Toyota bascule à son tour dans la voiture électrique à batteries

Le premier groupe automobile mondial a levé le voile sur le premier d'une gamme dédiée à la voiture 100% électrique à batteries, à la différence de la pile à combustible, technologie qu'il a privilégié jusqu'ici. La discrétion de l'annonce est inversement proportionnelle à l'importance de ce virage stratégique.
Nabil Bourassi
(Crédits : Toyota)

Toyota a donc fini par céder aux sirènes du 100% électrique à batteries. Pour le numéro un mondial de l'automobile, pionnier de l'électrification avec ses fameux Prius hybride, l'annonce d'une gamme utilisant cette technologie constitue un véritable virage stratégique. Le groupe japonais a choisi le salon automobile de Shanghai (qui a ouvert ses portes à la presse ce lundi) pour lever le voile sur le bZ4X, un concept-car qui doit préfigurer une gamme dédiée à la voiture électrique. Toyota a annoncé pas moins de 15 modèles à horizon 2025, dont 7 qui porteront le label bZ (pour Beyond Zero émission, ou au-delà du zéro émission). Ils seront conçus à partir de la plateforme e-TNGA qui pourra moduler la longueur, la largeur, l'empattement et même la hauteur de la voiture, de sorte qu'elle pourra être une solution à tous types de segments.

Toyota bZ4X

Le bZ4X verra son premier modèle de série commercialisé en 2022. Il s'agira d'un SUV de taille moyenne. Il est le fruit d'un partenariat avec Subaru (dont Toyota détient 16% du capital).

Le marché a déjà basculé

Pour le groupe dirigé par Akio Toyoda, le virage vers la voiture à batterie était devenu de plus en plus évident au moment où le marché est en train de basculer sur cette technologie.

Le groupe Volkswagen qui est en train de déployer une gamme étoffée de voitures 100% électriques vient d'annoncer un nouveau plan d'investissement de 30 milliards pour changer de modèle industriel et économique et intervenir à tous les niveaux de la chaîne de valeur (production de batteries, réseau de bornes de recharge...).

Lire aussi : Pourquoi Volkswagen adopte le modèle révolutionnaire de Tesla dans la voiture électrique

En outre, certains pays ont fait le choix de privilégier la voiture 100% électrique. C'est le cas sur le premier marché automobile du monde, la Chine, mais également en Europe où les subventions sur les voitures hybrides sont de plus en plus remises en cause. Enfin, les promesses de la voiture à hydrogène sur laquelle Toyota avait plutôt parié, ne sont pas au rendez-vous. Cette technologie aussi appelée pile à combustible implique une infrastructure spécifique et extrêmement coûteuse. A défaut de ventes à grande échelle, Toyota n'est pas parvenu à en baisser le coût de revient unitaire. Sa Mirai 2 pourrait coûter le prix astronomique de 68.000 euros dans sa version de base.

De plus, les progrès de la voiture électrique dont les modèles d'entrée de gamme proposent désormais une autonomie proche de 400 kilomètres, semblent avoir trouver un public et répondre à de nombreux usages. Autrement dit, la voiture électrique à batteries est devenue plus compétitive.

Un programme encore discret

Dès lors, impossible pour le géant mondial de l'automobile qui dispute à Volkswagen la place de numéro un mondial à quelques centaines de voitures près, de rester en-dehors de la course. Mais le groupe reste encore discret sur ses projets. Pas de "journées investisseurs" pour présenter la feuille de route de son programme, de conférence de presse dédiée ou de chiffres d'investissements spectaculaire. En décembre, il s'était contenté d'un communiqué de presse laconique.

Toyota bZ4X

Jusqu'ici, le groupe considérait que la voiture à batteries n'était qu'une étape avant la technologie de la voiture dite à pile à combustible. Il a ainsi mobilisé l'essentiel de ses investissements R&D dans cette technologie afin de s'imposer sur cette technologie, comme il l'avait sur l'hybride.

Interrogé il y a deux ans par La Tribune, Didier Leroy, alors vice-président monde du groupe et membre du Comité Exécutif, semblait confiant. Selon lui, Toyota était en capacité de dégainer une voiture 100% électrique en très peu de temps rappelant que nul autre ne maîtrisait mieux la technologie de la propulsion à batterie électrique que Toyota puisque ses voitures hybrides en disposent depuis 1997. En tout et pour tout, le Japonais a vendu 17 millions de voitures hybrides, ce qui en fait le leader incontesté. Ces dernières années, il a d'ailleurs accéléré en étendant cette technologie à l'ensemble de la gamme. Même la petite Yaris est désormais proposée en hybride.

Des objectifs ambitieux

Le groupe rappelle que grâce à cette technologie, il a réduit de 22% ses émissions de CO2 entre 2010 et 2019, et que l'objectif était d'économiser encore 35% d'émissions supplémentaires à horizon 2030, avant d'atteindre la neutralité carbone en 2050.

Pour atteindre ces objectifs, le 100% électrique était donc devenu une évidence même si l'hybride devrait rester l'alpha et l'omega du modèle industriel de Toyota. En 2025, les voitures électriques représenteront 10% des ventes du groupe en Europe, contre 80% pour les voitures hybrides et hybrides rechargeables.

Nabil Bourassi

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