Énergies renouvelables : l’Europe n'est pas assez ambitieuse

Un rapport de l’IRENA remis aujourd’hui au Commissaire européen Miguel Arias Cañete révèle que l’Union européenne pourrait atteindre 34% d’énergies vertes en 2030, au lieu des 27% fixés dans le paquet énergie climat. En revanche, si elle ne modifie pas ses politiques dans cette perspective, leur part dans le mix énergétique ne dépassera pas 24%.
Dominique Pialot
L'Europe pourrait compter 34% d'énergies vertes dans son mix en 2030.

De 9% en 2005, la part des énergies renouvelables dans le mix européen est passée à près de 17% en 2015, et devrait atteindre 27% en 2030. C'est en tous cas l'objectif fixé par la Commission européenne dans le cadre du paquet énergie climat de 2014, précisé dans celui baptisé « Energies propres pour tous les Européens » de novembre 2016.

Mais selon l'agence internationale des énergies renouvelables (IRENA), cet objectif est soit trop, soit trop peu ambitieux. En effet, ses experts prédisent qu'en l'état actuel des réglementations et des politiques, cette part des énergies renouvelables plafonnerait à 24%. En revanche, en les adaptant, les 28 pourraient collectivement atteindre une part de 34% d'énergies vertes dans leur mix grâce aux technologies existantes, à un coût tout à fait acceptable.

Économies de santé publique et d'environnement

En effet, les coûts et les performances des technologies vertes, notamment les énergies renouvelables, ont rapidement évolué depuis la fixation de cet objectif en 2014. La digitalisation a également modifié en profondeur les usages de l'énergie dans les secteurs tels que le bâtiment, l'industrie ou les transports. Certes, les coûts liés à la modernisation des réseaux électriques afin qu'ils puissent absorber plus d'énergies intermittentes ou encore une période durable de prix des énergies fossiles bas diminueraient le bénéfice strictement financier. Mais ces évolutions s'accompagneraient d'importantes économies en matière de santé publique et d'environnement, évaluées entre 52 et 133 milliards de dollars par an.

Mais il faudrait investir 73 milliards de dollars par an dans les énergies renouvelables d'ici à 2030 pour parvenir à ce résultat, soit 433 milliards de plus d'ici à 2030 que ne le prévoit le scénario de référence, alors que les investissements diminuent depuis le pic atteint en 2011. Car il faudrait à l'horizon 2030 disposer de 327 gigawatts (GW) d'éolien - soit 97 GW de plus que prévu - et 272 GW de photovoltaïque - 87 GW de plus.

Verdir les systèmes de chaud et de froid

Tous les Etats membres ont du potentiel à exploiter. Alors que la part des renouvelables dans le mix national variait en 2015 de 5 à 54% selon les pays, cet écart se réduirait. Selon l'IRENA, le système électrique européen est capable d'absorber le surplus d'énergies intermittentes, même si des efforts d'intégration transfrontalière pourraient s'avérer nécessaires. Mais il faudrait par ailleurs verdir les systèmes de froid et de chaleur, qui représentent un tiers du potentiel. Notamment grâce aux réseaux collectifs, qui desservent aujourd'hui 9% des consommateurs européens, mais aussi au déploiement de chauffe-eaux solaires thermiques ou de pompes à chaleur. Au-delà des seuls producteurs, il importe également de s'intéresser aux utilisateurs d'énergie et accentuant le recours à l'électricité. Notamment le secteur des transports, dans lequel la part d'énergies renouvelables pourrait atteindre 17% en 2030, le bâtiment (42%) et l'industrie (36%).

L'Europe cherche à retrouver son leadership

En plus des bienfaits en termes de climat, d'environnement et de santé publique, cette révision à la hausse des objectifs en matière d'énergies renouvelables serait selon l'IRENA la condition sine qua non pour entretenir la croissance du marché de façon à ce que l'Europe atteigne également son objectif de (re)devenir leader dans ce secteur, où elle se fait tailler des croupières par l'Asie - Chine en tête - et dans une moindre mesure par les Etats-Unis. Outre la création d'emplois et l'amélioration de la balance commerciale européenne, grâce au caractère décentralisé des énergies renouvelables, et à la répartition de ressources telles que la biomasse, ce développement accéléré pourrait aussi permettre de désenclaver certaines régions rurales et pauvres et de lutter contre la précarité énergétique.

Dominique Pialot

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Commentaires 16
à écrit le 30/03/2018 à 17:35
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A noter les derniers chiffres : https://www.enerdata.net/publications/executive-briefing/global-increase-wind-solar-capacities-2017.html?utm_source=Enerdata&utm_campaign=f387683b9c-Email_Daily_Energy_News_03_2018&utm_medium=email&utm_term=0_838b1c9d...

à écrit le 24/02/2018 à 8:43
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Il serait bon de remplacer "renouvelable" par "alternative" pour ces "énergies" puisqu'elles ne fonctionnent et ne produisent que lorsqu'il y a du vent (pas trop ou trop) pour l'éolien et du soleil (pas trop non plus par moment) pour les panneaux pho...

le 25/02/2018 à 17:02
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Aucun problème à l'intermittence, les scénarii RTE (l'opérateur qui assure la sécurité du réseau et en a donc la responsabilité) en intègrent dèjà 50% dès 2035 avec 46% de nucléaire. Au plan européen Entso-e confirme. Cà donne un stabilité et sécurit...

à écrit le 22/02/2018 à 11:02
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Peut-on enfin savoir quel est l'intérêt pour la France de dépenser un seul centime (et à contrario 4 milliards d'euros par an) pour des subventions au solaire et à l'éolien ? Ça n'est pas de décarboner notre électricité, car elle l'est déjà plus q...

le 25/02/2018 à 16:57
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Tout simplement parce notre parc nucléaire arrive en fin de vie et que les énergies renouvelables deviennent moins cher stockage inclus (voir rapports annuels groupe Lazard et autres) que le nucléaire. De plus les territoires, régions, communes, entr...

à écrit le 22/02/2018 à 10:45
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1 éolienne c'est 3000 tonnes de béton dans le socle (socle impossible à détruire par la suite à l'instar des bunker allemands: trop gros). 1 tonne de béton c'est environ 800 Kg de CO2. Sans parler de la production du mat, des pâles et de leurs tran...

à écrit le 21/02/2018 à 11:36
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Ce débat n'a aucun intérêt en Europe !!! L'objectif est de réduire la production des GES, en particulier du CO2. Il s'avère (sans évoquer les impacts à la fabrication: terres rares,...) que l'accroissement des énergies vertes augmente (indirectemen...

à écrit le 20/02/2018 à 14:10
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Je suis toujours étonné qu'on ne parle jamais de l'énergie géothermique, pourtant il fait chaud sous nos pieds et pour encore quelques milliers d'années. Est-ce un problème de technologie ? Et bien, lancez la recherche.

à écrit le 20/02/2018 à 10:06
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Malgrè les souhaits(les lois?) de la Commission Européenne la part des énergies renouvelables est de 17% et pourrait atteindre 24% ce qui techniquement serait déja un résultat remarquable sans oublier qu'une bonne part est constitué par l'énergie hyd...

à écrit le 20/02/2018 à 8:49
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2 études scientifiques nous montrent le coté obscure des énergies vertes. 1 - Le bilan des énergies renouvelables est très loin d'être vert. La Fondation pour la recherche sur la biodiversité vient de publier les conclusions d'un colloque intitu...

le 20/02/2018 à 23:43
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Hormis peut être le solaire thermique et la géothermie, aucune source d'énergie n'est sans conséquence sur la planète. Pour les énergies renouvelables, les conséaquences environnementales sont tout de même sans commune mesure avec les énergies fossil...

le 22/02/2018 à 10:46
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Si les ENR intermittentes retardent ou empêchent la sortie rapide des fossiles, ce qui semble être le cas dans pas mal de pays (Allemagne, Danemark, Espagne, Italie, etc), alors l'impact environnemental des ENR est massif par rapport à celui du nuclé...

à écrit le 19/02/2018 à 18:58
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- Pour le photovoltaïque : Quid du NF3 (tri-fluorure d'azote) ? Ce gaz, estimé 17 200 fois plus polluant que celui du CO2, est émis dans l'atmosphère lors de la fabrication des plaques. Si j'en crois le site Planetoscope nous en serions déjà à plus d...

le 19/02/2018 à 22:17
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Les chats, les immeubles, véhicules etc tuent très largement plus que toutes les éoliennes que beaucoup d'espèces d'oiseaux apprennent à éviter et dont les pales tournent lentement. Plus les éoliennes sont grandes moins ce problème se pose. Conce...

à écrit le 19/02/2018 à 18:18
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Les lobbies pétrolier et nucléaire veillent..... l'écologie ne sert qu'à justifier une fiscalité qui matraque le quidam....en lui renvoyant la responsabilité de la pollution...avez-vous vu par exemple le prix d'une voiture familiale hybride? Comment ...

le 20/02/2018 à 10:25
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Vous avez raison, il faut bien subventionner les moulins à vent qui ne produisent que ça d'ailleurs et au passage engraisser les lobbies verts.

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