Paris Saclay Cancer Cluster : le premier biocluster du plan France 2030 est sur les rails

Le premier lauréat des Bioclusters France 2030 vient de connaître sa dotation d'État : 100 millions d'euros sur dix ans avec France 2030. Le Paris Saclay Cancer Cluster est sur les rails.
Le Paris Saclay Cancer Cluster (PSCC) bénéficie d'un soutien financier de l'État de 100 millions d'euros sur dix ans.
Le Paris Saclay Cancer Cluster (PSCC) bénéficie d'un soutien financier de l'État de 100 millions d'euros sur dix ans. (Crédits : Inventiva)

Le Paris Saclay Cancer Cluster (PSCC) est le premier Biocluster du plan France 2030. Lauréat de l'appel à manifestation d'intérêt (AMI), il bénéficie d'un soutien financier de l'État de 100 millions d'euros sur dix ans. Sur le modèle du pôle santé de Boston, les clusters sont conçus comme des écosystèmes fertiles. Ils réunissent des écoles et des centres de recherche académique, des laboratoires pharma plus ou moins développés et des centres de soin pour accélérer le développement de nouvelles thérapies et leur production dans notre pays. Ils organisent des services pour aider les projets innovants à aboutir en tests diagnostic ou en nouveaux traitements. Celui de Paris-Saclay sera centré sur l'oncologie. Ministre délégué chargé de l'industrie, Roland Lescure se réjouit de ce choix : « Son envergure internationale permettra à la France d'être l'un des leaders mondiaux dans la conversion de la recherche fondamentale en médicaments et diagnostics en oncologie, pour les patients et la société dans son ensemble. »

Un hôpital, un big pharma et des écoles prestigieuses

L'association PSCC a été imaginée par Gustave Roussy et Sanofi. Ils ont localisé leur projet autour de cet hôpital privé, bien identifié et figurant dans le top 5 mondial de la cancérologie, sur la ZAC Campus Grand Parc de Villejuif où se développent les infrastructures nécessaires avec une surface de 150.000 m². Sanofi reste proche, notamment du site, avec son site dédié à l'oncologie de Vitry-sur-Seine, une commune limitrophe à Villejuif. Quand l'AMI Biocluster a été lancé il y a un an, les deux partenaires, qui travaillent déjà ensemble, ont eu à cœur de relever le défi pour augmenter le potentiel de l'écosystème oncologie. En créant l'association PSCC début 2022, les deux fondateurs ont été rejoints par trois partenaires de recherche et d'enseignement de haut niveau : l'INSERM (*), l'Institut Polytechnique de Paris (IP Paris) et l'Université Paris-Saclay (UP Saclay).

Le « Boston de la cancérologie »

Sur le plateau de Villejuif, le potentiel oncologie est déjà bien étoffé. Il compte une cinquantaine d'équipes de recherche et 31 startups. Le PSCC n'est pas un incubateur de jeunes pousses mais un cercle vertueux d'attractivité des talents académiques et des industries de pointe.

« Il s'agit d'un cluster à projet industriel, précise son président Éric Vivier, cofondateur et directeur scientifique d'Innate Pharma. Il disposera d'une offre intégrée proposant aux entreprises de trouver ce dont elles ont besoin selon leurs projets : expertise, accès à une plateforme technologique, accès facilité pour le lancement d'essais cliniques, financement de jonction entre deux levées de fonds... Cette année, l'équipe va lancer un appel à manifestation d'intérêt pour évaluer et sélectionner les premiers projets qui se verront offrir ses services. »

Sur place et avec une porte d'entrée unique facile à identifier, le cluster jouera le rôle de catalyseur à l'aide de ses membres et partenaires afin de doper le développement des innovations. Plusieurs entreprises ont déjà manifesté leur intention de s'installer à leur côté sur le plateau de Saclay : Servier, Novartis, Pierre Fabre, AMGEN, IPSEN, Innate Pharma...

Sanofi y consacre jusqu'à 150 millions d'euros

Pour le géant Sanofi, participer à la création de cet écosystème 3.0 est essentiel. Il lui permet de mobiliser les talents de différentes disciplines scientifiques et les experts de différents secteurs autour d'un objet commun pour faire du cluster un leader de la cancérologie.

« Il s'agit d'un nouveau modèle unique par sa taille et son format constitué de partenaires publics et privés, souligne Audrey Derveloy, présidente de Sanofi France. Dans cette équipe, Sanofi apporte son expertise en matière de R&D, mais aussi son expertise industrielle. Nous savons et pouvons partager quelles sont les exigences des grands laboratoires en matière de développement et production de nouveaux traitements ».

Aujourd'hui, le cluster doit définir la manière dont il va fonctionner entre ses différents membres et partenaires. Dès cette année, il va donc sélectionner des projets innovants et déterminer comment répondre à leurs besoins. Au-delà de son expertise, Sanofi a annoncé un investissement pouvant aller jusqu'à 150 millions d'euros sur dix ans, des fonds qui prendront différentes formes pour soutenir ces projets. Solange Peters est présidente du conseil stratégique du PSCC et professeure à la Faculté de médecine de Lausanne, cheffe du service d'oncologie médicale : « Un tel squelette réunissant chercheurs, médecins, patients, labos, startup et grandes entreprises sans considération de compétition économique est une expérience unique. Aujourd'hui, l'innovation ne peut pas se passer de l'industrie et le monde académique doit accepter de nouer des partenariats. »

L'avenir de la notion de cluster nécessitera aussi de faire évoluer les mentalités. Les médecins et les académiques doivent accepter la proximité des intérêts économiques du privé, sans la considérer systématiquement comme sulfureuse. Avec des marges qui dépassent parfois celles du secteur du luxe, les grands labos ont également besoin de se repositionner pour tenter de redorer un peu leur image, face à des Français qui ont du mal à accepter que l'on fasse de gros bénéfices dans le secteur de la santé. Baptisé « Innovation Santé 2030 », le volet santé de France 2030 prévoit 300 millions d'euros consacrés à la création de trois bioclusters. Après le PSCC, deux autres sites sur des priorités de santé hors cancer devraient être choisis cette année.

(*) INSERM : Institut national de la santé et de la recherche médicale

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