Hydrogène vert : le Centre-Val de Loire veut revenir dans la course

Parti avec retard, notamment par rapport à la Normandie ou l’Occitanie, le Centre Val de Loire met aujourd'hui les bouchées doubles pour bâtir une véritable filière autour de l’hydrogène décarboné sur son territoire. Avec déjà de premiers résultats tangibles dès 2025. Explications.
Les véhicules utilitaires Stellantis, équipés du moteur H2 Ice Made in Loir et Cher, ont fait le déplacement jusqu'à la Commission européenne à Bruxelles en 2022.
Les véhicules utilitaires Stellantis, équipés du moteur H2 Ice Made in Loir et Cher, ont fait le déplacement jusqu'à la Commission européenne à Bruxelles en 2022. (Crédits : Reuters)

Pour la première fois, la région Centre-Val de Loire a réservé un stand au prochain salon Hyvolution, le rendez-vous international des acteurs de l'hydrogène, qui se tiendra du 30 janvier au 1er février à la porte de Versailles à Paris. La collectivité embarquera sur son espace le producteur d'hydrogène vert Eneralys.

Basée à Paris, cette société projette d'installer à l'horizon 2027-2028 une unité sur le Technoparc de Salbris en Loir-et-Cher. En retrait vis-à-vis de cette énergie propre et renouvelable, mais coûteuse à produire, le Centre-Val de Loire compte rattraper son retard à marche forcée. A la clé, une part de 10 à 15% d'hydrogène vert dans le futur mix énergétique de la région, qui s'est engagée à une réduction de moitié des émissions de gaz à effet de serre sur son territoire en 2030. L'objectif pour Anne Besnier, vice-présidente de la région déléguée à la recherche et l'innovation, est donc d'attirer rapidement de nouveaux acteurs de l'hydrogène vert en Centre-Val de Loire pour constituer une véritable filière économique. « La stratégie de la collectivité vis-à-vis de l'hydrogène propre s'articule autour de deux axes, précise l'élue régionale. Il s'agit d'une part d'adresser les flottes privées et publiques de transports, bennes à ordures, poids-lourds, autocars et véhicules utilitaires, et d'autre part les entreprises grosses consommatrices de gaz, comme les verriers et des imprimeurs ».

Des groupes leaders comme Pyrex-Duralex à Châteauroux dans l'Indre et à la Chapelle Saint Mesmin dans le Loiret, ainsi que Maury à Malesherbes dans le Loiret, figurent ainsi parmi les futurs consommateurs visés.

15 projets d'implantation dans les tuyaux

Si, à ce jour, une seule station de distribution d'hydrogène décarboné, le dispositif HyTouraine à Sorigny en Indre-et-Loire, est opérationnelle, les projets de nouvelles unités de production se multiplient en Centre-Val de Loire. Pas moins d'une quinzaine sont recensés dans les six départements du territoire qui viendront nourrir à court ou moyen terme l'écosystème en gestation.

C'est justement à Sorigny que la société nantaise Lhyfe, l'un des acteurs majeurs sur ce créneau, installera courant 2025 sa prochaine usine de production d'hydrogène vert par électrolyse. Outre les véhicules lourds des communes et entreprises avoisinantes, elle fournira aussi une partie de son énergie au groupe STMicroelectronics basé à Tours. Equans, filiale du groupe Bouygues, porte quant à lui depuis 2021 le projet de centrale H2Hub à Saint-Cyr-en-Val dans le Loiret. Réalisée en partenariat avec le transporteur FM Logistic, elle doit en principe voir le jour d'ici 2026. Engie solutions, entité du groupe Engie dévolue aux énergies renouvelables, construira également à moyen terme un site de production sur l'écopôle de Bourges-Marmagne dans le Cher.

Autant de dispositifs qui, une fois en service, permettront de développer une puissance d'électrolyseurs de 36 MW, représentant une production quotidienne de 14 tonnes d'hydrogène sur le territoire. La future Gigafactory d'électrolyseurs, qui sera construite l'anéne prochain par la société Elogen à Vendôme en Loir-et-Cher, constituera enfin une brique essentielle du dispositif. Ce projet d'envergure, largement soutenu par l'exécutif régional, mobilisera 50 millions d'euros d'investissement au total.

Moteur à hydrogène Made in Loir-et-Cher

La filière pourra aussi compter sur le consortium de deux acteurs industriels de premier rang du Loir-et-Cher autour de la motorisation à l'hydrogène vert, le motoriste Phinia (ex-Borgwarner) et le fabricant de réservoirs Caillau. Trois véhicules utilitaires Boxer et Jumper du constructeur Stellantis, équipés de prototypes du moteur à hydrogène baptisé H2 Ice, circulent en démonstration depuis 2022. Ses atouts, outre des émissions négligeables, sont triples. D'une part, le poids embarqué est très inférieur à celui des batteries électriques ; d'autre part, l'H2 Ice se remplit en quelques minutes ; enfin ses performances sont identiques à celles d'un moteur diesel. « Une fois homologués, il pourra être adapté sur des flottes de véhicules existantes à moindre coût, assure Jean-Luc Béduneau, directeur général de Phinia. La prochaine étape pour le consortium consistera à travailler d'ici mars à des versions de moteurs pour les véhicules de chantier, notamment des pelleteuses »

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