
Promoteurs, maires, et désormais parlementaires, tous les acteurs publics, privés et maintenant politiques interpellent le gouvernement sur la crise du logement. Lors de la séance de questions au gouvernement de ce 30 mai, c'est au tour du président du groupe Les Républicains de l'Assemblée nationale d'affirmer : « Tous les indicateurs le montrent. Le logement est en crise. »
« 100.000 logements construits de moins qu'il y a quinze ans, chute de 30% sur un an du nombre de maisons individuelles vendues, explosion des faillites de promoteurs, de constructeurs de maisons individuelles, d'agences immobilières », a énuméré Olivier Marleix.
150.000 emplois menacés
Aujourd'hui, ce sont près de 150.000 emplois qui sont « menacés », a poursuivi le député d'Eure-et-Loir, reprenant à son compte les derniers chiffres de la Fédération française du bâtiment.
Les causes sont « malheureusement » et « totalement » identifiées, a enchaîné Olivier Marleix : hausse des coûts de construction due à la guerre en Ukraine, renchérissement des projets à cause des normes, manque de foncier disponible à cause de la politique de zéro artificialisation nette (ZAN), hausse des taux d'intérêt.
« Madame la Première ministre, on sait depuis 2017 que le logement n'intéresse pas beaucoup le président de la République, qui a fait sienne cette idéologie selon laquelle on construit trop en France et qu'il faudrait que les Français renoncent à leur rêve de maison individuelle », a encore interpellé le patron du groupe LR au Palais-Bourbon en référence aux discours récurrents du chef de l'Etat et du gouvernement sur ce sujet.
Difficultés structurelles et conjoncturelles
La réponse ne s'est pas faite attendre. « Nous partageons le constat. L'offre de logements est insuffisante ou inadaptée dans certains territoires. Elle peut bloquer nos compatriotes dans leur projet de mobilité et être un frein à l'emploi, particulièrement dans les zones en forte tension comme les métropoles », a commencé par souligner Elisabeth Borne.
« Cette situation résulte d'enjeux structurels dont les causes sont multiples: baisse du nombre de permis de construire délivrés, ou encore la hausse des prix du foncier », a ajouté la locataire de Matignon, sans pour autant se prononcer sur un possible encadrement des prix du foncier, comme le réclament les députés, les maires et les professionnels depuis au moins 2019.
A cela s'ajoutent des difficultés « conjoncturelles », avec la hausse « rapide » des taux d'intérêt qui « freine » la demande de logements, les transactions immobilières dans l'ancien et « grippe » l'accès au marché locatif, a listé à son tour Elisabeth Borne.
« Conscient[e] » des difficultés « actuelles », la cheffe du gouvernement a réaffirmé que son équipe était « pleinement » mobilisé, citant le chèque de la Caisse des Dépôts pour acheter 17.000 logements sociaux et intermédiaires aux promoteurs immobiliers.
Autre « défi » évoqué: la transition écologique.
Borne participera le 5 aux conclusions du CNR Logement
Et Elisabeth Borne de conclure en annonçant qu'elle participera, le 5 juin prochain, aux conclusions du Conseil national de la refondation (CNR) dédié au logement, initialement prévues le 9 mai mais ajournées du fait d'un de ses déplacements à La Réunion au même moment.
Une réponse qui n'a pas satisfait Olivier Marleix. « Je ne suis sûr, à écouter votre réponse, que vous soyez totalement consciente de l'urgence de la crise », a asséné le président du groupe Les Républicains de l'Assemblée nationale.
Si nous n'avez pas de solutions, permettez que les députés LR vous en proposent une fois de plus : libérez du foncier, c'est l'urgence, et puis facilitez le recours des Français à l'emprunt en élargissant le prêt à taux zéro (PTZ) ou en rétablissant la réduction des intérêts d'emprunt, comme lorsque le faisait la droite lorsqu'elle était au pouvoir, a conclu le député d'Eure-et-Loir.
A ce stade de la joute, la Première ministre n'a pas le droit de répliquer une seconde fois, mais elle ne s'en privera pas lundi prochain lors des tant attendues restitutions du CNR Logement, co-animé par la PDG de Nexity, Véronique Bédague, et le délégué général de la Fondation Abbé Pierre, Christophe Robert.
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