Le producteur français d'électricité a-t-il privilégié un prix attractif aux conditions de sécurité? C'est ce qu'affirmait Yves-Marie Le Marchand, ingénieur en génie atomique et ancien membre de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) dans une lettre adressée le 31 janvier à Pierre-Franck Chevet, le patron de l'institution, que s'est procurée le magazine Capital.
"Aucune démonstration de fiabilité"
Fait important, cet expert a été mandaté par MAN Diesel & Turbo France, fabricant de Saint-Nazaire et partenaire d'Alstom dont l'offre a été écartée par le groupe français. Dans sa lettre, il explique pourquoi, à ses yeux, les moteurs diesels d'ultime secours (DUS) proposés par les deux consortiums retenus ne sont "pas conformes au cahier des charges d'EDF" alors que celle d'Alstom et MAN l'était. Il ajoute que
"le choix d'EDF (...) doit reposer sur des moteurs qui existent et non sur des projets de moteurs à construire qui ne disposent d'aucune démonstration de fiabilité."
EDF se met en conformité après Fukushima
Pour se conformer aux prescriptions de l'ASN après la catastrophe de Fuskushima en 2011, le groupe doit en effet équiper son parc de 58 réacteurs nucléaires afin d'assurer une alimentation du circuit de refroidissement des centrales. Un marché à 10 milliards d'euros. Il a choisi de retenir d'une part l'offre de Clemecy, une filiale d'Eiffage associée au groupe belge ABC, et d'autre part celle d'une filiale de Toshiba (Westinghouse) alliée à Fairbanks Morse Engine, un motoriste américain.
Ce rejet, Alstom l'a contesté en invoquant des problèmes de procédure auprès du tribunal de grande instance de Paris. Mais ce dernier l'a débouté, a indiqué le groupe jeudi 20 février au soir. "Alstom et (son partenaire allemand) MAN prennent acte de la décision du juge des référés",a indiqué une porte-parole de l'entreprise à l'AFP.
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