Les crypto-actifs représentent "un risque" pour la stabilité du système financier, avertit la Banque d'Angleterre

Le contexte de la guerre en Ukraine, second relais de l'inflation après la reprise post-Covid, pousse les banques centrales a durcir le ton vis-à-vis des cryptomonnaies. De plus en plus, à l'image de la Banque centrale britannique, l'heure est à l'alignement de la régulation de ces actifs échangés via la technologie décentralisée de la blockchain, sur les règles qui régissent la finance traditionnelle.
La valeur potentielle des crypto-actifs a été multiplié par dix entre début 2020 et novembre 2021, note la BoE.
La valeur potentielle des crypto-actifs a été multiplié par dix entre début 2020 et novembre 2021", note la BoE. (Crédits : Neil Hall)

L'heure est à la régulation des crypto-actifs en Europe et aux Etats-Unis. Après une longue période d'observation et d'expérimentation, la Banque d'Angleterre (BoE) a estimé jeudi que la régulation des cryptomonnaies doit être accrue pour que la croissance récente du secteur ne se transforme pas en risque systémique.

Le contexte dans lequel ces velléités de contrôle se fait n'est pas anodin. Depuis la reprise post Covid-19, les économies développées font en effet face à la montée des prix, une tendance que vient renforcer la guerre en Ukraine. En février, l'inflation britannique a ainsi accéléré à +6,2%, soit son plus haut niveau depuis 30 ans. Dès lors, beaucoup de particuliers sont tentés de placer leurs économies sur de nouvelles valeurs, tels les crypto-actifs.

La banque d'Angleterre, contrairement à son homologue européenne de la BCE, a d'ailleurs fait partie des premières à relever son taux directeur pour éviter tout risque d'hyper-inflation. Le ton s'est donc durci vis-à-vis des cryptomonnaies.

"Les risques directs à la stabilité du système financier britannique créés par les crypto-actifs et la finance décentralisée (DeFi) sont pour l'instant limités", reconnaît la banque centrale dans son rapport de stabilité financière.

Mais d'ajouter :

"Mais si la croissance (du secteur) des dernières années se maintient et que ces actifs se connectent plus au reste du système financier, ils représenteraient un risque", prévient-elle.

"La valeur potentielle des cryptoactifs a été multiplié par dix entre début 2020 et novembre 2021, pour atteindre 2.900 milliards de dollars à son plus haut", estime l'institution. On recense d'ailleurs plus de 12.000 cryptomonnaies, développées sur la blockchain permettant un fonctionnement décentralisé, selon CoinGecko.

"23% des fonds spéculatifs européens"

La Banque d'Angleterre, qui comme les autres banques centrales travaillent sur un projet de MNBC (monnaie numérique de banque centrale) juge cependant qu'avec un recul à 1.700 milliards de dollars début mars, le secteur représente seulement 0,4% des actifs financiers mondiaux.

"En septembre 2021, 13% des fonds spéculatifs (hedge funds) américains et 23% des fonds spéculatifs européens possédaient des cryptoactifs", même s'il s'agit probablement d'investissements sur des montants peu élevés, précise la BoE en se basant sur des données publiées par le fonds Fidelity.

La BoE précise que ce risque systémique est à séparer des dangers pour les investisseurs particuliers, qui concerne plus le gendarme des marchés britanniques (FCA), mais la banque centrale semble prête à prendre au moins une partie du rôle de régulateur.

La même régulation que pour la finance

"Le comité de politique financière (FPC) estime que là où les technologies crypto ont une fonction similaire à celle d'un acteur de la finance traditionnelle, elles devraient agir dans le cadre des régulations qui existent actuellement, et le périmètre régulatoire devrait être adapté", détaille la BoE.

En France, cette volonté d'aligner les règles de la finance traditionnelle au monde des cryptomonnaies suscite régulièrement la fronde des communautés de crypto-enthousiaste. Dernière en date, au niveau de l'UE, la directive européenne sur les transferts de fonds (Fund Transfer Regulation pour réduire le blanchiment d'argent), votée jeudi dernier, et dont le principe est d'imposer des déclarations d'identité pour tout détenteur de portefeuille de crypto (en ligne ou physique sur une clé), sur le même principe du KYC appliqué à la finance.

Au Royaume-Uni, cet alignement concernerait d'abord les stablecoins, c'est-à-dire une cryptomonnaie adossée à une devise, elle devrait être régulée comme une banque au Royaume-Uni, et rendre des comptes à la BoE.

De son côté, la présidente de la Banque centrale européenne (BCE), Christine Lagarde, a alerté mardi sur la "menace" que représentent les cryptomonnaies obtenues en échange de roubles pour tenter de contourner les sanctions.

Parmi toutes les catégories d'actifs numériques, "les crypto-actifs me préoccupent le plus dans le contexte russe", a-t-elle déclaré.

(Avec AFP)

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Commentaire 1
à écrit le 05/04/2022 à 15:01
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Bah la finance a avalé l'activité mafieuse d'une bouchée, elle devrait pouvoir s'arranger avec les crypto-actifs, on peut lui faire confiance même si que pour ce seul domaine certes, regardez déjà les sénateurs américains vouloir supprimer la blockch...

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