Prix des matériaux de construction : la pression monte sur les fournisseurs

EXCLUSIF. Début 2023, le gouvernement pensait avoir trouvé une solution pour l'amélioration de la prévisibilité des prix sur les marchés publics et privés du BTP. L'exécutif avait alors promis pour avril un indicateur de l'Insee portant sur les coûts de production des matériaux. Sauf qu'à date, le compte n'y est pas. Des industriels se sont-ils fait tirer l'oreille ? Les producteurs de matériaux ont-ils joué le jeu ? Ne sont-ils qu'un maillon de la chaîne ? Explications.
César Armand
L'Association française des industries des produits de construction (AIMCC) représente 7.000 entreprises. 430.000 emplois, 45 milliards d'euros de chiffre d'affaires, et regroupe les syndicats et fédérations d'industriels.
L'Association française des industries des produits de construction (AIMCC) représente 7.000 entreprises. 430.000 emplois, 45 milliards d'euros de chiffre d'affaires, et regroupe les syndicats et fédérations d'industriels. (Crédits : C.A.)

Alors que les prix des matériaux s'étaient envolés du fait de la reprise de la demande, au lendemain du pic de la Covid fin 2020 jusqu'à l'été 2022 inclus, avant de connaître un recul rapide, la crise énergétique recrée de l'inflation sur ce poste de dépenses-clés du BTP.

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Le coût des produits céramiques, du verre, des produits issus du béton « accélère nettement » depuis début 2023, a témoigné le président de la Fédération française du bâtiment (FFB) lors d'une conférence de presse ce mercredi 12 avril. Rien que le béton prêt à l'emploi affiche une hausse de 17,2% sur les deux premiers mois de l'année, a illustré Olivier Salleron.

Un indicateur portant sur les coûts de production des matériaux attendu

En début d'année, le gouvernement pensait avoir trouvé une solution pour l'amélioration de la prévisibilité des prix sur les marchés publics et privés. Comment ? En créant un dispositif d'analyse des coûts de production, afin accompagner la filière face à l'augmentation des prix.

Un « outil objectif et indépendant destiné à éclairer les acteurs de la filière sur la décomposition des coûts de production de ces matériaux » vantait, le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, le 26 janvier dernier.

Pour établir leur devis et marchés, les professionnels disposent déjà d'indices. Ces derniers sont calculés sur le matériel, les salaires et les charges, l'énergie, les matériaux, les frais divers et le transport liés à leurs activités, qui leur permettent de réviser et/ou d'actualiser le prix. En revanche, ils ne détiennent pas de tels renseignements traduisant les évolutions des différents facteurs de production.

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C'est pourquoi l'exécutif a mandaté l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) pour recueillir, traiter et diffuser, « au plus tard en avril prochain », un indicateur portant sur les coûts de production des matériaux.

Des industriels se sont-ils fait tirer l'oreille ?

Sauf qu'à date, le compte n'y est pas. Ce mercredi 12 avril, le président de la Fédération française du bâtiment (FFB) a déclaré « compter fermement » sur cet observatoire, certes, mis en place il y a un mois et demi. Il semblerait toutefois que tous les industriels ne jouent pas le jeu. « Nous demandons officiellement aux producteurs de matériaux d'intégrer cette commission », a poursuivi Olivier Salleron.

Invité par La Tribune à préciser sa pensée, il a affirmé que des industriels s'étaient fait « un peu tirer l'oreille ».

« Bruno Le Maire a insisté et mobilisé la direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes (DGCCRF), au cas où certains seraient dans l'exagération des prix et afin qu'ils aient des comportements plus vertueux, » a enchaîné le porte-parole du Bâtiment.

Les producteurs de matériaux sous le feu des critiques

Sollicité par La Tribune, le cabinet du ministre de l'Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique confirme que l'outil a été mis à disposition depuis plusieurs semaines, comme promis par Bruno Le Maire.

Sauf que « pour l'instant et malgré deux relances, les industriels, qui devaient donner leurs chiffres et sur une base volontaire et anonymisée, n'ont pas joué le jeu sur les 22 produits dont la liste était établie par l'Insee », poursuit-on dans l'entourage du patron de Bercy. Tant est si bien que Bruno Le Maire va les recevoir pour les « rassurer », notamment sur la compatibilité de la démarche avec le droit de la concurrence et du secret des affaires, ainsi que « leur intérêt à s'impliquer davantage », conclut-on.

Un maillon de la chaîne ?

A l'époque, le président de l'Association française des industries des produits de construction (AIMCC, 7.000 entreprises. 430.000 emplois, 45 milliards d'euros de chiffre d'affaires), qui regroupe les syndicats et fédérations d'industriels, Philippe Gruat, redoutait en effet que les règles de la concurrence ne soient pas respectées.

 « Dans chacune des familles de produit, il y a des situations d'oligopole. Si nous ne diffusons jamais les volumes, sauf avec un décalage de parfois un an, c'est justement pour éviter que chaque acteur connaisse les volumes des autres », affirmait-il à La Tribune.

De même qu'il défendait ses adhérents comme un « maillon de la chaîne », arguant du fait que les producteurs de matériaux sont des transformateurs « dépendant en amont des fournisseurs d'énergie et de matières premières qui nous ont imposé des hausses de prix considérables ». « C'est leur augmentation de prix qui nous a fait répercuter la nôtre. Nos marges opérationnelles ont été significatives malgré des volumes de bon niveau », insistait Philippe Gruat, président de l'AIMCC.

César Armand

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Commentaire 1
à écrit le 13/04/2023 à 8:12
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vu le nombre de logements vendus, la demande va vite s'arreter, et la on verra deja ce que ca donne........en attendant chacun explique que le covid ukrainien qui a la grippe a biere chinoise est responsable de tout et n'importe quoi

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