Robots, énergie solaire, protection : les trois priorités d'innovations de l'armée de Terre

Le chef d'état-major de l'armée de Terre, le général Jean-Pierre Bosser, a fixé trois priorités pour l'armée de Terre en terme d'innovation. Les deux premières sont "directement liées à l'engagement des forces sur le terrain, tandis que la troisième est liée aux soldats".
Michel Cabirol
"Demain, nous pourrions même imaginer que certains de nos véhicules combinent l'énergie classique et une énergie solaire", a estimé le chef d'état-major de l'armée de Terre (CEMAT), le général Jean-Pierre Bosser

Sujet très cher à Florence Parly, l'innovation est actuellement un thème très porteur dans les armées. Le chef d'état-major de l'armée de Terre (CEMAT), le général Jean-Pierre Bosser, n'y déroge d'ailleurs pas : "Une dynamique d'innovation est lancée. (...) Je suis très ambitieux en matière d'innovation". Il a fixé trois priorités pour l'armée de Terre, les deux premières sont "directement liées à l'engagement des forces sur le terrain, tandis que la troisième est liée aux soldats", a-t-il récemment expliqué aux députés de la commission de la défense.

Priorité des priorités, la robotisation. Le général Jean-Pierre Bosser souhaite disposer d'"engins qui allègent les soldats en opération et fassent office de robots dotés d'une forme d'intelligence"L'armée de Terre y travaille déjà très sérieusement dans le cadre du vaste programme terrestre Scorpion. Lors d'une audition à l'Assemblée nationale en mai dernier, le général Charles Beaudouin, sous-chef d'état-major chargé des plans et des programmes de l'état-major de l'armée de Terre, avait fait part de son "ambition de développer d'ici à 2021 de grands robots, de l'ordre d'une tonne, qui puissent être employés en opération" le plus rapidement possible. Selon nos informations, l'armée de Terre va tester d'ici à avril six robots différents dans le cadre de son "Battle Lab Terre" pour porter les paquetages, les munitions, voire un blessé. Objectif, acquérir cinq exemplaires le plus rapidement possible, puis équiper un régiment en 2020 pour utiliser cet équipement sur des théâtres d'opération.

"Aujourd'hui par exemple, des mules robotisées sont capables de transporter du matériel et des munitions, voire d'évacuer des blessés, et peuvent se déplacer de façon autonome sur le terrain. Des solutions existent, méritent d'être finalisées et, pourquoi pas, d'être acquises dans le cadre de la loi de programmation militaire", a précisé le CEMAT.

L'énergie solaire dans le viseur de l'armée de Terre

La deuxième priorité du général Bosser est liée à l'énergie. "Nos systèmes sont fortement consommateurs d'énergie, au quotidien comme dans le fonctionnement des états-majors, a-t-il souligné. Or, nous intervenons souvent dans des pays où nous pouvons tirer un grand avantage de l'énergie solaire". Il souhaite que cette piste de réflexion soit approfondie. Selon le CEMAT, l'innovation énergétique peut contribuer à alléger le poids supporté par les combattants, notamment les batteries des radios, ou encore à gagner en discrétion pour alimenter les postes de commandement. "L'énergie solaire serait emmagasinée le jour et restituée la nuit pour les bivouacs et les états-majors", a-t-il précisé. Enfin, il vise la fabrication de véhicules hybrides : "Demain, nous pourrions même imaginer que certains de nos véhicules combinent l'énergie classique et une énergie solaire".

Enfin, la dernière priorité du CEMAT en matière d'innovation touche à la protection du soldat : pièces de protection balistique, casques, lunettes, possibilités d'allègement, etc... Cette dernière priorité entre dans le cadre d'une LPM, dite "à hauteur d'homme" avec pour objectif d'équiper les unités avec les petits équipements très attendus, notamment pour les soldats déployés en opérations : treillis F3 ignifugé, structures modulaires balistiques, nouvelles lunettes balistiques et nouveaux gants de combat.

Un Battle Lab Terre

L'un des objectifs les plus emblématiques de cet effort d'innovation en 2019 sera la création du "Battle Lab Terre", une structure dédiée à l'innovation technico-opérationnelle du temps court, qui sera au cœur d'un pôle innovation de l'armée de terre. Ce "Battle Lab Terre" réunira sur un même lieu (plateau de Satory), des structures de l'armée de terre, comme la section technique de l'armée de terre (STAT) ou la structure intégrée du maintien en condition opérationnelle des matériels terrestres (SIMMT), des acteurs industriels comme Nexter et Arquus - dont les bureaux de recherche sont présents sur le plateau de Satory - ou les membres du pôle scientifique et technologique dédié à l'innovation de Paris-Saclay : pépinières d'entreprises, grandes écoles - comme l'École polytechnique - ou laboratoires de recherche.

En outre, l'armée de Terre compte s'appuyer sur des innovations de terrain imaginées par des soldats. Pour le général Jean-Pierre Bosser, "il s'agira de structurer notre dispositif, d'organiser et de fédérer la multitude des soldats innovateurs des unités et des autres acteurs, depuis les grandes entreprises jusqu'aux start-up". Il a confié cette tâche au colonel Patrick sortant du Centre des hautes études militaires et de l'Institut des hautes études de défense nationale. Il devra mettre en place des référents Innovation dans les différents échelons de commandement et les unités, et animera un réseau "Innovation de l'armée de Terre". Il connectera ce réseau à l'environnement ministériel, en particulier à l'Agence de l'innovation de défense (AID), présidée par Emmanuel Chiva.

Michel Cabirol

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