
Changement surprise à la tête de Toyota : Koji Sato, 53 ans, va remplacer Akio Toyoda au poste de PDG à partir du 1er avril prochain. Ce dernier, 66 ans, qui était en place depuis 2009, va prendre la présidence du conseil d'administration du groupe à la place de Takeshi Uchiyamada, âgé de 76 ans. Ces changements de gouvernance devront être officiellement formalisés après l'assemblée générale ordinaire du groupe, plus tard cette année.
Souffle de « jeunesse » sur Toyota
Akio Toyoda a loué les vertus de son successeur lors d'une conférence de presse en ligne ce jeudi 26 janvier. En particulier sa « jeunesse », son amour des voitures et le dynamisme de son équipe.
« Il est jeune et il a des collègues dans le même état d'esprit, aussi je m'attends à ce qu'il puisse dépasser les limites que je n'ai pas pu franchir moi-même », a-t-il déclaré.
Et d'ajouter :
« Pour promouvoir le changement à une époque où le futur est imprévisible, le chef doit continuer à rester sur la ligne de front. Pour cela, l'endurance, l'énergie et la passion sont indispensables ».
Commentaire d'un analyste automobile, Tatsuo Yoshida, dans une note de Bloomberg Economics :
« C'est positif car cela va rajeunir la direction de l'entreprise » tout en maintenant une forme de stabilité, avec Akio Toyoda dans un rôle de superviseur, a-il estimé.
Koji Sato était depuis janvier 2021 directeur opérationnel du groupe et directeur de la marque. Il était aussi depuis 2020 le président de Lexus International Co, la marque haut de gamme de Toyota, mais également le président de Gazoo Racing, la marque du groupe dans le sport automobile. Il a intégré Toyota en 1992, après des études d'ingénieur en mécanique à la prestigieuse université Waseda de Tokyo.
Le départ d'un PDG charismatique
Avec le départ d'Akio Toyoda, c'est la fin de la dynastie Toyoda à la tête de Toyota. Il est en effet le petit-fils de Kiichiro Toyoda, célèbre industriel nippon qui, dans les années 1930, a transformé l'entreprise familiale de métiers à tisser en constructeur automobile (le nom « Toyoda » sera alors transformé en « Toyota », considéré comme plus chanceux). Son père, Shoichiro Toyoda, avait lui aussi été un dirigeant emblématique du groupe dans les années 1980-1990.
Koji Sato accède au poste de PDG à 53 ans, c'est-à-dire exactement au même âge auquel Akio Toyoda avait pris la tête de l'entreprise en 2009, devenant alors le plus jeune président-directeur général de son histoire, à un moment où le groupe, durement touché par la crise économique mondiale, cherchait à se ressouder autour du symbole de la famille fondatrice. Après des premiers pas hésitants, Akio Toyoda, un passionné de courses automobiles (et volontiers pilote lui-même sous le pseudonyme de "Morizo") était devenu un patron charismatique.
Il a en effet régulièrement hissé son groupe au premier rang mondial de son secteur en termes de ventes en volume, grâce notamment à ses excellents positionnements en Chine et en Amérique du Nord. Depuis 2020, Toyota trône de nouveau au sommet de ce classement, devant le groupe allemand Volkswagen.
Virage tardif de l'électrique
Champion des moteurs hybrides et pionnier de l'hydrogène, Toyota a cependant tardé à accélérer dans les véhicules à batteries électriques, à l'inverse de nombre de ses grands concurrents étrangers, s'attirant ainsi de nombreuses critiques, notamment de la part d'ONG environnementales. Le groupe a finalement annoncé à partir de fin 2021 d'importants investissements dans ce segment, mais presque à contrecœur.
Akio Toyoda a ainsi continué par la suite à se montrer régulièrement sceptique quant aux perspectives des voitures électriques pour le marché de masse. Et le lancement l'an dernier du SUV bZ4X, modèle inaugural de la première gamme électrique de Toyota, a été perturbé par une humiliante campagne de rappel juste après le début de sa commercialisation, à cause d'un problème de fixation de ses roues.
S'inscrivant dans la continuité de son prédécesseur, Koji Sato a promis ce jeudi de poursuivre « l'accélération de la transition vers l'électrification », tout en veillant à fabriquer des voitures « répondant à des valeurs diverses et à des besoins locaux ». Soit le credo actuel du groupe consistant à ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier et à laisser un maximum d'options à ses clients, en fonction du rythme de la transition bas-carbone dans leurs régions respectives.
Le groupe a annoncé début janvier qu'il compte produire jusqu'à 10,6 millions de véhicules de ses marques Toyota et Lexus cette année. Sans exclure néanmoins que le chiffre final soit jusqu'à 10% inférieur à cet objectif « plafond » - soit quelque 9,5 millions d'unités - en raison des pénuries de semi-conducteurs notamment. Ces objectifs sont toutefois clairement supérieurs à sa production de ces dernières années, y compris à celle de 2019, avant la pandémie (9,05 millions d'unités). Le groupe doit publier le 9 février les résultats de son troisième trimestre 2022/23.
(avec AFP)
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