Tourisme : Paris va interdire localement les nouveaux meublés touristiques de professionnels

Les professionnels de la location touristique, présents sur les plateformes telles Airbnb ou Booking, ne pourront plus proposer à la location de nouveaux biens dans certaines zones de la capitale. Sans même passer par des quotas, la Mairie de Paris entend stopper net la mutation des commerces en meublés touristiques. Au moins cinq quartiers sont concernés par cette nouvelle réglementation du marché.
La réglementation s'est durcie pour les commerces dont le changement d'usage en meublé touristique est soumis depuis janvier 2022 à autorisation de la mairie.

La décision aura sans nul doute un impact sur le marché immobilier parisien. La Ville de Paris a décidé d'interdire les nouveaux meublés touristiques de loueurs professionnels dans les zones d'hyperconcentration touristique qui souffrent d'un déficit de logements, afin de protéger les résidents permanents de l'explosion des locations de type Airbnb, a-t-on appris jeudi. La Mairie de Paris a pris l'initiative, tandis qu'au niveau du Parlement, les députés s'accordent à revoir la fiscalité de ces locations, selon nos informations.

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Dans l'immédiat, les futurs bailleurs en quête d'affaires immobilières dans le Paris adulé des touristes, cherchant à mettre la nuit à prix d'or pour séjourner dans un quartier d'exception de la capitale, vont devoir revoir leurs plans. Cette décision va aussi rassurer les professionnels de l'hôtellerie qui voyaient se multiplier des offres concurrentes.

Cette mesure, qui ne prévoit pas d'objectifs chiffrés sous forme de quotas, comme c'est le cas dans certaines villes telle que Annecy, ne s'appliquera pas aux propriétaires qui louent occasionnellement leur résidence principale dans la limite de 120 jours par an mais uniquement aux loueurs professionnels.

« Des secteurs entiers de Paris vont être interdits aux créations de nouveaux meublés touristiques parce que nous considérons que l'offre est déjà très abondante et nous visons un étalement et un équilibre d'implantation dans Paris intra-muros », a expliqué à la presse Emmanuel Grégoire, premier adjoint à la maire PS de Paris lors d'une déambulation dans le quartier du Sentier (IIe arrondissement), très touché par la transformation de commerces en meublés touristiques.

Parmi ces quartiers figurent Paris Centre, le Canal Saint-Martin, les Grands Boulevards, les Champs-Elysées ou encore Montmartre.

La transformation des bureaux en meublés touristiques

La ville, qui comptait 43.000 meublés touristiques à l'automne 2022, espère également profiter d'une proposition de loi qui sera discutée en juin à l'Assemblée nationale pour réguler la transformation de bureaux en meublés de tourisme.

Les élus redoutent en effet que l'appétit des investisseurs ne se tourne désormais vers les bureaux, pour lesquels il n'existe encore aucun outil de régulation, après avoir jeté leur dévolu sur les petits commerces, dont la transformation est aujourd'hui réglementée.

Selon Dorine Bregman, adjointe chargée des commerces à Paris Centre, un commerce sur huit a été transformé en meublé touristique au cœur de la capitale entre 2020 et 2022.

Longtemps désarmée face à l'explosion incontrôlée des meublés touristiques, la Ville de Paris a beaucoup renforcé son arsenal juridique ces dernières années.

Depuis 2014, Paris a mis en place un dispositif d'autorisation de changement d'usage avec compensation en cas de transformation d'un logement en meublé touristique. Depuis 2022, la règlementation parisienne demande même que la surface soit compensée jusqu'au triple dans certains quartiers.

La réglementation s'est également durcie pour les commerces dont le changement d'usage en meublé touristique est soumis depuis janvier 2022 à autorisation de la mairie.

En 2021, la plateforme Airbnb, attaquée par la Ville, a par ailleurs été condamnée à 8 millions d'euros d'amende pour avoir publié un millier d'annonces sans numéro d'enregistrement.

« Aujourd'hui, les outils de régulation montrent leurs premiers effets positifs et on assiste à un tassement du nombre de meublés touristiques déclaré », a souligné M. Grégoire.

(Avec AFP)

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Commentaire 1
à écrit le 05/05/2023 à 11:57
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Il est interdit d'interdire ! y en a marre !

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