Taux bas, marchés difficiles : Soc Gen abaisse à son tour ses objectifs

Après son profit warning du 17 janvier, la banque de La Défense a publié ce jeudi 7 février des résultats légèrement meilleurs qu'attendus mais anticipe un manque à gagner de 500 millions du fait de taux d'intérêt durablement bas et de difficultés structurelles dans les activités de marchés.
Delphine Cuny
(Crédits : Charles Platiau)

Les investisseurs avaient été prévenus dès le 17 janvier : Société Générale avait souffert des turbulences sur les Bourses mondiales en fin d'année, ce qui devait se traduire par une baisse d'environ 20% des revenus de ses activités de marchés. Pas de surprises majeures donc dans la publication des résultats annuels présentés ce jeudi 7 février. La chute du produit net bancaire des activités de marchés s'est élevée à 18,7% au quatrième trimestre, du fait de « l'élargissement des spreads de crédit et d'une moindre liquidité sur le marché actions », explique le groupe.

« Contrairement à d'autres annonces, nous n'avons pas de perte. Notre banque de marché est faiblement profitable mais elle est profitable », a fait valoir William Kadouch-Chassaing, le directeur financier, lors de la présentation des résultats à la presse.

La branche de marchés a dégagé un bénéfice net de 13 millions d'euros au quatrième trimestre 2018, pour des revenus de 1,09 milliard d'euros, contre un profit de 203 millions d'euros à la même période l'année précédente. La veille, BNP Paribas a fait état d'une perte de 225 millions d'euros avant impôts dans son activité Global Markets. Natixis (filiale de BPCE) a prévenu en décembre qu'une perte sur les dérivés actions en Asie amputerait ses revenus de 100 millions d'euros et qu'une provision de 160 millions supplémentaires impacterait le résultat. Société Générale a cependant annoncé le remplacement avec effet immédiat du patron des activités de marchés, Frank Drouet, par Jean-François Grégoire.

Par contraste, dans le financement et le conseil, Société Générale a connu en 2018 « une année record », grâce aux financements d'actifs aéronautiques, maritimes, immobiliers, et aux transactionnels (gestion de trésorerie par exemple) : sur le trimestre, l'activité est en hausse de 18,6% et son bénéfice de 6,7%.

Les taux tardent à remonter

Dans la banque de détail en France, l'impact des taux bas a continué de peser sur les marges d'intérêts. L'activité est en baisse de 5,5% au dernier trimestre et de 1,8% sur l'année, en ligne avec la prévision (abaissée en août) d'un recul de 1% à 2% (contre une stabilisation espérée). Ce qui a conduit la banque à revoir les objectifs du plan 2020.

« Nous avons dû ajuster nos hypothèses sur les taux. Nous pensions que la normalisation serait plus rapide sur les taux courts, les plus importants pour la rémunération des dépôts. Ce nouveau scénario de taux aura un impact de 500 millions d'euros sur les revenus du groupe en 2020, dont les deux tiers dans la banque de détail en France » a précisé le directeur financier.

La Soc Gen n'est pas en mesure de communiquer sur l'évolution du produit net bancaire de la banque de détail en France cette année. Le responsable de toute la banque de détail Philippe Aymerich a parlé d'un « redressement des revenus », sans s'engager sur le fait qu'il s'agirait d'une moindre baisse ou d'une progression, soulignant la « tonicité commerciale. »

« Nous subissons de plein fouet les taux négatifs dans la banque de détail » a insisté le directeur financier. « Ce n'est pas seulement un régime de taux bas mais un régime de taux négatifs : nous ne pratiquons pas de taux négatifs sur les dépôts or nous devons replacer par prudence ces dépôts à très court terme », [les dépôts excédentaires des banques se voient appliquer un taux de -0,40% par la BCE, ndlr].

La banque de détail en France aura par ailleurs l'impact de « l'effort citoyen demandé à l'industrie bancaire dans le contexte des Gilets jaunes », à savoir un gel des frais, qui s'élèvera à 70 millions d'euros cette année.

« Très peu de banques en Europe ont la capacité de faire croître leurs revenus avec des taux bas », a souligné le directeur général de la Soc Gen, Frédéric Oudéa.

En conséquence, le groupe bancaire a révisé en baisse les objectifs financiers à horizon 2020 : s'il maintient sa cible d'un ratio de fonds propres (CET1) de 12%, et un taux de distribution de dividende de 50%, il ne vise plus qu'un rendement des fonds propres tangibles (ROTE) compris entre 9% et 10% contre 11,5% initialement.

L'action Société Générale, qui gagnait 5% jeudi dans les premiers échanges, s'est retournée et perd 1,87% en fin de matinée.

Delphine Cuny

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Commentaire 1
à écrit le 07/02/2019 à 13:32
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Et les résultats de leurs filiales offshore svp ? Pour la santé de l'économie mondiale c'est bien ce qu'il y a de primordial. Parce que "ah ben ça existe pas hein ! On en a pas !" à l'ère d'internet ça ne tient pas, merci.

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