
L'onde de choc de la pandémie continue de faire trembler l'économie européenne. Selon une récente étude du cabinet Euler Hermes, le retard accumulé dans la campagne de vaccination évalué à cinq semaines représenterait un coût faramineux de l'ordre de 90 milliards d'euros en 2021. "Chaque semaine supplémentaire de restrictions sanitaires coûte 0,4 de point de pourcentage de croissance de PIB trimestriel à l'UE. Le retard actuellement observé coûterait ainsi 2 points de croissance de PIB trimestriel à l'UE" indiquent les auteurs de l'étude.
Après une année 2020 cataclysmique, l'arrivée du vaccin a pu donner des lueurs d'espoir aux milieux économiques et financiers. A la fin de l'année dernière, la présidente de la Commission européenne Ursula Von Der Leyen a assuré que 70% de la population adulte allait être vaccinée avant l'été et les Etats tentaient de redoubler d'efforts pour mettre sur pied leur campagne de vaccination.
Quelques semaines après ces premières annonces, les institutions sont empêtrées dans d'importants retards de livraisons et des déboires logistiques avec l'industrie pharmaceutique incapable d'honorer les promesses de l'exécutif européen. En outre, plusieurs pays comme la France rencontrent de nombreuses difficultés pour assurer la vaccination des personnes les plus fragiles et du personnel soignant alors que la multiplication des variants a obligé les autorités à durcir les mesures d'endiguement. Résultat, la reprise économique est sans cesse repoussée et la pandémie continue de faire des ravages sur le tissu productif et la main-d'oeuvre.
"Avec les obstacles du côté de l'offre (production et distribution de doses) et un lent démarrage, l'Europe prend de plus en plus de retard dans la course à l'immunité" expliquent les économistes.
[La présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen a une nouvelle fois rejeté samedi dernier dans la presse allemande les critiques selon lesquelles l'UE aurait trop tardé à conclure des accords de précommandes de vaccins avec les laboratoires pharmaceutiques. Crédits : Reuters.]
> Lire aussi : Coronavirus : Leyen réaffirme que l'UE entend vacciner 70% des adultes d'ici la fin de l'été
Un rythme de vaccination "insuffisant"
Les travaux des experts de l'assurance-crédit révèlent que le taux de vaccination quotidien de la population dans les grandes économies de la zone euro est de seulement 0,12%. Aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, la cadence est quatre fois supérieure. Ainsi 9,4% des Américains et 14,4% des Britanniques sont déjà vaccinés contre seulement 5% au maximum dans certains pays comme le Danemark.
"Pour permettre une reprise durable au second semestre 2021, les pays de l'UE doivent s'engager dans un rythme qui vise à vacciner les populations à risque d'ici la mi-2021. Cela permettrait un assouplissement des restrictions sanitaires sans mettre en péril les systèmes de santé. Pour atteindre cet objectif, les pays européens doivent doubler les vaccinations administrées quotidiennement. Au rythme actuel de la vaccination, l'immunité collective ne serait atteinte que fin 2022", expliquent les auteurs de l'étude.
Pour atteindre l'objectif ambitieux de la commission bruxelloise, il faudrait que le rythme de la campagne de vaccination soit six fois plus rapide. Autant dire que le défi est immense pour l'Europe actuellement confrontée à une violente vague épidémique.
Des pertes pharaoniques pour les grandes économies de la zone euro
La propagation du virus depuis près d'un an a plongé les économies de la zone euro dans une profonde récession. Si l'activité a rebondi plus que prévu dans la plupart des pays au cours du troisième trimestre 2020, l'arrivée de la seconde vague à l'automne et la mise en oeuvre des mesures de confinement ont à nouveau assombri l'horizon économique pour le premier semestre 2021.
La plupart des économistes ont révisé à la baisse leurs prévisions pour le premier trimestre 2021. A l'échelle de la zone euro, les pertes économiques engendrées par les semaines de confinement sont faramineuses.
Parmi les pays de l'union monétaire, les plus touchés figurent en premier lieu l'Espagne (-3 milliards d'euros par semaine) et la France (-3 milliards). Puis viennent l'Allemagne (-2,8 milliards) et l'Italie (-2 milliards). "Le vaccin est le multiplicateur ultime pour l'investissement et la consommation privée" affirment les économistes.
[Carte interactive] Survolez les pays avec votre souris pour voir les pertes économiques hebdomadaires engendrées par les mesures de confinement.
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