Eutelsat : nomination imminente d'une directrice générale

L'opérateur de satellites européen aurait curieusement jeté son dévolu sur une personnalité, qui ne connait pas le spatial. Au moment où l’État français considère le spatial comme stratégique.
Michel Cabirol
Eutelsat occupe une place stratégique au sein de la filière spatiale française auprès d'Airbus Space, Thales Alenia Space et ArianeGroup. Sans oublier son rôle important pour l'armée française.
Eutelsat occupe une place stratégique au sein de la filière spatiale française auprès d'Airbus Space, Thales Alenia Space et ArianeGroup. Sans oublier son rôle important pour l'armée française. (Crédits : Eutelsat)

Après deux échecs, le troisième choix sera-t-il le bon pour Eutelsat ? Après le refus de Benoit Ribadeau-Dumas et du deuxième sur la short-list de trois candidats, le conseil d'administration de l'opérateur de satellites européen, dont une réunion extraordinaire est convoquée ce samedi, est sur le point de nommer un successeur à Rodophe Belmer. A priori, ce sera une femme de nationalité étrangère. Surtout, comme le deuxième sur la short-list, elle ne connait rien au spatial. C'est semble-t-il la volonté du conseil d'Eutelsat, aidé par le chasseur de tête américain Russell Reynolds. Ce qui est un choix étrange quand on connait la place stratégique qu'occupe Eutelsat au sein de la filière spatiale française auprès d'Airbus Space, Thales Alenia Space et ArianeGroup. Sans oublier son rôle important pour l'armée française.

"Nous achetons 93 % de nos satellites à l'industrie française, à Airbus ou à Thales Alenia Space. En revanche, nous n'achetons que 55 % de nos lancements à Ariane, dans la mesure où nous raisonnons avec une considération d'accès à l'espace", a récemment expliqué Rodophe Belmer à l'Assemblée nationale.

Initialement le poste de directeur général était fléché pour l'ancien directeur de cabinet d'Édouard Philippe mais Benoit Ribadeau-Dumas a préféré tenter sa chance dans la course à la succession de Stéphane Richard à la tête d'Orange. Eutelsat n'a pas voulu attendre la fin du processus de sélection de l'opérateur français. Le deuxième choix d'Eutelsat s'est quant à lui désisté le week-end dernier. Soit un jour avant l'annonce officielle de sa nomination, en prétextant un conflit d'intérêt. L'ampleur de la tâche l'a peut-être fait reculer, souffle-t-on à La Tribune, car Eutelsat n'est pas dans la meilleure forme de son existence après cinq ans de réduction de coûts. Enfin, les candidatures internes de la directrice financière, Sandrine Téran, et du directeur technique, Pascal Homsy, n'ont pas été retenues.

Vente ou fusion-dilution ?

Présente cette semaine dans la maison, la future directrice générale, si elle accepte sa mission (verdict probablement lundi), va très rapidement avoir des dossiers stratégiques sur son bureau, dont l'un est la vente ou la fusion-dilution d'Eutelsat espérée... par Bpifrance, le bras armé de l'État français, explique-t-on à La Tribune. Pourtant, en 2018, le directeur général de Bpifrance Nicolas Dufourcq estimait à l'instar de l'ancien ministre de l'Economie Arnaud Montebourg qu'il fallait protéger les grandes entreprises. "C'est cette analyse qui nous a conduits (...) à rester au capital d'Eutelsat". Ce n'est plus, semble-t-il, le cas aujourd'hui.

Une vente d'Eutelsat serait à n'en pas douter un vrai séisme pour la filière spatiale française au moment où l'État claironne que l'espace est un atout stratégique pour la France. Un séisme également pour les constructeurs de satellites, TAS et Airbus Space, qui fournissent régulièrement Eutelsat, et, enfin, pour Arianespace, qui lui vend des services de lancement sur Ariane 6, qui cherche des clients. Mais où est l'État français dans ce dossier ?

Michel Cabirol

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Commentaire 1
à écrit le 17/12/2021 à 19:07
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Et vive la parité! Mais, après tout, la valeur n'a pas de sexe (un genre, tot au plus!).

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