Innovation : le fonds lancé par Florence Parly devra faire ses preuves pour convaincre

Florence Parly a signé la lettre d'intention de création d'un nouveau fonds, le Fonds innovation défense (FID). Il pourrait être doté jusqu'à 400 millions d'euros, dont 200 millions financés par le ministère des Armées, via les études amont.
Michel Cabirol
Quand la ministre des Armées a annoncé qu'on augmentait le soutien à l'innovation, elle avait en tête de faire des choses différentes et donc d'imaginer de nouveaux moyens de soutien à l'innovation, explique le directeur de l'Agence innovation de la défense, Emmanuel Chiva.
"Quand la ministre des Armées a annoncé qu'on augmentait le soutien à l'innovation, elle avait en tête de faire des choses différentes et donc d'imaginer de nouveaux moyens de soutien à l'innovation", explique le directeur de l'Agence innovation de la défense, Emmanuel Chiva. (Crédits : CHARLES PLATIAU)

Le fameux fonds annoncé depuis plusieurs mois par le ministère des Armées a été lancé vendredi matin par Florence Parly, qui a signé la lettre d'intention de création du Fonds innovation défense (FID), dont le nom de code était jusqu'ici Definnov. A côté de Definvest, qui prend des participations au capital de start-ups et PME, dont le savoir-faire ou les développements sont stratégiques pour la défense, ce nouveau fonds s'étend sur une durée de six ans.

Un nouveau fonds

Opéré par Bpifrance, il doit prendre des participations dans des entreprises innovantes en phase de croissance, que ce soit des start-ups, des PME ou encore des entreprises de taille intermédiaire (ETI) développant des technologies duales et transverses et intéressant le monde de la défense comme l'énergie, le quantique, les technologies de l'information dont l'intelligence artificielle, l'électronique et les composants, les matériaux, la santé et l'humain.

Selon le ministère, le FID s'inscrit bien dans une stratégie globale de développement de l'innovation et s'articule avec les dispositifs de soutien à l'innovation. Et même au-delà d'ailleurs. Il s'articule dans son organisation avec le volet "French tech souveraineté" du Programme d'investissements d'avenir (PIA). Doté de 150 millions d'euros, ce fonds vise à défendre les start-up françaises fragilisées par la crise de l'appétit de prédateurs étrangers.

Jusqu'à 400 millions d'euros

Le ministère des Armées participera à hauteur de 200 millions d'euros dans le FID. Ce montant sera financé par le programme 144, et plus précisément par les études amont, qui atteindront 1 milliard d'euros en 2022 (700 millions en 2017) pour le soutien à l'innovation. "En 2021, nous approchons du but, en investissant 901 millions d'euros pour les projets d'innovation", a affirmé la ministre des Armées, Florence Parly, lors de l'ouverture du Forum innovation défense (2/4 décembre). "Il y a une partie de cet effort supplémentaire, qui est consacré aux nouvelles formes de soutien à l'innovation. Le financement des entreprises duales innovantes en fait partie", a expliqué le patron de l'Agence de l'innovation défense (AID) Emmanuel Chiva lors de la présentation du Forum innovation défense (2/4 décembre).

"Quand la ministre des Armées a annoncé qu'on augmentait le soutien à l'innovation, elle avait en tête de faire des choses différentes et donc d'imaginer de nouveaux moyens de soutien à l'innovation, a expliqué Emmanuel Chiva. Ce fonds en fait partie. Ce n'est pas parce qu'on fait cet effort supplémentaire dédié à ces nouveaux outils que cela vient empiéter sur les projets technologiques de défense. Cette orientation est concertée" par de nombreuses entités au sein du ministère et "cette vision et ces arbitrages communs nous permet de ne pas sacrifier des projets au titre de nouvelles initiatives que l'on pourrait imaginer".

Le FID pourra atteindre 400 millions d'euros en comptant sur la contribution d'autres investisseurs, qui seront des industriels autres que les grands maîtres d'œuvres comme Airbus, Thales, Dassault Aviation, Safran... "A ce stade, quelques industriels se sont manifestés, pas forcément les plus grands maîtres d'œuvre industriels de défense que l'on connaît habituellement", précise d'ailleurs l'entourage de la ministre, sans plus de précisions. C'est d'ailleurs peut être pour cela que le lancement de ce fonds a pris beaucoup plus de temps que prévu.

"Ce projet montre que le ministère des Armées, et notamment l'Agence innovation de défense (AID), ont reconnu la réalité du besoin, ce dont il faut se réjouir. Il faut malheureusement craindre que cette enveloppe, bienvenue, soit là encore très inférieure aux besoins", constatent Pascal Allizard et Michel Boutant, auteurs d'un rapport d'information sur la base industrielle et technologique de défense ou BITD ("L'industrie de défense dans l'œil du cyclone").

Initialement l'objectif était de créer un fonds d'au moins 500 millions d'euros capable de prendre des participations dans des PME menacées par des rachats de sociétés étrangères non désirées. Sollicités par le ministère, les grands maîtres d'oeuvre avaient très vite décliné la proposition d'abonder ce fonds. Puis en raison de la crise générée par la Covid-19, ils ont dû participer à la constitution du fonds d'urgence en faveur de l'aéronautique ACE Aero Partenaires, géré par ACE Management. Aux côté de l'État (200 millions d'euros) et de Tikehau (230 millions), la maison mère d'ACE Management, les grands maîtres d'œuvre industriels ont également mis la main à la poche à hauteur de 200 millions d'euros).

Michel Cabirol

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Commentaires 2
à écrit le 06/12/2020 à 18:43
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J'adore le titre d'une profondeur journalistique impressionnante ! Qu'est ce qu'il ne faut pas faire pour gagner du clic .............

à écrit le 05/12/2020 à 8:30
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Les LREM avec l'armée ou des poissons avec un vélo.

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