Tarifs bancaires : une hausse modérée en 2022 mais une hausse quand même !

Selon l’Observatoire des tarifs bancaires, plusieurs services ont connu des hausses significatives en 2022. C’est notamment le cas des frais de tenue de compte, qui grimpent de plus de 4%, mais aussi de la carte à débit immédiat, qui devient désormais plus chère en moyenne que la carte à débit différé. Les tarifs 2022 confirment en réalité les tendances longues, notamment le coup de pouce tarifaire, voire la gratuité, pour les services numériques au détriment des opérations réalisées par les centres d’appel ou les agences.
Les frais tenue de compte ont poursuivi en 2022 leur hausse, engagée depuis dix ans.
Les frais tenue de compte ont poursuivi en 2022 leur hausse, engagée depuis dix ans. (Crédits : © Jean-Paul Pelissier / Reuters)

Le message des banques auprès de l'opinion et des pouvoirs publiques se veut rassurant : elles participent à la défense du pouvoir d'achat par des tarifs de services bancaires « maîtrisés ». C'est donc presque naturellement qu'elle se sont engagées auprès du ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, en septembre, à ne pas augmenter leurs tarifs en 2023 de plus de 2%. Certains réseaux, comme LCL, La Banque Postale ou bien BNP Paribas, ont même annoncé un gel des prix pour l'année prochaine. C'est dire si la publication de l'Observatoire des tarifs bancaires du Comité consultatif du secteur financier (CCSF), était particulièrement attendue cette année, sur les tarifs pratiqués sur l'année 2022, du moins ceux qui sont indiqués sur les plaquettes tarifaires.

Après une « stabilité » des tarifs en 2021, l'Observatoire note « peu de hausses » en 2022. Traduire, il y a eu plus de hausses en 2022 qu'en 2021. Sur un panel de banques couvrant 99% de part de marché, 8 tarifs sont stables, six sont en hausse et un est encore en baisse, celui de l'abonnement à un service de banque à distance. L'an dernier, treize tarifs étaient stables ou très faiblement en hausse. A quelques exceptions, ce sont des différences à la marge, mais les hausses traduisent néanmoins des tendances lourdes.

Frais de tenue de compte en hausse de 4 %

Et en premier, la volonté des banques de promouvoir les services numériques et le « selfcare » (la possibilité pour le client de gérer lui-même ses services) au détriment des centres d'appels (CRC) et, bien sûr, des agences. Un virement effectué en agence sera ainsi toujours facturé quand un virement initié depuis l'application bancaire sera souvent gratuit.

L'édition 2022 relève cependant quelques hausses notables. Tout d'abord, sur les frais de tenues de compte, qui en moyenne pondérée (des parts de marché) progressent de plus de 4 %. Cette hausse marquée est surtout due, relativise l'Observatoire, par des augmentations importantes intervenues chez certains réseaux, qui ont des parts de marché significatives. C'est le cas notamment de Société Générale et La Banque Postale, et dans une moindre mesure, du Crédit Agricole Ile-de-France qui facture pour la première fois la tenue de compte. En 2021, c'était davantage LCL et La Banque Postale (déjà) qui avaient appuyé sur le champignon de la hausse. A noter que ces frais ne sont pas facturés dans le cadre d'une offre groupée de services (les fameux « package »), qui embarque l'essentiel des clients bancaires de nos jours (de 70 à 80%, selon les réseaux).

Les cartes à débit immédiat sont désormais plus chères

Autre élément notable, pour la première fois, le prix moyen d'une carte à débit immédiat est plus élevé que celui d'une carte à débit différé (les opérations sont débitées en fin de mois). C'est a priori contre intuitif, les cartes à débit différé offrant un service de crédit « gratuit ». C'est pourtant le résultat d'une convergence du prix des deux types de cartes observée depuis plusieurs années. Les banques défendent ainsi « la liberté de choix » des clients. Plus prosaïquement, une commission interchange plus élevée sur les cartes à débit différé (0,3% contre 0,2% sur les cartes à débit immédiat) justifie la promotion du débit différé, autrefois vendu comme un service à valeur ajoutée. Désormais, une majorité de banques a même tendance à mettre en avant le débit différé dans leurs offres packagées.

Autre tendance qui s'affirme, année après année, la baisse régulière du nombre de retrait déplacé par mois (retrait effectué à un distributeur autre que celui de sa banque). Ce service devient de plus en plus payant et le nombre de retrait déplacé gratuit tombe, en moyenne, à moins de trois par mois. Il y a dix ans, ils étaient gratuits de façon illimité.

Une offre packagée à des prix relativement homogènes

Enfin, pour la première, l'Observatoire s'intéresse aux offres packagées, dont les prix sont finalement relativement homogènes selon les réseaux. Tout dépend du contenu que les banques lui donnent. Il existe deux familles d'offres groupées, celle qui propose des gammes d'offres en fonction des services - c'est le cas pour l'essentiel des banques mutualistes - et celle qui propose un prix unique, mais qui peut être personnalisée avec des options additionnelles. C'est généralement le type de carte bancaire qui va guider le choix du client, mais de plus en plus services numériques sont désormais intégrées « gratuitement » dans ces packages, comme le virement instantané - qui est désormais banalisé - ou le pilotage à distance des paramètres de sa carte bancaire, une idée clairement empruntée aux fintechs (et sur laquelle les banques ont fait énormément de progrès en deux ans).

L'intérêt de ces offres packagées est qu'elles peuvent être plus aisément comparées d'un réseau à l'autre, mais de les rapprocher plus facilement des enquêtes sur les tarifs bancaires réalisées par les associations de consommateur (sur la base d'un panier moyen de services).

Sur l'entrée de gamme, les Banques populaires proposent une offre à un prix unique de 82 euros par an, alors que les prix peuvent s'étaler entre 72 et 96 euros aux Caisses d'Epargne. Au crédit Agricole, la première offre oscille entre 96 et 132 euros par an, selon les caisses régionales. Il sera donc intéressant de suivre l'évolution des prix de ces packages dans les prochaines années. Pas à pas, les banques ajustent donc leur prix en fonction de leur politique de distribution, en privilégiant toujours le canal numérique.

Reste que des pans entiers échappent à l'examen de l'Observatoire, notamment, et c'est une première depuis quatre ans, les frais sur les incidents de paiement , qui représentent pourtant une manne pour les banques.

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Commentaire 1
à écrit le 12/10/2022 à 19:40
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Le gouvernement ferait bien d'interdire les frais de tenue de compte au regard de la hausse fulgurante des taux d'emprunt interbancaire profitant exclusivement aux banques grâce aux dépôts de leurs clients. Par ailleurs comment expliquer qu'un l...

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