En dépit de la société commune Naviris avec Naval Group, Fincantieri se montre l'un des concurrents les plus féroces pour le groupe français dans des pays jusqu'ici plutôt favorables à la France. C'est le cas au Maroc, en Arabie Saoudite et en Grèce mais aussi en Indonésie, qui a déjà commandé à Fincantieri des frégates FREMM. Le groupe italien est très agressif sur les marchés à l'export. Et sans état d'âme. Ainsi, Fincantieri a conclu avec le chantier espagnol Navantia un protocole d'accord (MoU) afin de renforcer leur relation et "d'explorer les avantages communs d'une collaboration élargie dans les domaines naval et maritime", ont annoncé mardi les deux entreprises, qui vont signer cet accord ce mercredi.
L'Italie très présente au Maroc
Au Maroc, qui a acheté en 2008 à la France une frégate FREMM baptisée Mohammed VI mise en service en 2014, Fincantieri tente de convaincre le roi et la marine royale de s'offrir deux frégates FREMM de lutte anti-sous-marine. Les Italiens tentent de forcer le passage et poussent leur avantage, profitant entre autres des relations glaciales entre le Roi Mohammed VI et Emmanuel Macron. Selon des sources concordantes, une délégation italienne était présente début octobre au Maroc pour faire avancer le dossier des deux FREMM. Pour les Italiens, ce n'est pas encore gagné car Rabat souhaite plutôt acheter trois autres patrouilleurs de 80/90 mètres après celui acheté à Navantia pour un prix exorbitant. Selon nos informations, le chantier néerlandais Damen, qui a déjà vendu à la marine royale trois frégates légères de la classe Sigma, ainsi que les chantiers navals français CMN et Kership, se disputent cette compétition, qui traîne en longueur depuis environ quatre ans.
En Arabie Saoudite, l'équipe d'Italie est également extrêmement active. Le ministre du développement économique Giancarlo Giorgetti est attendu début novembre à Ryad où cinq frégates sont actuellement en discussions même si la compétition, qui opposait jusqu'ici Navantia, Fincantieri et un chantier naval sud-coréen (mais pas Naval Group), semble avoir été interrompue par l'Autorité Générale des Industries Militaires (GAMI). Cette dernière possède un droit de veto sur toutes les compétitions dans le domaine de l'armement. A suivre...
Fincantieri en Grèce et en Indonésie
A la suite de la victoire de Naval Group en Grèce (trois frégates FDI vendues), Fincantieri n'a pas désarmé. Bien au contraire. Le groupe italien a récemment développé des contacts avec le groupe Onex, propriétaire gréco-américain du chantier Elefsis, pour explorer le projet de corvettes encore en suspens en Grèce. Le ministre de la Défense grec Nikólaos Panayotópoulos décidera, après la signature des deux contrats avec la France prévue en fin d'année (six Rafale et trois frégates FDI), si la Grèce acquiert une frégate supplémentaire ou trois corvettes.
Enfin, il semblerait que Fincantieri souhaite forcer à nouveau sa chance en Indonésie. Après avoir vendu six frégates FREMM à Djakarta, le groupe italien envisage de vendre à la marine indonésienne des sous-marins côtiers, via le groupe qatari Barzan. Car c'est au Qatar que Fincantieri avait réussi en 2016 un énorme coup commercial en gagnant un contrat portant sur la vente de plusieurs navires de guerre (5 milliards d'euros). Les équipes commerciales de Naval Group n'ont pas fini de croiser dans le monde entier Fincantieri.
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