Les prix des matières premières fossiles flambent. Si ce n'est pas une nouvelle, ils sont « aujourd'hui beaucoup trop élevés pour toute production économique » et « ne peuvent pas rester là où ils sont », considère le chancelier allemand Olaf Scholz. « Nous avons besoin d'un processus négocié dans lequel les prix baissent à nouveau à un niveau raisonnable », a-t-il déclaré devant des industriels allemands réunis en congrès ce mardi 11 octobre.
Le dirigeant allemand a par ailleurs admis que faire baisser les prix « ne réussira pas par des actions unilatérales de la part de l'Allemagne ou même de l'ensemble de l'Union européenne ». Et ce alors que le pays a fait récemment l'objet de nombreuses critiques de la part de ses partenaires européens. Ces derniers dénoncent un manque de concertation et de solidarité de la première économie européenne dans la lutte contre l'inflation depuis l'annonce de son plan national de 200 milliards d'euros.
« Je me suis fixé comme objectif de faire de la responsabilité mutuelle un thème dans toutes les discussions internationales, par exemple lorsque nous discutons aujourd'hui dans le cadre du G7, et d'en faire un thème également dans l'Union européenne », a assuré Olaf Scholz.
L'Allemagne, première économie européenne, souffre particulièrement de l'envolée des cours du gaz, liée au tarissement des livraisons russes dont son puissant secteur industriel était un important consommateur.
Olaf Scholz prône la coopération
Le chancelier allemand estime qu'il faut « organiser une coopération entre les pays qui sont demandeurs (d'énergie, NDLR), et cela vaut pour l'Europe tout comme le Japon et la Corée ».
Au sein du G7, l'Allemagne, la France, la Grande-Bretagne, le Japon et l'Italie subissent de plein fouet la hausse des cours, tandis que les États-Unis et le Canada sont d'importants producteurs d'énergie. Les États-Unis ont intensifié leurs livraisons à l'Europe pour contribuer à compenser l'absence de gaz russe, mais l'Allemagne les a accusés la semaine dernière de pratiquer des prix trop élevés. « Certains pays, même amis, obtiennent des prix astronomiques dans certains cas », avait déclaré le ministre allemand de l'Économie Robert Habeck au journal Neue Osnabruecker Zeitung, appelant à davantage de « solidarité ».
Une réunion virtuelle du G7 est prévue ce mardi à la mi-journée. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky y participera alors que la Russie a lancé une campagne de bombardements sur l'Ukraine.
L'Allemagne affine son plan malgré les critiques
Le bouclier tarifaire allemand sur les prix de l'énergie, annoncé par le chancelier Olaf Scholz pour atténuer l'impact de l'envolée des prix, pourrait entrer en vigueur début 2023, selon les propositions du groupe d'experts du gouvernement formulées lundi. Cette mesure est la pièce centrale du "bazooka" énergétique de 200 milliards d'euros annoncé fin septembre et valant à Berlin ces fameuses critiques.
La première version du dispositif prévoit de subventionner 80% de la consommation des ménages de mars 2023 jusqu'à avril 2024. Au-delà de ce volume, les particuliers paieraient le gaz au prix du marché. Pour les grosses entreprises, le quota subventionné, au prix plafonné de 7 centimes d'euros par kilowattheure, serait limité à 70% de la consommation moyenne normale, avec une entrée en vigueur dès le 1er janvier.
D'ici l'entrée en vigueur du bouclier, évalué à plusieurs mois en raison de sa complexité, les experts proposent que le gouvernement verse en décembre une nouvelle aide directe aux ménages et petites entreprises pour payer les factures de gaz et de chauffage, d'un total évalué à 5 milliards d'euros. L'exécutif allemand va maintenant examiner les recommandations et devrait trancher dans les semaines à venir.
(Avec AFP)
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