La Société générale limite l’impact des taux faibles grâce à sa diversification

Si le bénéfice net de la banque de détail en France a fléchi de 5,2%, au deuxième trimestre, celui de la banque de détail à l’international et des services financiers spécialisés a en revanche grimpé de 35,8%.
Christine Lejoux
L'indice Stoxx Europe 600 Banks chute de près de 30% depuis le 1er janvier, les investisseurs s'inquiétant de l'impact des taux très faibles sur la rentabilité du secteur. (graphique réalisé par Statista*)

Le secteur bancaire a une nouvelle bête noire : les taux d'intérêt très bas. Au demeurant, cette menace n'est pas si neuve, la politique monétaire ultra-accommodante de la BCE (Banque centrale européenne) - à l'origine de la faiblesse historique des taux - ne datant pas d'aujourd'hui. Mais c'est maintenant que les conséquences négatives de ces taux très bas, voire négatifs, commencent réellement à se matérialiser sur les résultats des banques. D'une part, les taux négatifs agissent comme une taxe sur les liquidités que les banques stockent dans les coffres de la BCE. D'autre part, l'aplatissement de la courbe des taux pèse sur la marge nette d'intérêt que les banques tirent de la transformation de ressources à court terme en prêts à long terme.

Comme ses concurrentes, la Société générale, qui a publié ses résultats trimestriels ce mercredi 3 août, a vu la marge d'intérêt de son activité de banque de détail en France [collecte de l'épargne et octroi de crédits, par opposition à la banque de marchés ; Ndlr] fléchir, d'avril à juin, de 2,7%. Conséquence, le PNB (produit net bancaire, équivalent du chiffre d'affaires) de ce pôle, qui avait déjà reculé de 3% au cours des trois premiers mois de l'année, s'est encore replié de 2% au deuxième trimestre, avec pour corollaire un effritement de 5,2% de son bénéfice net, à 403 millions d'euros.

Une présence dans des pays qui ne souffrent pas de la baisse des taux

Mais l'activité de banque de détail de la Société générale ne se limite pas à l'Hexagone, ni même à la zone euro. « A l'international, notre banque de détail est présente dans des pays qui ne souffrent pas de la baisse des taux, et qui bénéficient de meilleures perspectives de croissance (que la zone euro) », a souligné Frédéric Oudéa, directeur général de la Société générale, lors d'une conférence téléphonique. C'est le cas de l'Europe Centrale et Orientale en général, et de la Roumanie en particulier, où le PIB (produit intérieur brut) devrait croître de 4,2% cette année, selon la Commission européenne et le FMI. Quant à la Russie, son PIB devrait se stabiliser en 2016, puis reprendre le chemin de la croissance (+1%) l'année suivante.

D'ores et déjà, au deuxième trimestre, les encours de crédits de la banque ont grimpé de 4% en Roumanie, de 9,4% en République Tchèque, et de 24% en Russie, sur le seul segment de la clientèle des entreprises, dans ce pays. La progression des revenus à l'étranger, couplée à la baisse du coût du risque (provisions pour risques d'impayés), et la résistance structurelle des métiers d'assurance et de location longue durée de véhicules ont permis au pôle de banque de détail à l'international et de services financiers spécialisés de voir son bénéfice net s'envoler de 35,8%, à 436 millions d'euros.

Un secteur qui chute de 30% en Bourse depuis janvier

Une performance qui contraste avec celle de la banque de détail en France, et plus encore avec la chute de 36,2% du bénéfice net de l'activité de banque de financement et d'investissement, à 448 millions d'euros, certes pénalisée par un effet de base défavorable. Au total, le groupe Société générale a achevé le deuxième trimestre sur un bénéfice net en hausse de 8,1%, à 1,461 milliard d'euros, pour un PNB en progression de 1,7%, à 6,984 milliards. Des évolutions qui doivent beaucoup à la plus-value de 725 millions d'euros réalisée sur la cession des titres Visa Europe à Visa Inc, mais pas seulement :

« Nous avons clairement bénéficié de notre diversification, tant sur le plan géographique que sur celui des activités », s'est félicité Frédéric Oudéa.

Une satisfaction partagée par les investisseurs : le cours de Bourse a gagné 5% au plus fort de la séance, à 29,955 euros, offrant un peu de répit à un titre qui, comme l'ensemble du secteur bancaire européen, dévisse de 30% depuis janvier, en raison des inquiétudes que la faiblesse des taux fait peser sur la rentabilité des banques.

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 La solidité du bilan confirmée

Au chapitre de la solvabilité, la Société générale affichait au 30 juin un ratio de fonds propres « durs » (c'est-à-dire les apports des actionnaires et les bénéfices mis en réserve, rapportés aux crédits consentis) de 11,1%, stable par rapport au 31 mars, en hausse de 22 points de base depuis fin 2015, et en tout cas nettement supérieur aux exigences de la BCE.

Par ailleurs, les tests de résistance auxquels l'Autorité bancaire européenne (EBA) a récemment soumis 51 banques du Vieux Continent « ont confirmé la solidité de notre base de bilan », en montrant que l'impact d'un scénario économique catastrophe sur le ratio de fonds propres durs de la Société générale « serait de 340 points de base, contre une moyenne de 380 points pour le secteur », a souligné le directeur financier du groupe, Philippe Heim. Qui entend porter ce ratio de fonds propres durs entre 11,5% et 12% en 2018.

(*) Graphique réalisé par Statista.

Christine Lejoux

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