Plombés l'an dernier par le coûteux règlement du litige avec le fonds souverain libyen et des activités de marché en berne, les résultats de Société Générale font nettement meilleure figure ce deuxième trimestre et ressortent légèrement supérieurs aux attentes. La troisième banque française par la capitalisation boursière a publié ce jeudi matin un produit net bancaire en progression de 24,1% à 6,45 milliards d'euros (+1% hors éléments exceptionnels dont les 963 millions payés à la Libyan Investment Authority) et un bénéfice net de 1,16 milliard d'euros, en hausse de 9,3%.
Société Générale annonce par ailleurs qu'elle pourrait bientôt solder un ultime litige, qui porte sur des soupçons de violation d'embargo. Elle dit poursuivre "activement" ses discussions avec les autorités américaines (l'OFAC, l'entité du Trésor américain chargée de faire respecter les embargos), "en vue de conclure un accord transactionnel dans le cadre de l'enquête relative à certaines opérations effectuées par la Banque en USD (dollar américain) en lien avec des pays auxquels s'applique le programme de sanctions américain".
"Bien qu'une incertitude demeure à ce stade sur le calendrier et l'impact financier d'un accord potentiel, il est envisageable qu'un tel accord soit conclu dans les prochaines semaines", indique la banque dans un communiqué.
Le groupe a augmenté de 200 millions d'euros sa provision pour litiges, qui s'élève à fin juin à 1,43 milliard d'euros. Au cours du deuxième trimestre, début juin, il avait réglé deux litiges importants, pour mettre un terme aux enquêtes sur l'affaire de soupçons de corruption en Libye et de manipulation du taux interbancaire Libor, pour un montant total de 1,3 milliard de dollars.
"Nous tournons progressivement la page des litiges du passé" a souligné Frédéric Oudéa, le directeur général, lors d'une conférence téléphonique ce jeudi matin.
Le marché n'est cependant pas très enthousiaste : l'action Société Générale a perdu plus de 2% ce jeudi, signant la quatrième plus forte baisse du CAC 40, qui a cédé 0,68%. Elle perd plus de 13% depuis le début de l'année et 23% sur un an.
Révision en baisse dans la banque de détail
La banque de La Défense a surpris favorablement dans les activités de marchés. L'ensemble du pôle "grande clientèle" et solutions aux investisseurs a enregistré des revenus de 2,41 milliards d'euros, en légère hausse de 0,5%, et la division de marchés et services aux investisseurs a stabilisé ses revenus à 1,49 milliard d'euros (-0,4%) et les a augmenté à change constant (+2,1%). En particulier, les activités de taux, crédit, changes et matières premières (fixed income) ont reculé de 1% seulement et ont progressé de 2% hors effet de change.
"Le retour de la volatilité, notamment autour des élections italiennes, a permis aux activités de flux de bénéficier d'une bonne production commerciale sur les taux et les matières premières, qui ont compensé un marché moins porteur sur le crédit", souligne la Société Générale dans un communiqué.
En revanche, dans la banque de détail en France, la Soc Gen continue de souffrir des taux d'intérêt bas : elle a même révisé en baisse son objectif annuel. Le produit net bancaire a baissé de 1,7% à 1,99 milliard d'euros (de 2,1% après neutralisation de l'impact des provisions PEL/CEL), du fait du recul des marges d'intérêt, dû aux renégociations sur les crédits immobiliers. La banque a d'ailleurs fortement réduit sa production de prêt immobilier, de 26,6% ce trimestre à 4,4 milliards d'euros.
Sur l'ensemble de l'année, la Soc Gen table sur "une légère baisse de 1% à 2%", et non plus une stabilisation,"les taux étant un peu plus bas que prévu" a justifié Frédéric Oudéa. La Banque centrale européenne (BCE) a en effet annoncé qu'elle ne remonterait pas ses taux avant l'été 2019.
Le patron de la Soc Gen s'est félicité de la croissance de sa filiale Boursorama, leader de la banque en ligne avec "plus de 1,5 million de clients".
"Boursorama devrait atteindre son objectif de plus de 2 millions de clients non pas fin 2020 mais fin 2019 avec une année d'avance" s'est réjoui le patron du groupe.
La part de marché de Boursorama serait de 30% sur l'ensemble des banques en ligne et mobiles (soit 4,4 millions de comptes), selon une enquête à paraître de l'ACPR-Banque de France. Le directeur financier du groupe, William Kadouch-Chassaing, a insisté sur le fait que "si l'on regarde le résultat net ajusté des dépenses marketing, essentiellement variables, Boursorama est d'ores et déjà profitable".
Recentrage et cessions à l'étranger
Moins pénalisées par les taux bas, les activités de banque de détail et de services financiers à l'international se portent mieux. Le produit net bancaire a progressé de 5,4% à 2,07 milliards d'euros.
Cependant, Société Générale poursuit son objectif de recentrage stratégique : elle a annoncé jeudi avoir conclu "deux accords en vue de la cession à OTP Bank de ses parts majoritaires dans Express Bank en Bulgarie et dans Société Générale Albanie". Ces opérations ont conduit à comptabiliser sur ce trimestre une moins-value de 27 millions d'euros. Elles auront "un effet positif estimé à environ 12 points de base" sur le ratio de solvabilité (CET1) et vont réduire de 3 milliards d'euros les encours mis en réserve en cas de risque. Il devrait y avoir "de nouvelles annonces d'ici à la fin de l'année" sur des cessions d'actifs non stratégiques, selon le directeur général.
Le groupe a également cédé sur le trimestre ses activités de banque privée en Belgique au néerlandais ABN Amro. A contrario, la Soc Gen a annoncé début juillet le rachat des activités de produits dérivés et de solutions de gestion d'actifs de l'allemand Commerzbank (13 milliards d'euros d'actifs).
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