Qui est Adyen, la licorne européenne du paiement qui entre en Bourse ?

La plateforme de paiements néerlandaise, qui a pour clients L'Oréal, Sephora et Netflix, a lancé son processus d'introduction sur Euronext Amsterdam. La Fintech, bénéficiaire, pourrait être valorisée entre 6 et 9 milliards d'euros.
Delphine Cuny
Cette introduction nous donne la liberté de continuer à bâtir l'entreprise, tout en offrant à nos actionnaires un chemin vers la liquidité a expliqué le Pdg et cofondateur d'Adyen.
Cette introduction "nous donne la liberté de continuer à bâtir l'entreprise, tout en offrant à nos actionnaires un chemin vers la liquidité" a expliqué le Pdg et cofondateur d'Adyen. (Crédits : DR)

C'est officiel : Adyen, l'une des success-stories les plus discrètes d'Europe, a l'intention de s'introduire en Bourse sur Euronext Amsterdam. Si la "licorne" suédoise Spotify avait choisi le New York Stock Exchange (Nyse), l'entreprise de la Fintech, ces nouveaux entrants qui réinventent la finance par la technologie, a préféré une place européenne, malgré la présence de plusieurs actionnaires américains, dont les fonds Index Ventures et General Atlantic. Certains veulent sortir : l'introduction se fera par la cession de 15% du capital. Adyen, qui avait levé plus de 260 millions de dollars sur la base d'une valorisation de 2,3 milliards de dollars, pourrait faire son entrée sur le marché valorisée entre 6 et 9 milliards d'euros. Le prix sera arrêté après avoir testé l'intérêt des investisseurs au cours de son "roadshow".

À titre de comparaison, le français Ingenico, spécialiste des terminaux de paiement, vaut en Bourse 4,2 milliards d'euros.

Adyen traite les paiements de nombreux acteurs de l'économie collaborative et des plateformes telles qu'Airbnb et Uber, Spotify et Netflix, et de sites français comme Sézane ou Sarenza, et de grandes marques telles que L'Oréal et Sephora.

"Nous pensons que nous sommes encore aux premières étapes d'un voyage remarquable. Notre objectif reste de développer de nouvelles fonctionnalités et d'aider nos commerçants à se développer. Cette offre [au public, l'introduction, ndlr] nous donne la liberté de continuer à bâtir l'entreprise, tout en offrant à nos actionnaires un chemin vers la liquidité. Adyen restera une entreprise animée par une vision et une stratégie à long terme", fait valoir le cofondateur et Pdg, Pieter van der Does.

La jeune entreprise s'est entourée de banques américaines pour l'opération, Morgan Stanley, JP Morgan, BofA Merrill Lynch et Citigroup, et une banque néerlandaise, ABN Amro.

Lire aussi : Adyen, cette discrète licorne européenne qui défie les banques et Paypal

Rentable et en forte croissance

L'entreprise d'Amsterdam, qui emploie plus de 660 personnes, a dévoilé toute une batterie de chiffres à l'occasion de l'annonce de son projet d'introduction. Fondée en 2006, elle est rentable depuis 2011 et en pleine croissance : son chiffre d'affaires a progressé de 38% l'an dernier à 218,3 millions d'euros et de 67% au premier trimestre (elle attend au moins 40% en 2018). Sa marge brute d'exploitation dépasse 45% et son bénéfice net s'est élevé à 71,3 millions en 2017.

Sur l'ensemble de l'année, Adyen a traité un volume de 108 milliards d'euros de paiements, et de 33,2 milliards d'euros rien qu'au premier trimestre 2018.

Conçue au départ pour l'e-commerce, la plateforme d'Adyen est devenue "omnicanale" : la Fintech a lancé une offre pour les points de vente, avec un terminal de paiement classique fourni par l'américain Verifone. Adyen indique qu'elle va se consacrer davantage à ce domaine des magasins physiques, ainsi qu'au segment des vendeurs de taille moyenne. En début d'année, elle a remporté un nouveau contrat qui entrera en vigueur d'ici 2020 : elle deviendra le principal partenaire de paiement d'eBay, qui va lâcher PayPal, son ancienne filiale.

Lire aussi : PayPal, toujours machine à cash, bondit en Bourse

Adyen a obtenu l'an dernier une licence bancaire qu'elle peut utiliser dans toute l'Europe, et en dispose dans d'autres pays. En gérant la totalité du flux de paiement, en se positionnant comme un "acquéreur" monétique (l'institution financière chargée de la collecte d'argent dans le cadre d'une vente à distance ou via un terminal physique), en interface avec les grands systèmes Mastercard et Visa, la plateforme récupère de nombreuses données, ce qui lui permet d'améliorer le taux de conversion (finaliser un achat), de réduire les taux de rejet des paiements et de fraude.

Le secteur du paiement est en pleine ébullition : il y a dix jours, PayPal a mis 2,2 milliards de dollars sur la table pour s'offrir la Fintech suédoise iZettle, qui s'apprêtait elle aussi à aller en Bourse. Mi-mai, le français Worldline, filiale d'Atos, a accepté de débourser 2,3 milliards d'euros  (par échange d'actions d'actions principalement) pour le suisse Six Payment.

Aux États-Unis, l'introduction de la Fintech GreenSky, dans un tout autre domaine (plateforme de crédit en ligne) a été difficile : l'opération s'est faite en bas de la fourchette de prix, lui permettant tout de même de lever 800 millions de dollars. L'action a rebondi vendredi 25 mai.

Delphine Cuny

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