Prix alimentaire : la baisse se confirme en janvier, en particulier pour le blé et les huiles végétales

Pour le dixième mois consécutif, les prix mondiaux des produits alimentaires ont reflué selon l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture. Une baisse que l'on doit en grande partie à celle des prix du blé et des huiles végétales. Alors que la production ukrainienne pourrait connaître une chute en 2023, l'agence onusienne a confirmé un « resserrement » de l'offre de céréales avec « une probable expansion des superficies cultivées en blé d'hiver dans l'hémisphère nord ».
Le prix du blé a diminué de 2,5% du fait des abondantes productions attendues d'Australie et de Russie.

Faut-il y voir la confirmation d'un réel essoufflement ? Selon l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), les prix mondiaux des produits alimentaires ont légèrement reflué en janvier, pour le dixième mois consécutif. Ainsi, l'indice FAO des prix des denrées alimentaires, qui suit la variation des cours internationaux d'un panier de produits de base, pour janvier a légèrement diminué par rapport à son niveau du mois de décembre (-0,8%) et se situe très loin du pic atteint en mars 2022 (-17,9%) quand les premiers effets de la guerre en Ukraine ont été mesurés.

Cela s'explique surtout par la baisse du prix du blé qui a diminué de 2,5% sur un mois du fait des abondantes productions attendues d'Australie et de Russie en 2022, qui ont « dépassé les prévisions », note la FAO. En revanche, le prix global des céréales est resté pratiquement inchangé.

De même, le prix des huiles végétales était en repli de 2,9% en janvier. « Les prix mondiaux des huiles de palme et de soja ont chuté en raison de la faiblesse de la demande mondiale d'importations, tandis que ceux des huiles de tournesol et de colza ont baissé en raison de l'abondance des disponibilités à l'export », détaille l'organisation. Enfin, les prix du sucre ont également baissé sur un mois (-1,1%), tout comme celui des produits laitiers (-1,4%), avec « une tendance à la baisse des prix du beurre et des poudres de lait en raison d'une demande plus faible des principaux importateurs et d'une augmentation des disponibilités en Nouvelle-Zélande ». Le prix de la viande est, quant à lui, resté stable.

Lire aussiCette loi qui risque de faire flamber les prix alimentaires dans les supermarchés

Hausse des prix du riz et du maïs

En revanche, les prix internationaux du riz « ont bondi de 6,2% par rapport à décembre (2022, ndlr), sous l'effet de disponibilités plus restreintes, d'une forte demande locale dans certains pays exportateurs asiatiques et des mouvements des taux de change ». Le maïs connaît, lui aussi, hausse une hausse de ses prix, mais dans une moindre mesure, et ce, « en raison de la forte demande d'exportations du Brésil et des inquiétudes liées à la sécheresse en Argentine. »

Concernant la production céréalière mondiale, elle est « désormais prévue à 2.765 millions de tonnes (en 2022, ndlr), soit 1,7% de moins » que l'année précédente - mais en légère hausse par rapport à la prévision de décembre, du fait des abondantes récoltes de blé attendues. Les prévisions de la production mondiale de riz ont été révisées à la baisse, à -2,6% par rapport à son niveau record de 2021, car « la production plus faible que prévu en Chine a plus que compensé les révisions à la hausse pour le Bangladesh et d'autres pays. »

Lire aussiCéréales : pourquoi les prix flambent de nouveau

Baisse de la production ukrainienne en 2023

Par ailleurs, la FAO confirmé un « resserrement » de l'offre de céréales en 2022-23. Pour 2023, les premières indications laissent entrevoir « une probable expansion des superficies cultivées en blé d'hiver dans l'hémisphère nord », à cause principalement de la hausse des prix du blé. Toutefois, la faiblesse des prix intérieurs pourrait au contraire entraîner « une légère réduction des semis de blé » en Russie, premier exportateur mondial, tandis que l'Ukraine pourrait réduire de 40% les superficies plantées en blé d'hiver du fait du conflit.

C'est en effet ce sur quoi a alerté, il y a quelques jours à Paris, Nikolay Gorbachov, président de l'Ukrainian Grain association (UGA). Jadis, quatrième exportateur de maïs et en passe de devenir le troisième exportateur de blé avant l'attaque de la Russie, l'Ukraine n'a plus les moyens de récolter autant de céréales. « Nous sommes en guerre. Nous continuons à produire des céréales, mais les récoltes vont baisser. Pour les agriculteurs, ce n'est plus rentable de produire des céréales », avait-il averti. Après les 106 millions de tonnes récoltées en 2021, un record historique, et une récolte estimée à environ 65 millions de tonnes pour 2022, il a évalué à « 53 millions de tonnes » la production en 2023. En compensation, « des semis records sont prévus en Inde, stimulés par les prix élevés du marché et les prix de soutien, et des semis relativement élevés sont prévus au Pakistan, les eaux stagnantes des inondations de 2022 causant moins d'entraves que prévu initialement », souligne encore la FAO.

L'accord sur l'exportation de céréales entre l'Ukraine et la Russie maintenu

Au-delà de la production, c'est bien la situation géopolitique qui pourrait faire partir les prix de nouveau à la hausse. En effet, si l'ouverture d'un corridor maritime pour les exportations ukrainiennes, après un accord signé fin juillet par Kiev et Moscou sous l'égide de l'ONU et de la Turquie, a permis de sortir près de 20 millions de tonnes de produits agricoles, cela n'est pas suffisant pour Nikolay Gorbatchov. Le président de l'UGA a déploré la lenteur des inspections des navires dans le Bosphore, accusant les inspecteurs russes « de fouiller jusqu'à l'eau des ballasts » et s'est dit inquiet quant aux exportations de la prochaine campagne : « Pour la sécurité alimentaire nationale ukrainienne, ça ira. Mais si l'Ukraine ne peut pas exporter ces 40 ou 50 millions ? Les prix vont augmenter. L'Europe peut se le permettre, mais pas les pays en développement ».

En novembre dernier, l'Ukraine et la Turquie ont annoncé le prolongement de l'accord pour quatre mois alors qu'il devait initialement se terminer le 18 novembre au soir. En outre, la Russie a finalement accepté de se maintenir dans l'accord. Suite à l'explosion partielle du pont reliant la Crimée à la Russie sur le détroit de Kertch fin octobre, que les Russes avaient imputé à des Ukrainiens, Moscou avait, en effet, suspendu pendant cinq jours sa participation à l'accord céréalier. Avant de le reprendre le 2 novembre, tout en entretenant le doute sur la prolongation de l'accord au-delà du 19 novembre.

(Avec AFP)

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.