C'est non. L'État français a définitivement fermé la porte de Photonis à Teledyne, qui souhaitait racheter cette PME, en raison de son caractère stratégique. L'État français a considéré qu'il n'avait "pas les garanties suffisantes" pour "assurer la protection des actifs stratégiques" de Photonis "sur la durée" au regard des "engagements et des propositions qui ont été pris" par Teledyne, indique-t-on au cabinet de la ministre des Armées Florence Parly. Le gouvernement a enfin osé dire non à un groupe américain, qui est pourtant un des fournisseurs du ministère des Armées et emploie environ 850 salariés en France. Après une première offre à 510 millions d'euros, Teledyne avait ensuite revu cet automne la valorisation de Photonis à la baisse : une décote de 15%, soit 425 millions d'euros (au lieu de 510 millions d'euros initialement proposés).
Cette "décision évidemment réfléchie" n'a pas été prise "contre les salariés français de Teledyne, ni contre l'entreprise Teledyne mais plutôt en raison de l'activité de Photonis", assure-t-on au cabinet du ministère des Armées.
Le ministères des Armées et de l'Économie vont devoir trouver une solution 100% française. Ce qu'on confirme au cabinet de la ministre, qui s'est beaucoup investie dans ce dossier. "Nous travaillons en lien étroit avec le ministère de l'Économie et des Finances à une solution alternative française au vu des activités" de Photonis, confirme la même source, qui indique que Florence parly "suit le dossier de très près". Et de préciser que le ministère "ne se ferme aucune porte pour permettre à l'actionnaire actuel (le fonds Ardian, ndlr) de sortir". Thales et Safran avaient été sollicités il y a quelques mois par le ministère des Armées pour reprendre Photonis mais avaient décliné de façon ferme. Des fonds français avaient également été sollicités.
L'État français opposé depuis longtemps
Le gouvernement français (ministères de l'Économie et des Armées) surveillait de près ce dossier depuis plus d'un an, via le dispositif de contrôle des investissements étrangers en France (IEF) grâce auquel il peut empêcher le rachat d'une entreprise française par un acteur étranger si elle revêt un intérêt stratégique pour le pays. Les conditions imposées à Teledyne par l'État français incluaient une participation minoritaire de la banque publique Bpifrance dans le capital de Photonis. Cet investissement comprenait également des droits de veto concernant les opérations et la gestion des activités européennes de Photonis en France et aux Pays-Bas.
Au printemps, le ministre de l'Économie Bruno Le Maire avait fait état de son opposition à ce rachat par le groupe américain, souhaitant que Photonis reste entre des mains françaises. Ce qui était également le cas de la ministre des Armées Florence Parly, qui s'est beaucoup investie dans ce dossier pour trouver une solution française. En pure perte jusqu'ici.
"Il y a des discussions entre un investisseur américain et l'actionnaire actuel, avait expliqué le 3 décembre la ministre des Armées Florence Parly dans l'émission "Le Grand Journal de l'Éco" présentée par Hedwige Chevrillon (BFM TV). Ces discussions ne pourront aboutir que si la souveraineté de Photonis est préservée. Pour l'instant, ces discussions ne sont pas terminées. Vous comprendrez qu'en tant que ministre des Armées je souhaite absolument préserver les enjeux de souveraineté que porte l'entreprise Photonis".
Une pépite technologique
La société basée à Mérignac près de Bordeaux (Gironde), compte plus de 1.000 salariés, dont plusieurs centaines à Brive, et travaille pour les secteurs de l'aéronautique, de la recherche ou encore de la défense. Elle produit notamment des éléments d'intensification de lumière utilisés dans les jumelles de vision nocturne et des instruments utilisés par le Laser mégajoule, sur un site du Commissariat à l'énergie atomique destiné à tester par simulation des explosions nucléaires.
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