GM, Ford, Chrysler, veulent sauver les oeuvres d'art de Detroit, en faillite

Les trois constructeurs automobiles américains se sont engagés à donner 26 millions de dollars (20 millions d'euros) pour aider à sauver la collection d'oeuvres d'arts de la ville de Détroit, en banqueroute.
Le siège de GM, à Detroit, ville en faillite

GM, Ford et Chrysler (filiale de Fiat Chrysler) mués en protecteurs des arts! Les trois constructeurs automobiles américains se sont en effet engagés à donner 26 millions de dollars (20 millions d'euros) pour aider à sauver la très riche collection d'oeuvres d'arts de la ville de Détroit. GM - pourtant empêtré dans des coûteux rappels de millions de véhicules - et Ford vont donner chacun 10 millions à la fondation mise en place par l'Institut des Arts de Détroit (DIA) pour lever 100 millions de dollars nécessaires au sauvetage de ces oeuvres d'arts, selon un communiqué du musée. Chrysler va apporter 6 millions.

Ville en faillite

Berceau de l'automobile américaine, la ville de Detroit est en faillite. Et le gestionnaire de crise de la ville du Michigan en banqueroute, Kevyn Orr, n'a pas exclu de vendre la célèbre collection du musée municipal. Mais le DIA, l'un des plus grands musées d'art américains, s'y refuse. Il possède plus de 60.000 oeuvres, parmi lesquelles des Rembrandt, Van Eyck, Picasso, Van Gogh... La collection est estimée par  la presse américaine à plus de 15 milliards de dollars (11,5 milliards d'euros).

La capitale déchue de l'automobile américaine, "Motor City", avait présenté fin février un plan pour sortir de la faillite.  Cette ville lépreuse, sordide, minée par la criminalité, croule sous 18 milliards de dollars de dettes et passifs (13 milliards d'euros), dont plus de 50% est constituée par les retraites et l'assurance-maladie. La ville avait demandé, le 18 juillet dernier, à pouvoir se placer sous le régime des faillites. Début décembre 2013, un juge fédéral américain avait autorisé le berceau de GM, Ford et Chrysler à bénéficier du régime de sauvegarde, en faisant valoir que la ville était insolvable.

Le plan prévoit des investissements à hauteur de 1,5 milliard de dollars sur dix ans (1,15 million d'euros) pour améliorer les services pour ses 700.000 habitants... contre 1,8 million après la Seconde guerre mondiale. Un tiers de cette somme devrait être utilisé pour s'attaquer au problème des 80.000 bâtiments abandonnés. La presse américaine évalue à 8.000 dollars (5.900 euros) le coût de la démolition d'un immeuble résidentiel. Les retraités - dont les pensions étaient directement menacées par la faillite - seront les mieux traités: policiers et pompiers retraités toucheront plus de 90% de leur dû, les autres 70%.

Les créanciers lésés

En revanche, ce plan mécontente les créanciers. Une grande partie des créanciers de la ville ne recevraient  en effet que 20% de ce que la ville leur doit, sous forme de nouveaux bons municipaux. D'ailleurs, ce plana immédiatement rencontré... l'opposition de certains créanciers de la municipalité! La procédure risque de durer plusieurs mois. Le cas de Detroit sera examiné à la loupe car il risque de faire jurisprudence pour d'autres municipalités en déshérence.

Cette ville fantôme voisine de Windsor au Canada, que sépare la Detroit River, n'est pas seulement la ville des records d'homicides, mais aussi celle de la corruption. Ancien maire de Detroit, Kwame Kilpatrick a été condamné en octobre dernier à 28 ans de prison. Depuis 1929, la presse locale rappelle que trois autres maires sont passées par la prison ou ont dû être déchus de leur fonction.

Terrains vagues, friches industrielles

A quelques centaines de mètres du siège de General Motors dans le gratte-ciel à quatre tours du "Renaissance Center", ce ne sont que terrains vagues, énormes parkings blafards quasi-déserts, immeubles délabrés, murés, usines désaffectées. Et pas un piéton dans les rues, sauf quelques miséreux SDF! L'avenue Woodward, célèbre jadis pour sa splendeur, n'est désormais "civilisée" que sur 500 mètres. Au-delà, on se fait peur.

Quant à  "Greektown", le quartier des restaurants qui s'étend sur 100 mètres à peine, ce n'est pas non plus la panacée. Ca sent la mauvaise nourriture dans ces tavernes bas de gamme censées rappeler la Grèce dont provenaient nombre d'immigrés. Bref, rien de très affriolant.

Tout ça sent la détresse, la dégénérescence. Detroit a périclité, suite aux restructurations à répétition qui ont accompagné la décadence de l'industrie auto américaine dans les années 70 et 80, sous les coups de butoir des constructeurs japonais. GM et Chrysler ont dû être même placés in fine sous  la sauvegarde de la loi américaine sur les faillites (en 2009). Ils n'ont survécu, surtout GM, que grâce aux milliards d'aide fédérale.

Aujourd'hui, pourtant, le marché automobile américain est revenu à de très bons niveaux, tutoyant les records d'avant la crise de la fin des années 2000! Avec, à la clé, de solides profits pour GM, Ford et Chrysler. Mais, visiblement, cette santé recouvrée, ne profite pas à Detroit. Une bonne partie des usines a migré vers d'autres cieux. Les dirigeants et les gens aisés habitent pour leur part dans les très belles banlieues qui bordent la ville comme Birmingham. Que "Downtown" sombre ne dérange finalement pas grand monde!

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Commentaires 3
à écrit le 01/07/2014 à 9:45
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Chez Partners nous saluons cette initiative des constructeurs automobiles pour qui l'art semble être une priorité et mérite d'être sauvegardé!

à écrit le 10/06/2014 à 13:09
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La ville est insolvable... avec un musée qui a un patrimoine de 15 M$ !

à écrit le 10/06/2014 à 12:58
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Déductible des impôts et, EN PLUS, ça fait fil en trope. Bingo ! Y'a bon de provoquer la misère, ça permet d'en vivre.

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