Les banques françaises devraient se montrer résilientes au premier trimestre

BNP Paribas ouvre ce mercredi le bal de la publication des résultats des banques françaises au premier trimestre. Ils devraient confirmer la bonne résistance du secteur, malgré la pression sur les marges en France et la crise de confiance qui a secoué les banques en mars dernier suite à la faillite de plusieurs banques américaines et le sauvetage du Credit Suisse. Toutefois, les banques françaises cotées restent faiblement valorisées en Bourse, notamment Société Générale.
BNP Paribas va encaisser une plus-value nette de 2,9 milliards d'euros de la vente de Bank of the West sur ses comptes du premier trimestre.
BNP Paribas va encaisser une plus-value nette de 2,9 milliards d'euros de la vente de Bank of the West sur ses comptes du premier trimestre. (Crédits : BENOIT TESSIER)

C'est dans un contexte bien particulier dans lequel la publication des résultats trimestriels des banques françaises va débuter, à commencer par BNP Paribas ce mercredi matin. La mini-crise bancaire aux Etats-Unis en mars dernier, avec son dernier soubresaut en avril avec la reprise de First Republic par JP Morgan Chase, ou bien le sauvetage en urgence de Credit Suisse a laissé des traces.

Les cours de Bourse n'ont pas retrouvé leurs niveaux d'avant crise et la dette bancaire se paye toujours sensiblement moins chère que la dette d'entreprise de qualité équivalente. Les banques françaises sont donc toujours à la peine pour convaincre les investisseurs et restent peu valorisées en Bourse, autour de 70% de l'actif net pour BNP Paribas et Crédit Agricole SA et, moins bon élève de la classe, autour de 30 % de l'actif net pour Société Générale, une valeur plus vulnérable aux aléas.

Résilience du modèle

Pour autant, les banques françaises devraient, une fois de plus, démontrer leur forte résilience, après les bonnes performances réalisées en 2021 et 2022. Les chiffres du premier trimestre devraient ainsi rester dans la tendance du quatrième trimestre de 2022, avec des marges d'intérêt sous pression dans la banque de détail en France, mais satisfaisantes dans la banque de détail à l'international, des activités de marché mollassonnes, surtout dans les domaines des actions et du conseil, une banque de financement plus résistante et enfin des coûts en hausse, compte tenu de l'inflation et d'un marché du travail tendu. Pas de surprise à attendre au passage sur le coût du risque, qui devrait toujours osciller entre 30 et 40 points de base.

En revanche, la mise en œuvre de la nouvelle norme comptable IFRS 17 sur les contrats d'assurance risque de brouiller la lecture des comptes et les comparaisons. C'est notamment le cas chez Crédit Agricole SA où l'assurance est une activité importante. Lors de la présentation des résultats annuels, le groupe a cependant précisé que la nouvelle norme comptable devrait avoir un impact neutre sur le résultat.

Pas de fuite des dépôts

Bien sûr, tous les regards seront portés sur les dépôts mais aussi sur l'activité crédit. La Banque centrale européenne (BCE) vient d'ailleurs de publier ses statistiques pour le premier trimestre qui montrent une croissance ralentie des crédits et une stabilité des dépôts des ménages et des entreprises. Les banques françaises sont beaucoup moins touchées que les banques américaines par la « fuite des dépôts » qui profite massivement aux fonds monétaires outre-Atlantique.

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Toutefois, les banques françaises doivent faire face à l'augmentation du coût de leur ressource, avec la hausse du taux du Livret A à 3 % à partir du 1er février qui a dopé la collecte nette à des niveaux records, mais aussi avec la disparition de la contribution positive des programmes de refinancement TLTRO de la BCE à des coûts avantageux.

Ce sont des impacts sur le produit net bancaire qui sont loin d'être négligeables et qui peuvent se chiffrer en centaines de millions d'euros. Sur le marché domestique, les banques ne peuvent aisément compenser ces coûts sur le crédit, compte tenu notamment du taux d'usure. Ce n'est pas le cas à l'international où globalement les banques françaises, notamment BNP Paribas et Crédit Agricole SA, vont bénéficier de la hausse des taux sur leurs marges.

BNP Paribas apparaît plus solide

BNP Paribas va ouvrir le bal des publications sur une note positive, avec un résultat net qui pourrait être multiplié par deux grâce à la plus-value nette de près de 3 milliards d'euros dégagée lors de la vente de Bank of the West, une transaction finalisée en février. Les performances de la banque d'investissement seront scrutées, notamment dans les activités obligataires, alors que les publications jusqu'ici des grandes banques européennes sont plutôt mitigées dans ces métiers.

De son côté, Crédit Agricole SA devrait pâtir du ralentissement de l'activité de sa filiale de banque de détail LCL et de l'écrasement des marges. Sa filiale de gestion d'actifs Amundi a déjà publié des résultats trimestriels en hausse, et ce malgré une forte décollecte de 11 milliards d'euros (compensée par la hausse du prix des actifs depuis le début de l'année, notamment les actions européennes).

Enfin, c'est pour la dernière fois que Frédéric Oudéa, directeur général de Société Générale qui doit quitter ses fonctions le 23 mai, présentera les comptes trimestriels de son groupe, sans surprise à attendre, mais peut être avec la déception de ne pas voir l'acquisition de LeasePlan, une opération qui porte son empreinte, intégrée dans les comptes du premier trimestre. Les revenus de la banque de détail en France devraient être en léger repli, tout comme ceux de la banque d'investissement, après, il est vrai, un quatrième trimestre record.

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Commentaires 2
à écrit le 03/05/2023 à 11:45
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Les banques françaises résistent du fait que leurs résultats dépendent en grande partie des commissions prélevées sur les comptes de leurs clients particuliers essentiellement et non des prêts consentis .Par ailleurs les cours de bourses ne sont que...

à écrit le 02/05/2023 à 23:20
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Vous nous faites toujours "rigoler" quand vous utilisez le mot de "résilience" sur une banque ! :-)

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