
Athènes et Paris se reparlent depuis plusieurs jours sur un possible rééquipement des forces armées grecques. Il faut dire que la virulence des tensions en Méditerranée orientale ces dernières semaines a fait prendre conscience à la Grèce qu'elle devait se rééquiper pour se faire respecter par la Turquie de Recep Tayyip Erdoğan. Malgré la douche froide entre la France et la Grèce, qui a remis en juillet aux calendes grecques l'achat de deux frégates de défense et d'intervention (FDI), la France a néanmoins joué le jeu en montrant de réels signes de réassurance vis-à-vis de la Grèce.
FDI, relance des discussions
Dans le cadre de cette politique, Paris a déployé temporairement deux avions de combat Rafale et deux bâtiments de la Marine nationale en Méditerranée orientale. Les deux Rafale ont fait "étape" à La Sude, en Crète, avait indiqué le ministère dans un communiqué. Ils y sont attendus dans la matinée et y resteront "quelques jours", a-t-on précisé. Ils avaient été précédemment déployés à Chypre de lundi à mercredi pour un exercice. "Cette présence militaire a pour but de renforcer l'appréciation autonome de la situation et d'affirmer l'attachement de la France à la libre circulation, à la sécurité de la navigation maritime en Méditerranée et au respect du droit international", avait expliqué en août le ministère des Armées.
Résultat, Paris et Athènes ont relancé les discussions d'État à État sur les deux FDI, dont le prix aurait semble-t-il baissé (2 milliards d'euros au lieu de 2,5 milliards selon les options). Mais Naval Group rencontre beaucoup de concurrence pour équiper la marine grecque. Après les américains (frégates LCS), les Britanniques ont à leur tour proposé des frégates anti-sous-marines T-23 d'occasion à Athènes. Enfin, il y a eu accord (MoU) entre Israel Shipyards et le groupe américano-grec ONEX pour construire chez Elefsis une série de six corvettes SA'AR 72. Préalable à toute signature commerciale, la France doit rapidement sceller un partenariat stratégique dans la défense et la sécurité avec la Grèce, et si possible avec une clause d'assistance militaire mutuelle.
Rafale et/ou F-35 ?
La Grèce serait à nouveau intéressée par des Rafale, qui avait déjà été proposé par Dassault Aviation en 2008. Sur les recommandations d'Emmanuel Macron et de la ministre des Armées Florence Parly, le PDG de Dassault Aviation Eric Trappier a fait la semaine dernière un aller-retour à Athènes pour rencontrer le Premier ministre grec Kyriákos Mitsotákis, selon nos informations. Dassault Aviation proposerait à la Grèce 18 Rafale (soit un escadron), dont 10 avions neufs et huit autres prélevés au sein de l'armée de l'air. Dans le même temps, Lockheed Martin négocie avec les Grecs la vente de 20 F-35 pour 3 milliards de dollars. On voit mal les Grecs avec un budget contraint achetaient autant d'appareils. Les Rafale risquent d'être sacrifiés sur l'autel de l'amitié américano-grecque.
Dans la foulée d'Eric Trappier, une délégation du missilier MBDA devrait se rendre en Grèce cette semaine pour très certainement négocier la modernisation de l'armement des Mirage 2000 grecs, dont 25 Mirage 2000-5. Des missiles qui pourraient également équiper le Rafale. Fin 2019, le ministère grec de la Défense avait annoncé avoir signé avec Dassault Aviation, Safran et Thales des contrats d'entretien et de mise à niveau des avions Mirage de l'armée grecque. Ces contrats s'étendent sur sept ans et concernent l'entretien et la mise à niveau du système électronique des avions de type Mirage 2000-5. Selon la presse grecque, les contrats passés s'élèveraient à 260 millions d'euros.
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