First Republic  : la reprise par JPMorgan Chase ne dissipe pas toutes les inquiétudes

La reprise annoncée lundi de First Republic par JPMorgan Chase apporte une bouffée d'air au secteur bancaire américain, fortement ébranlé depuis mars par les difficultés rencontrées par certains établissements. Elle n'élimine néanmoins pas complètement les risques liés à une récession ou à la montée des taux d'intérêt. Il s'agit de la deuxième plus grosse faillite bancaire de l'histoire des Etats-Unis après celle de Washington Mutual en 2008.
Au terme d'une opération conduite au cours du week-end par les régulateurs, First Republic a été saisie par les autorités et ses actifs repris par la plus grosse banque du pays JPMorgan.
Au terme d'une opération conduite au cours du week-end par les régulateurs, First Republic a été saisie par les autorités et ses actifs repris par la plus grosse banque du pays JPMorgan. (Crédits : Stephanie Keith)

Le patron de JPMorgan, Jamie Dimon, l'a répété plusieurs fois lundi 1er mai lors d'une conférence avec des journalistes. Le rachat de First Republic, après sa prise de contrôle par les autorités américaines, par sa banque, « va aider à stabiliser le système ». Il s'agit de la deuxième plus grosse faillite bancaire de l'histoire des Etats-Unis après celle de Washington Mutual en 2008.

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First Republic était sous forte pression depuis les défaillances rapprochées de deux établissements au profil similaire début mars, Silicon Valley Bank et Signature, aussi saisies par les régulateurs. Selon l'accord noué lundi, la plus grosse banque du pays va récupérer tous les dépôts de First Republic, ainsi que presque tous ses actifs, tandis que ses agences pourront rouvrir lundi selon les modalités habituelles.

Le rachat par JPMorgan, « une bonne opération »

Dans le détail, l'opération implique que les prêts de First Republic doivent être réévalués à la baisse et l'agence en charge de garantir les dépôts, la FDIC, a accepté d'assumer une partie de ces pertes. Le coût de ce sauvetage est estimé à environ 13 milliards de dollars, une somme qui proviendra des cotisations versées par les banques. L'opération prévoit aussi que JPMorgan verse 10,6 milliards de dollars à la FDIC.

Pour le responsable de la fédération bancaire américaine ABA, Rob Nichols, l'accord montre que le secteur a des ressources et que des procédures sont en place pour protéger les clients. « C'est une bonne opération qui va calmer les inquiétudes des investisseurs sur le secteur bancaire », a aussi jugé pour l'AFP Jack Ablin, investisseur en chef pour Cresset.

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Néanmoins, estime Jamie Dimon, « il est évident que si, à l'avenir, il y a des récessions, des hausses de taux et d'autres choses de ce genre, d'autres fissures pourront apparaître dans le système », pointant notamment du doigt les activités liées à l'immobilier commercial.

Des retraits massifs des clients

La déroute des établissements américains régionaux est liée à une mauvaise gestion des risques de la part de leur direction et à des erreurs dans leur supervision, ont conclu deux rapports publiés vendredi par des régulateurs bancaires. Leur chute a également été entraînée par la rapide hausse des taux d'intérêt engagée l'an dernier par la banque centrale américaine (Fed), qui a mécaniquement abaissé la valeur de leurs actifs à taux fixe.

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De nombreux clients ont pris peur, craignant que leur établissement ne flanche pour des raisons similaires. Résultat, ils ont retiré leur argent pour le placer dans des institutions plus grosses, considérées comme trop importantes pour ne pas être sauvées en cas de troubles. First Republic soulignait ainsi la semaine dernière que ses clients avaient retiré plus de 100 milliards de dollars au total au premier trimestre.

Pas de nouvelles faillites « de sitôt »

Les résultats financiers publiés depuis mi-avril par plusieurs banques régionales ont toutefois montré que la fuite des dépôts s'était stabilisée après un mouvement de panique mi-mars.

« Cela ne veut pas dire que tous les problèmes sont résolus », avance Mike Mayo de Wells Fargo en énumérant, à son tour, les risques liées à une récession, à l'immobilier commercial ou à la nécessité pour les banques d'emprunter à des taux élevés pour se financer.

Mais il ne devrait pas y avoir « de sitôt » de nouvelles faillites parmi les banques incluses dans l'indice boursier de référence S&P 500, estime-t-il. La probabilité de voir un établissement faire face à une panique bancaire semble s'être éloignée, les plus à risques étant déjà tombés, renchérit Philipp Schnabl, professeur de finances à New York University.

Dans la même veine, Clifford Rossi, professeur à l'université du Maryland, estime que le plus gros risque pour le secteur bancaire est la possibilité qu'une récession conduise à des défauts de remboursement de la part des clients des banques et incite ces dernières à prêter moins. Mais ce resserrement du crédit est plus problématique pour l'économie en général, pas forcément pour des banques en particulier, souligne-t-il. Et il ne faut pas oublier que si la banque centrale américaine lutte contre l'inflation en relevant les taux, c'est bien pour « réduire les prêts accordés à l'économie ».

« Ne pas retrouver à nouveau dans cette situation »

La crise bancaire a par ailleurs ravivé les appels à un durcissement des règles. « J'ai demandé aux régulateurs de renforcer la réglementation et la surveillance des grandes banques et des banques régionales », a rappelé lundi Joe Biden. « Nous devons faire en sorte de ne pas nous retrouver à nouveau dans cette situation ». Le responsable de la Fed chargée de la supervision des banques, Michael Barr, a toutefois souligné vendredi dans un rapport que, si des ajustements en termes de liquidités et de niveaux de capitaux étaient souhaitables, ils prendraient probablement « des années » avant d'être mis en place.

A titre indicatif, la chute de First Republic représente la deuxième plus grosse faillite bancaire aux Etats-Unis. Elle est également la plus importante défaillance d'une banque depuis la crise financière de 2007/08.

Morgan Stanley compte supprimer 3.000 emplois supplémentaires

La banque d'affaires américaine prévoit de supprimer 3.000 emplois, après avoir conduit une première vague de licenciements en décembre et vu son bénéfice reculer au premier trimestre, ont rapporté des médias américains lundi. L'entreprise, qui employait à la fin de l'année dernière plus de 82.000 personnes, a pris cette décision en raison des conditions économiques défavorables, a indiqué une source à la chaîne CNN.

Début décembre, Morgan Stanley avait licencié 1.600 de ses salariés, soit environ 2% des effectifs. Le secteur bancaire, ébranlé en mars par les faillites rapprochées de deux banques américaines, Silicon Valley Bank et Signature Bank, traverse une période de fortes turbulences.

 (Avec AFP)

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