « Nous pensons que (l'adhésion) est un projet réaliste et nous nous réjouissons que cela arrive dès que possible », a dit à l'AFP la présidente moldave, espérant « avoir une décision sur l'ouverture de négociations dans les prochains mois ».

L'organisation du sommet de la Communauté politique européenne (CPE), qui regroupe de façon informelle la plupart des pays européens dont les candidats à l'entrée dans l'UE, est d'ailleurs vue par Chisinau comme une garantie pour sa sécurité. « C'est important, car nous voyons que nous ne sommes pas seuls, que nous avons beaucoup d'amis, et que nos amis nous font confiance pour organiser un évènement si important », a dit celle qui est perçue comme la nouvelle coqueluche de la scène européenne qui est notamment proche du président français Emmanuel Macron.

Des obstacles demeurent

En juin 2022, l'UE a accordé à l'Ukraine et à la Moldavie, pays le plus pauvre d'Europe, le statut de candidat officiel à l'adhésion. Mais de nombreux obstacles demeurent à son entrée dans l'Union. Outre sa fragilité économique et ses problèmes lancinants de corruption, la Moldavie doit aussi trouver une solution à la Transdniestrie sécessionniste, région pro-russe de 300.000 habitants dans l'est du pays. Non reconnue par la communauté internationale, cette zone a fait sécession en 1990 après une brève guerre civile dans la foulée de l'effondrement de l'Union soviétique. Le conflit est gelé depuis 1992.

« Nous avons encore des choses à faire, mais nous travaillons très dur et c'est notre principal objectif désormais », a insisté Maia Sandu, dont le pays a amorcé son retrait de la Communauté des Etats indépendants (CEI) qui a la Russie pour cheffe de file.

« Nous voulons continuer à faire partie du monde libre. Nous voyons ce qui se passe en Ukraine, nous voyons que la Russie essaie d'empêcher les pays de la région de devenir démocratiques », a-t-elle ajouté.

Une place dans l'Otan

Au-delà de l'Union européenne, la Moldavie convoite également une place au sein de l'Otan tout comme l'Ukraine. Mais cette carte est difficile à jouer pour Chisinau, la Moldavie étant constitutionnellement neutre. « Nous respectons (la neutralité). Nous respectons la volonté du peuple. Mais il y a des discussions dans notre société pour savoir si la neutralité nous protège, et si à un moment donné les gens changeaient d'avis, bien sûr nous reconsidérerions cette décision », la cheffe de l'Etat. Pour rappel, la volonté de l'Ukraine d'entrer dans l'Otan a été une des raisons invoquées par la Russie pour déclencher son invasion, Moscou accusant les Occidentaux de s'étendre à ses frontières loin dans son ancienne zone d'influence de l'ère soviétique.

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Kiev, plongé dans la guerre avec Moscou depuis plus d'un an, ambitionne également d'intégrer l'Union européenne. Sa candidature a d'ailleurs été entérinée fin juin par Bruxelles. Pour autant, son intégration pourrait prendre « des décennies » comme l'avait souligné Emmanuel Macron en mai 2022, proposant alors une alternative sous la forme d'une Communauté politique européenne, une institution parallèle à l'UE et au Conseil de l'Europe. Une fois un premier bilan de l'année dressé par la Commission européenne sur les réformes demandées à l'Ukraine concernant la lutte contre la corruption et l'indépendance de la justice, les négociations officielles pourront s'ouvrir avec pour objectif une décision qui devra faire l'objet d'une unanimité des Etats membres. Pour exemple, ces négociations ne se sont toujours pas ouvertes dans le cas de la Macédoine du Nord et de l'Albanie qui ont pourtant obtenu leur statut de candidates en 2005 et 2014. Les pays des Balkans occidentaux ont d'ailleurs exprimé leur frustration sur la lenteur de leur processus d'adhésion.

(Avec AFP)

Commentaires 3
à écrit le 20/05/2023 à 21:18
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La corruption, pauvreté, ne sont rien à côté des frontières : ces pays sont trop petits, leurs frontières sont un héritage des traités de 1919, certains ne sont que des expressions géographiques, par ex. la Bosnie-Herzégovine. La Macédoine slace et l...

à écrit le 19/05/2023 à 20:01
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Bonjour, avant toute chose , ils y a le respects des règles d'adhésion... économique, politique et judiciaire... nous ne souhaitons pas de nouveau pays qui ne respecte aucune regle et qui pose problème dans le fonctionnement de l'union européenne.....

à écrit le 19/05/2023 à 17:51
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C'est par "la peur" que l'UE attire à elle "les petits enfants" ! ;-)

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