Dans les bâtiments militaires de surface, Fincantieri fait indéniablement la course en tête actuellement. Porté par des courants favorables, le chantier naval italien fait feu de tout bois à l'international. Après son succès en Indonésie, Fincantieri, à nouveau appuyé par la Caisse des dépôts italienne (Cassa depositi e prestiti détenue à 80% par l'État italien), discute avec le Maroc la vente de deux FREMM de lutte anti-sous-marine. La Marine royale souhaite augmenter ses capacités de défense et d'intervention en mer, que soit en Méditerranée (à partir de sa base navale de Ksar Sghir) que sur sa façade atlantique, où Rabat envisage de construire un nouveau port d'attache pour ses navires à Safi à l'horizon 2025.
Si elle aboutissait, cette opération aurait de quoi surprendre. Car l'Italie équipe aussi l'Algérie, qui n'est pas spécialement l'alliée du Maroc. Outre les hélicoptères de Leonardo, qui a créé une société commune algéro-italienne dédiée à la fabrication d'hélicoptères légers et moyens sur le site industriel d'Aïn Arnat (AW109, AW101 et AW139), Rome équipe la marine algérienne. En 2011, la marine algérienne a acheté pour 420 millions d'euros un porte-hélicoptères (Kalaat Béni Abbès) à Fincantieri, puis a sélectionné, en 2013, Intermarine pour son design de chasseur de mines (trois unités). En 2012, l'Algérie était le premier client de l'industrie d'armement italien.
Une nouvelle claque pour la France ?
Naval Group, qui a vendu une FREMM française (classe Aquitaine) commandée en 2007, semble être complètement tombé des nues début juillet à la suite des premières fuites sur les réseaux sociaux et dans la presse. Au sein du groupe naval, cette annonce a provoqué un branle-bas de combat depuis une quinzaine de jours. Naval Group va envoyer une délégation au Maroc en début de semaine prochaine pour évaluer les dégâts : les italiens poussent-ils une proposition non désirée ou le Maroc a-t-il véritablement lancé des négociations ?
Jusqu'alors la marine marocaine souhaitait deux patrouilleurs océaniques, appelés OPV (Offshore Patrol Vessel) de 90 mètres que se disputent entre autres CMN et Kership. Pour autant, un nouveau succès italien, surtout au Maroc, ferait non seulement désordre en France mais serait aussi perçue comme une véritable claque de Rabat vis-à-vis de Paris, qui, il est vrai, entretiennent actuellement des relations glaciales. Enfin, cela ne ferait pas les affaires de Lorient, très dépendant du marché export. Or, Fincantieri a remis une offre en Grèce à base de FREMM de type constellation, est très présent en Arabie Saoudite (quatre FREMM) et en a déjà vendu deux en Égypte.
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