Gaz : « La demande industrielle n’est pas repartie », Dominique Mockly (Teréga)

Malgré le retour à des prix raisonnables du gaz, la baisse de la consommation des industriels à l’échelle nationale se maintient, observe Teréga. Le gestionnaire du réseau de transport de la molécule dans le sud-ouest de la France anticipe même une baisse pérenne de l’ordre de 10%.
Juliette Raynal
(Crédits : Reuters)

Une partie de la baisse de la consommation de gaz des industriels observée en 2022, en pleine crise énergétique, pourrait bien être pérenne. C'est en tout cas ce qu'anticipe Teréga, le gestionnaire du réseau de transport de gaz dans le sud-ouest de la France. « Aujourd'hui, la demande [de gaz] industrielle n'est pas repartie. Nous sommes encore à des niveaux à peu près équivalents à ceux de l'année dernière et nous n'avons pas encore vu s'amorcer la reprise de la consommation industrielle », a constaté Dominique Mockly, directeur général de Teréga, lors de sa conférence de presse annuelle ce jeudi 1er juin.

En 2022, la baisse moyenne de la consommation de gaz en France s'est établie à -9% avec des disparités. La demande a chuté de plus de 15% chez les particuliers et les petites entreprises et de 11% chez les industriels. En revanche, la consommation des centrales dédiées à la production d'électricité s'est, elle, envolée de 50%.

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Une baisse pérenne de 10%...

Chez les industriels, « la tendance est vraiment à la baisse », a insisté Gilles Doyhamboure, directeur commerce et régulation de Teréga. « L'effet sobriété est réel, ce n'est pas uniquement l'effet prix », complète-t-il. Un point de « non retour » qui pousse Teréga et GRTgaz à anticiper une sobriété de l'ordre de 10% pour les industriels dans le cadre de leurs prévisions pour le remplissage des stockages l'été et de consommation de gaz l'hiver. « Cette tendance-là, nous la considérons, à date, comme pérenne et nous allons la monitorer saison après saison », explique Gilles Doyhamboure. La flambée des prix aurait ainsi poussé les industriels à prendre davantage de mesures d'efficacité énergétique. « Ils ont trouvé de nouvelles économies d'énergie et ils vont les garder », prédit Dominique Mockly.

Pour autant, Teréga ne prévoit pas de revoir à la baisse ses capacités de stockage (33 térawattheures (TWh) sur un total de 133 TWh en France, le reste étant aux mains de Storengy, une filiale d'Engie) jusqu'ici calibrées de manière à être proportionnelles à la consommation nationale.

Ce niveau de stockage sera de nouveau discuté dans le cadre de la programmation pluriannuelle de l'énergie, qui découlera de la loi de programmation énergie-climat attendue à l'automne prochain. « Du côté de l'administration, il était initialement prévu de revoir à la baisse les niveaux de stockage », rappelle Gilles Doyhamboure.

...Mais un maintien, voire une hausse des capacités de stockage

Mais avec la fin de l'approvisionnement en gaz russe par pipeline et les risques associés en termes de sécurité d'approvisionnement, le niveau actuel devrait être maintenu. « Nous nous attendons, a minima, à un statu quo et nous proposons des capacités additionnelles », explique le directeur commerce et régulation. Teréga souhaiterait, en effet, gonfler ses capacités d'un térawattheure.

Storengy, qui compte 14 sites de stockage en France pour une capacité totale de 100 TWh, lui aussi aimerait, augmenter ses capacités de l'ordre de 6%, soit 6 TWh supplémentaires. Dans cette optique, les deux opérateurs mènent actuellement des discussions avec la Direction générale de l'énergie et du climat (DGEC). Si elles aboutissaient, elles conduiraient à un changement de paradigme : à l'avenir, le niveau de stockage de gaz ne serait plus forcément proportionnel à la consommation annuelle de gaz naturel. Cette activité serait davantage considérée comme un pilier de la souveraineté énergétique afin de stocker plus de molécules dans le pays.

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Dernier argument mis en avant : ces capacités supplémentaires seraient dotées directement d'équipements compatibles avec le stockage d'hydrogène vert et ne seraient donc pas en contradiction avec la sortie des énergies fossiles.

Juliette Raynal

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Commentaires 2
à écrit le 01/06/2023 à 20:10
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C'est tout à fait logique puisque des sociétés ont transférées leurs productions vers leurs sites qui disposent de l'énergie requise par le procédés de fabrications. Et le "marché" (cartel) de l'énergie européen ne va pas aider la france à se réindus...

à écrit le 01/06/2023 à 19:54
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Heureusement que la France s’était opposée à l'Allemagne et à l'Espagne en 2022. Ces 2 pays faisaient bloc, il y a un an, pour relancer la construction d'un gazoduc entre la Catalogne et le sud de la France, baptisé MidCat. Le projet avait été aband...

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