Les grands distributeurs sont sévèrement jugés par le Réseau Action Climat (RAC) qui a étudié pendant un an les actions en faveur d'une alimentation durable et de la lutte contre le réchauffement climatique effectuées par les principales chaînes de supermarchés français (par ordre de parts de marché : E.Leclerc, Carrefour, Intermarché, Système U, Auchan, Lidl, Casino, Monoprix). « Si certaines enseignes font mieux que d'autres » - Carrefour est la mieux notée tandis que E.Leclerc se retrouve en queue de peloton -, « aucune n'a une note supérieure à 10/20 », précise le rapport.
Les distributeurs sont plus un frein qu'un moteur de la transition
« Les enseignes sont aujourd'hui davantage un frein qu'un moteur à la transition alimentaire et à la lutte contre le changement climatique », regrette le RAC dans son rapport. « Via leurs politiques en termes de publicité et de marketing, en mettant en avant certains produits plutôt que d'autres, les enseignes ont un pouvoir important », précise auprès de l'AFP Benoît Granier, responsable alimentation du réseau d'associations.
« On a l'idée que le consommateur est souverain et libre de ses choix, mais, outre les contraintes économiques de son pouvoir d'achat, il est aussi contraint par la nature de l'offre qui lui est proposée et par les stratégies de la distribution. »
Trop de viande et de produits laitiers dans les rayons
Le RAC écrit ainsi que la réduction des émissions liées à notre alimentation implique de « diminuer les émissions de l'agriculture », ce qui, selon lui, ne peut être atteint « sans une réduction importante de la consommation des produits d'origine animale », lesquels pèsent pour 72% des émissions de gaz à effet de serre provenant de l'alimentation des Français.
Or, les supermarchés « incitent à la surconsommation de viande et de produits laitiers, provenant en immense majorité de modes de productions intensifs », a estimé le RAC, arguant notamment que plus de 9 plats préparés sur 10 vendus en grandes surfaces contiennent de la viande ou du poisson.
Le RAC demande notamment aux enseignes de cesser de promouvoir les produits d'origine animale ou à base de viande, comme les nuggets, burgers et autres pizzas, « sauf pour les produits biologiques et Label Rouge », et de promouvoir une alimentation plus végétale, « en particulier les légumes secs et autres produits à base de protéines végétales de bonne qualité nutritionnelle ».
Il les exhorte aussi à « arrêter de déprécier la valeur de l'alimentation et de véhiculer l'idée que l'alimentation est un poste de dépenses à compresser au maximum pour consommer davantage d'autres types de produits ».
« La grande distribution assène le message que le juste prix est le prix le plus bas, mais cela entraîne une dépréciation de la valeur de l'alimentation », observe encore Benoît Granier.
Augmenter les minimas sociaux, baisser la TVA sur les produits bio
Le RAC demande aussi aux pouvoirs publics d'encourager davantage la transition vers une alimentation durable, notamment en rendant « plus accessibles financièrement les produits issus de modèles agricoles durables, dont l'agriculture biologique ».
Cela passe, estime-t-il, par l'augmentation des minimas sociaux pour renforcer les capacités financières des ménages, ou par une réduction de la TVA sur les fruits et légumes et les produits « biologiques et équitables ».
En se rapprochant de Casino, Teract (Jardiland) veut devenir « un leader de la consommation durable » Souhaitant devenir un « leader de la consommation durable », Teract a approché Casino (Monoprix, Franprix) qui a engagé des « discussions exploratoires » en vue d'un rapprochement des activités de distribution. Teract ? C'est la société créée à partir du SPAC de Xavier Niel, Matthieu Pigasse et Moez-Alexandre Zouari (tous trois membres du CA de Teract) et qui résulte de la fusion de 2MX Organic avec la branche distribution de la coopérative InVivo. Pour rappel, Moez-Alexandre Zouari (et son épouse Soraya) possèdent 44% de Picard Surgelés et quelques centaines de magasins sous franchise de groupe Casino. Teract entend développer une offre de produits frais (fruits et légumes, boucherie, fromagerie, épicerie), sous l'enseigne « Grand marché frais d'ici », sur une partie des mètres carrés commerciaux aujourd'hui occupés par l'activité jardinerie. Les 188 coopératives agricoles sociétaires d'InVivo, actionnaires de Teract, participeraient à l'approvisionnement de ces points de vente. Casino a précisé qu'une nouvelle entité « contrôlée par les actionnaires de Teract et chargée notamment de l'approvisionnement en produits agricoles, locaux et circuit court » pourrait être mise en place.
(avec AFP)
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