Deux jours après que le gestionnaire du réseau de transport d'électricité RTE ait rassuré sur la sécurité d'approvisionnement pour l'été et l'hiver, le gestionnaire du réseau de transport de gaz s'est prêté au même exercice, ce vendredi 30 juin. Globalement, la France se trouve dans une meilleure posture que l'année dernière pour le passage de l'hiver, mais la consommation de gaz est attendue à la hausse. Voilà, en somme, le message qu'a délivré Thierry Trouvé, le directeur général du GRTgaz, à la presse lors d'un point organisé par l'Association des journalistes de l'énergie (AJDE).
Pas d'inquiétude sur le remplissage des stockages
Actuellement, les stockages de gaz en France se situent à 62% de leurs capacités, soit « quasiment le même niveau que l'année dernière à la même date », a souligné Thierry Trouvé. En comparaison, à l'échelle européenne, les stockages sont remplis en moyenne à 76%. « Cet écart [entre la moyenne française et européenne, ndlr] s'explique par le fait qu'il y a des contraintes techniques qui demandent de vider un peu les stockages avant de les remplir », précise le dirigeant.
En effet, les nappes aquifères dans lesquelles sont introduites les molécules de gaz naturel ont besoin de respirer pour maintenir leurs performances. Les stockages tricolores, dont neuf s'effectuent, dans ces couches perméables de roches, ont donc dû être, en partie, vidés au cours du printemps.
Mais alors que l'Agence internationale de l'énergie (AIE) alertait il y a quelques mois sur de possibles difficultés dans le remplissage des stockages de gaz européens pour l'hiver 2023-2024, la situation apparaît aujourd'hui beaucoup plus favorable. « Nous n'avons pas d'inquiétude particulière sur le remplissage des stockages cet été », a affirmé Thierry Trouvé. « Les stockages sont déjà bien remplis et la demande européenne est moins importante », a-t-il précisé. Et pour cause, l'Allemagne dispose désormais de trois terminaux méthaniers flottants lui permettant d'importer directement du Gaz naturel liquéfié (GNL), infrastructures qui n'existaient pas l'hiver dernier.
Des capacités d'importations supplémentaires
La France, elle aussi, va voir ses capacités d'importations de GNL s'accroître avec la mise en service à l'automne d'un terminal méthanier flottant au Havre, opéré par TotalEnergies. « Nous sommes confiants sur le fait que la mise en service se fasse bien le 15 septembre », a indiqué le patron de GRTgaz, qui a la responsabilité de réaliser le raccordement, tandis que la major pétro-gazière doit rapatrier l'infrastructure flottante depuis l'Asie et réaliser les adaptations nécessaires.
Ce nouveau terminal, très critiqué par les ONG environnementales, devrait permettre d'importer 20 térawattheures (TWh) supplémentaires pendant l'hiver. Selon les prévisions de GRTgaz, la France devrait aussi disposer d'1 TWh supplémentaire de biométhane par rapport à l'hiver dernier. Au total, l'Hexagone devrait donc bénéficier de 21 TWh additionnels.
Le gestionnaire du réseau de gaz s'attend, en revanche, à une « consommation plus élevée que celle de l'année dernière car les niveaux de prix sont plus faibles, et finalement, une partie de la sobriété répond à des signaux prix », a expliqué Thierry Trouvé.
La consommation va reprendre des couleurs
L'hiver dernier, la demande des grands industriels avait chuté de 24% par rapport à l'hiver 2018-2019. « Nous ne nous attendons pas à ce que la consommation revienne au niveau d'il y a deux ans, dès l'hiver prochain, mais elle va reprendre des couleurs », anticipe le dirigeant.
Pour l'heure, cette reprise n'est pas encore au rendez-vous, malgré la baisse des prix déjà constatée sur les marchés. « Le seul secteur qui a repris, c'est le secteur du raffinage. Pour les autres, nous ne voyons pas encore d'élément de reprise », constate Thierry Trouvé, qui explique ce phénomène par un « effet d'inertie dans les contrats d'approvisionnement », certains clients étant toujours liés par des contrats noués à une période où les prix étaient beaucoup plus élevés. Toute la question est donc de savoir quand cette consommation va redémarrer.
Toutefois, une partie de la destruction de la demande de gaz ne devrait pas se reconstituer. Les industriels, étant parvenu à réaliser des économies supplémentaires l'hiver dernier, devraient les maintenir dans le temps. « Ce sont des économies pérennes », estime Thierry Trouvé.
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