Japon : Tepco autorisé à redémarrer deux réacteurs nucléaires

L’opérateur, reconnu responsable de la catastrophe de Fukushima en 2011, vient de recevoir l’aval de l'autorité japonaise de régulation nucléaire. Cette décision constitue un tournant dans la politique énergétique du pays.
Dominique Pialot
L'opérateur japonais reçoit le feu vert pour redémarrer deux de ses réacteurs

La décision annoncée mercredi 27 décembre par l'autorité japonaise de régulation nucléaire est une première à plusieurs titres. D'abord parce qu'elle concerne des réacteurs opérés par Tepco, jugé responsable plusieurs tribunaux locaux de l'accident nucléaire de Fukushima et condamnée à des amendes. Cet accident était survenu le 11 mars 2011 à la suite d'un séisme maritime suivi d'un tsunami, dans la centrale de Daiichi alors opérée par Tepco. C'est également une première parce qu'elle porte sur le même modèle de réacteurs à eau bouillante (REB ou BWR en anglais) que ceux dont le cœur avaient fondu à Fukushima suite à la coupure du système de refroidissement provoquée par le tsunami.

14 réacteurs sur 54 définitivement arrêtés

Cette approbation qui intervient à l'issue de plusieurs semaines d'audiences publiques entérine le fait que les deux réacteurs de 1.356 mégawatts chacun qui composent les tranches 6 et 7 de Kachiwazaki-Kariwa dans la préfecture de Niigata (nord-ouest) sont conformes aux nouvelles normes nationales de sûreté nucléaire. Celles-ci entraînent des surcoûts tels que, sur les 54 réacteurs que comptait le pays avant la catastrophe de Fukushima, seuls 5 sont actuellement en service (tous de type à eau pressurisée - REP ou PWR),  et 14 ne rédémarreront jamais. Pas plus tard que la semaine dernière, l'opérateur Kansai Electric Power a renoncé à solliciter la prolongation de deux réacteurs d'une centrale vieillissante.

Cette décision marque un réel tournant dans la politique nucléaire japonaise, notamment parce que c'est la première fois que des réacteurs de cette catégorie, la même que ceux impliqués dans la catastrophe de Fukushima, sont autorisés à redémarrer dans le pays depuis 2011.

Bras de fer entre Tepco et le gouverneur de la province

Néanmoins, pour ce qui est de la centrale Kachiwazaki-Kariwa de Tepco, il lui reste encore à obtenir l'autorisation des autorités de la province de Niigata où elle se situe. Or son gouverneur  s'est montré réticent au redémarrage de cette centrale qui, avec sept tranches, est la plus puissante du pays, qui plus est située, comme celle de Fukushima, en bord de mer du Japon. Mise à l'arrêt après avoir été endommagée par un séisme en 2007, elle a ensuite vu son redémarrage reporté en raison de son besoin de mise en conformité avec les nouvelles exigences de sûreté nucléaire après 2011.

Mais Tepco ne désarme pas et va poursuivre ses actions d'information auprès des riverains de la centrale pour répondre à leurs inquiétudes, comme l'a déclaré un porte-parole du groupe à l'AFP.

Dominique Pialot

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Commentaires 2
à écrit le 29/12/2017 à 9:32
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Des centaines de milliards de dégâts pour un résultat inconnu, les actionnaires de TEPCO ont fait n'importe quoi avec leurs centrales nucléaires, c'était même criminel de virer des sécurités mais tout va bien ces gens là n'ont jamais été inquiétés et...

le 02/01/2018 à 16:24
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Le problème n'est pas l'argent ou la démocratie mais un cadre réglementaire inadapté. C'est parfaitement démocratiquement que le Japon a mis en place une autorité de sûreté qui n'était pas à la hauteur, et un système qui était vicié malgré toutes...

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