Trump fait la paix avec les labos pharmaceutiques

Si Donald Trump assure toujours que les prix des médicaments baisseront sous son mandat, il a annoncé plusieurs mesures pour renforcer l'industrie du médicament aux États-Unis. Les labos pharmaceutiques sont satisfaits.
Jean-Yves Paillé
Donald Trump discutant avec Kenneth Frazier, patron de Merck & Co, le 31 janvier.

Les relations entre Donald Trump et l'industrie du médicament semblent s'être réchauffées. En début de semaine, le président des États-Unis a rencontré plusieurs patrons de laboratoires pharmaceutiques, dont ceux de Novartis, Merck & Co, Johnson & Johnson.

Baisser les prix des médicaments

Il a tout d'abord flatté l'aréopage d'industriels vantant leur "très bon travail" en ce qui concerne le développement de nouvelles molécules. Mais très rapidement, la question du prix des médicaments est venue sur la table. Pour sauver le medicare et le medicaid (les systèmes d'assurance santé américains, NDLR), "nous n'avons pas le choix, il faut baisser les prix", a lancé le président des États-Unis, dénonçant les montants "astronomiques" de certaines molécules.

Le président des États-Unis n'a pas dit précisément de quelle façon il arrivera à ses fins, mais a estimé qu'une compétition accrue pousserait les prix à la baisse. La bonne nouvelle pour l'industrie pharmaceutique, c'est qu'il semble avoir mis de côté le scénario catastrophe voulant que le gouvernement américain fixe ses propres prix. Cela implique qu'il essaiera de s'entendre avec l'industrie pharmaceutique pour baisser les prix. Le ton a donc radicalement changé. Quelques semaines après son élection, Donald Trump estimait que les laboratoires pharmaceutiques agissaient en toute impunité et promettait de faire "chuter le prix des médicaments".

Pour rappel, les dépenses de médicaments sur ordonnances aux États-Unis atteignaient 310 milliards de dollars en 2015, soit une hausse de 8% en un an.Un montant qui représente environ 1,7% du PIB du pays (chiffré à 18.000 milliards de dollars en 2015).

Déréguler

Passé la question épineuse du prix des médicaments, Donald Trump a ensuite multiplié les annonces favorables à l'industrie pharmaceutique, mardi 31 mars, pour déréguler partiellement le secteur.

"Nous devons supprimer un certain nombre de règlements. Quand vous ne pouvez obtenir rapidement l'approbation pour fabriquer une nouvelle usine, vous ne pouvez obtenir l'autorisation pour fabriquer des médicaments", a-t-il déploré.

Il a par ailleurs promis de réformer l'Agence américaine des médicaments de fond en comble avec la nomination d'un nouveau patron prévue dans les jours à venir.

L'objectif du président américain est d'accélérer des mises précoces sur le marché de médicaments en cours d'essais cliniques. Potentiellement, des médicaments dits innovants pourraient être lancés dès la fin de la phase I (censé prouver l'innocuité de la molécule) ou après la phase II (prouve l'efficacité du médicament sur un panel de patient. Une aubaine pour l'industrie pharmaceutique qui cherche à lancer plus tôt ses traitements pour bénéficier plus longtemps de la protection des brevets.

"Cela me dérange de voir des patients en phase terminale ne pouvant pas accéder à certains médicaments pas encore approuvés", a fait valoir Donald Trump devant les industriels.

Baisser les taux d'imposition pour rapatrier les capitaux

Enfin, il a rappelé sa promesse de baisser le taux d'imposition des grandes entreprises américaines, et donc la plupart des sociétés pharmaceutiques. Pour rappel, il a promis de réduire à 15% le taux de l'impôt sur les sociétés (contre les 39,1% officiels actuels). Son objectif: renforcer l'industrie américaine en encourageant les relocalisations. Le laboratoire américain Gilead, par exemple, dispose de plusieurs filiales en Irlande où la fiscalité est plus avantageuse qu'aux États-Unis.

Les big pharmas sont satisfaites

Les déclarations de Donald Trump ont rassuré les industriels. Kenneth Frazier, patron de Merck & Co, estime que le président américain a choisi de se centrer sur l'amélioration des soins à apporter aux patients et veut mener une politique favorable à l'innovation. Même son de cloche du côté du PDG de Roche. Severin Schwan a assuré qu'il n'est pas inquiet sur la politique des prix des médicaments de Donald Trump. Le patron suisse estime que ce dernier va favoriser l'innovation.

Les annonces du président des États-Unis ont également été saluées en Bourse. L'indice Nasdaq biotechnology, dédié aux biotech américaines, a gagné près de 4% en deux jours. La plus forte hausse depuis début novembre... en réaction à l'élection de Donald Trump et surtout à la défaite d'Hillary Clinton.

Jean-Yves Paillé

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Commentaire 1
à écrit le 02/02/2017 à 16:58
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Ils lui mangent dans la main et ils n'attendaient que ça en fait, un chef à qui obéir. L'empire des faibles.

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