Défense : Nexter proche de mettre la main sur Eurenco

Le groupe d'armement terrestre devrait boucler le rachat d'Eurenco et de sa maison mère, SNPE, d'ici à la fin du premier semestre 2013. Une opération qui se fait avec la bénédiction de l'Etat.
VBCI Copyright Yves Debay 2012

Ce n'est plus qu'une question de semaines pour Nexter. Le groupe d'armements terrestres, qui a présenté jeudi ses résultats 2012, devrait mettre la main sur la filiale de SNPE (99,99 %) spécialisée dans la fabrication des poudres et explosifs pour munitions, obus et petits missiles, Eurenco, qui réalise environ 200 millions de chiffre d'affaires (900 salariés dans quatre pays) durant le premier semestre 2013, selon nos informations. "Nous voulons le faire le plus rapidement possible", explique une source proche du dossier à La Tribune. Une opération qui se fera avec la bénédiction de l'Etat, actionnaire à 100 % de Nexter et de SNPE.

Pour sa part, le PDG de Nexter, Philippe Burtin, est resté plus prudent : "Je comprends qu'une étape a été franchie avec le projet d'une usine nouvelle à Sorgues ce qui va permettre de procéder à cette consolidation". De quoi parle-t-il ? Fin 2012, comme l'avait révélé La Tribune, une assemblée générale d'Eurenco a approuvé une augmentation de capital de 93 millions d'euros, qui va notamment servir à construire une nouvelle usine ultramoderne à Sorgues (Vaucluse), dont le nom de code est le projet Phénix. La participation de SNPE à cette opération s'effectuera en numéraire à hauteur de 70 millions d'euros et par apport en nature d'actifs immobiliers situés à Sorgues (13,1 millions d'euros) et à Bergerac (10,33 millions d'euros). Ce projet était la condition sine qua non du rachat d'Eurenco par Nexter, candidat à la reprise d'Eurenco depuis 2007. 

Nexter contraint de s'offrir la maison mère d'Eurenco, SNPE

Racheter Eurenco permettra à Nexter de sécuriser son approvisionnement en poudres et explosifs en internalisant la fourniture des composants essentiels pour ses munitions. D'autant que le groupe d'armement terrestre craint pour la survie d'Eurenco. "Il est normal que nous soyons intéressés à la pérennité de nos approvisionnements", a précisé le patron de Nexter. La disparition d'Eurenco entraînerait en outre la certification "longue et coûteuse" d'une autre source d'approvisionnement. C'est dans ce cadre que Philippe Burtin a réitéré au deuxième trimestre 2012 son offre de reprise d'Eurenco ainsi que de sa maison mère SNPE dans le but de rationaliser les structures de défaisance existantes dans le terrestre. L'Etat devrait procéder à une fusion de SNPE et de Giat-Industries. Dans une seconde étape, Philippe Burtin aimerait pouvoir rapprocher Eurenco de son rival Nitrochemie, une coentreprise détenue par l'allemand Rheinmetall et le suisse Ruag. Car selon lui, il ne peut pas y avoir deux fournisseurs européens de cette taille sur un marché aussi restreint.

En revanche, les discussions entre Thales et Nexter sont complètement à l'arrêt sur le dossier TDA, filiale à 100 % du groupe d'électronique spécialisée dans les mortiers et les roquettes. En 2011, l'Etat avait retenu le schéma de confier TDA et sa filiale FZ à Nexter , et en contrepartie de faire entrer Thales dans le capital de Nexter. L'instruction du projet industriel et les due diligences ont été commencées sans que les valorisations ne soient échangées. Le processus est suspendu depuis le printemps dans l'attente des orientations des autorités , a expliqué en décembre Philippe Burtin. Lors de la présentation des résultats, le PDG de Nexter a rappelé que les discussions sur ce projet ne sont "ni suspendues, ni blioquées". "Nous attendons que la nouvelle équipe au gouvernement se réapproprie le dossier", a-t-il expliqué. Pour autant, il a concédé que son homologue chez Thales, Jean-Bernard Lévy n'avait pas évoqué ce dossier avec lui. Est-ce que le groupe d'électronique voudra le faire ? A suivre...

De nombreuses pistes à l'exportation 

Pour Nexter, l'export est vital. Pour réussir, il compte sur quatre matériels (canon autotracté Caesar, canon Trajan, véhicule blindé à roue VBCI et véhicule blindé léger à roues hautement protégé Aravis) qui peuvent l'aider à consolider ses premiers succès à l'export depuis deux, trois ans. L'exportation a représenté 75 % de ses commandes en 2012, pour un montant de 832 millions d'euros. C'est "le pourcentage le plus élevé depuis 20 ans", a indiqué Philippe Burtin. Le groupe a remporté un beau succès en Indonésie, qui sera comptabilisé en 2013. Il a annoncé la signature d'une commande de 37 Caesar dans ce pays d'Asie pour un montant de 115 millions d'euros. Il attend maintenant la notification du contrat pour ce canon automoteur de 155 mm, déjà vendu à l'Arabie saoudite et à la Thaïlande.

Le groupe a également des espoirs pour le VBCI au Canada et aux Emirats Arabes Unis. Nexter attend cette année une décision des autorités canadiennes, qui devront choisir entre le VBCI et le Piranha 5 de l'américain General Dynamics, qui est un peu chez lui au Canada, pour une commande de 108 à 138 véhicules. Pour autant, Nexter qui travaille avec Bombardier pourrait créer la surprise. Les Emirats Arabes Unis lui font miroiter une commande de 700 VBCI, dont le coût est évalué à 4 millions d'euros pièce, pour développer sa propre industrie de l'armement. La décision, attendue pour le salon Idex de l'armement à Abou Dhabi en février, est maintenant annoncée pour mai, a indiqué le PDG. Au Danemark, le VBCI se retrouve seul face au Piranha 5, les autres concurrents ayant été écartés, pour un marché d'au moins 250 blindés et Copenhague a exprimé un fort désir pour le Caesar. Mais la décision n'est pas attendue pour le VBCI avant le début 2014, a précisé un cadre du groupe. Enfin, un des plus gros contrats en jeu porte sur 1.400 canons tractés de 155 mm (Trajan) en Inde, "le marché de l'artillerie pour les dix ans à venir". Nexter s'y retrouve en finale face à l'israélien Elbit.

Recul du chiffre d'affaires

Le chiffre d'affaires a reculé de 12 % sur un an à 742 millions d'euros (851 millions d'euros en 2011, 1,07 milliard en 2010), et devrait rester "à peu près stable" cette année, selon Philippe Burtin. Le bénéfice net est également en baisse : il s'est établi à 93 millions d'euros, contre 114 millions en 2011. Mais pour la septième année consécutive, depuis la naissance de Nexter, la marge opérationelle a été supérieure à 10 %, signe de bonne santé du groupe, qui a consacré l'équivalent de 18 % de son chiffre d'affaires à la recherche et au développement.

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Commentaire 1
à écrit le 05/03/2013 à 17:10
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Bonjour, oui il faut voir que cette entreprise ne fonctionne pas correctement, même si il y a quelque commande à l'exportation, nous somme loins de la survie de cette boite... Car a vrais dire nous ne vendons rien où bien peu, quelque canon automoteu...

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