Safran prêt à mettre les grands moyens pour renforcer ses activités de souveraineté

Avec l'arrivée d'Olivier Andriès aux manettes de Safran, le groupe aéronautique s'est découvert de nouvelles ambitions dans les activités dites de souveraineté (défense et espace). Le groupe s'intéresse à plusieurs dossiers dont Aubert & Duval, CILAS, IxBlue, Orolia.
Michel Cabirol
Le nouveau directeur général de Safran Olivier Andriès souhaite renforcer Safran dans les domaines de la défense et de l'espace

Orolia, iXblue, CILAS, Aubert & Duval... En matière d'acquisitions, Safran a retrouvé un très bel appétit dans le domaine de la souveraineté. A son arrivée le 1er janvier 2021, le nouveau directeur général de Safran Olivier Andriès a souhaité renforcer Safran dans les domaines de la défense et de l'espace. Il est prêt à y mettre les moyens qu'il faudra pour grossir et devenir un acteur de poids. "Nous regardons tous les dossiers", souligne-t-on dans le groupe sans préciser lesquels. L'acquisition auprès d'Eramet de l'entreprise stratégique dans l'élaboration des métaux de spécialité Aubert & Duval, en partenariat avec Airbus et Ace Capital Partners, semble désormais balistique (d'ici à la fin de l'année) tandis que celle de CILAS, un dossier sur lequel l'équipementier aéronautique est associé à MBDA, semble en bonne voie face à Lumibird.

Orolia, une société qui aiguise les appétits

Selon nos informations, la cession de la société Orolia par la société d'investissement Eurazeo PME (groupe Eurazeo), va prochainement s'accélérer. Le fabricant d'horloges atomiques pour les constellations de positionnement par satellites comme Galileo intéresse très fortement à tel point que le vendeur aurait reçu plus d'une douzaine d'offres non engageantes. Parmi les acheteurs intéressés, des industriels comme Safran et Thales ainsi que des fonds français (Astorg, Wendel) et américains, dont Arlington Capital Partners, selon des sources concordantes. Safran serait parmi les favoris au même titre qu'un fonds français et un fonds américain. Orolia irait certainement rejoindre la nouvelle direction Espace nouvellement créée et pilotée par le patron de Safran Data Systems, Jean-Marie Bétermier,

Devenue l'un des leaders mondiaux des solutions de positionnement, de navigation et de synchronisation (PNT) résilientes dans le domaine de la défense, de l'aérospatial, de la finance et des infrastructures critiques, Orolia devrait in fine rapporter gros à Eurazeo, cinq ans après l'avoir racheté à Euromezzanine, Isatis Capital et Airtek Capital. La valeur d'entreprise d'Orolia est évaluée entre 300 et 400 millions d'euros. Le propriétaire devra toutefois naviguer avec les conditions de vente exigées par la DGA (direction générale de l'armement) et la DGE (direction générale des entreprises) à Bercy mais également par les autorités américaines. Car Orolia est l'un des fournisseurs importants du DoD américain (Navy, Air Force, Army, défense antimissile). Les offres définitives sont attendues début décembre.

IXblue, Safran et... Lumibird

Et si la clé d'iXblue pour Safran était... Lumibird. Ce qui serait bien une ironie du sort absolument incroyable tant le dossier CILAS a pris une très mauvaise tournure entre les deux compétiteurs. Mais le dossier iXblue n'est pas vraiment non plus le plus facile pour l'équipementier aéronautique. Les deux sociétés, iXblue et Safran Electronics & Defense (SED) ont été longtemps en procès et le patron d'iXblue Hervé Arditty garde, pour ne pas dire plus, une rancune tenace vis-à-vis de Safran, son client. Safran part donc avec un handicap certain pour racheter une société, qui réalise 140 millions d'euros de chiffre d'affaires environ, dont 80 % à l'international (drones maritimes autonomes, sismographes, centrales inertielles...) Surtout, cette société fabrique en source unique des briques technologiques essentielles pour les centrales inertielles de... Safran.

Pourquoi Lumibird pourrait être la clé pour Safran ? Son patron Marc Le Flohic serait intéressé par une toute petite partie des activités d'iXblue, les composants laser situés à une encablure de Lumibird à Lannion. La partie est loin d'être gagnée. Mais la marge de manœuvre d'Hervé Arditty n'est pas non plus énorme. D'une part parce que la DGA ne veut pas entendre parler d'un acquéreur étranger et ce d'autant plus qu'elle a organisé le rachat par iXblue de deux pépites françaises, Kylia (instrumentation optique) et Muquans (gravimétrie quantique). Et d'autre part parce que HLD, qui a racheté Photonis en 2021, pourrait ne pas se lancer dans une nouvelle acquisition dans la défense, un secteur qui pèserait alors trop dans son portefeuille de sociétés. Résultat, Lumibird pourrait s'avérer être le bon intermédiaire entre les deux ennemis... A moins que Ace Capital Partners, qui hésite, ne se lance avec un ou des partenaires.

Michel Cabirol

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Commentaires 4
à écrit le 27/10/2021 à 17:05
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Bonjour Monsieur, je ne suis pas sur de comprendre pourquoi le fait que Lumibird soit intéressé par une petite partie d'IXblue aiderait Safran à racheter IXblue?

à écrit le 27/10/2021 à 15:49
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souveraineté peut désigner la part de marché garantie par le mécanisme de la BITD

à écrit le 27/10/2021 à 10:36
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Bref! Le mot "souveraineté" n'a plus de crédibilité dans notre pays même le peuple n'y est plus souverain!

le 27/10/2021 à 19:13
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Si vous pouvez écrire ce genre de commentaire sans être emprisonné dans les 24/48h, c'est que vous vivez dans un pays ou le peuple est encore largement souverain...

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