La fin du nucléaire en Belgique pousse Engie dans le rouge

Les résultats de l'énergéticien sont plombés par une importante dépréciation de ses actifs nucléaires en Belgique, qui entend sortir de l'atome dès 2025. Le groupe annonce par ailleurs sa sortie du charbon et dévoilera son nouveau plan stratégique en mai prochain.
Juliette Raynal
(Crédits : CHARLES PLATIAU)

Engie plonge dans le rouge. Ce n'était pas arrivé depuis 2016. Ce vendredi 26 février, l'énergéticien a présenté une perte nette de 1,5 milliard d'euros, contre un bénéfice de 1 milliard d'euros un an plus tôt. Cette dégradation s'explique surtout par la dépréciation de 2,9 milliards d'euros sur ses actifs nucléaires en Belgique, le royaume ayant prévu de sortir de l'atome dès 2025.

En Belgique, Engie exploite sept réacteurs nucléaires via sa filiale locale Electrabel. Ces réacteurs, d'une puissance totale de près de 6.000 mégawatts (MW) et répartis sur les sites de Doel à Anvers et à Tihange, le long de la Meuse, assurent la moitié de la consommation d'électricité du pays. Ils ont été mis en service au début des années 80.

Pas de prolongation des réacteurs nucléaires

Malgré la volonté du royaume de sortir du nucléaire, Engie estimait initialement qu'une prolongation de 10 ou 20 ans de deux de ses réacteurs était possible au-delà de 2025. Sans trancher définitivement, le gouvernement avait en effet laissé ouverte cette possibilité afin de sécuriser l'approvisionnement en électricité du pays pendant une période de transition. Mais à la surprise de tous, l'énergéticien avait annoncé en novembre dernier arrêter tous ses projets liés à une éventuelle prolongation de la vie des réacteurs.

"A la suite des annonces du gouvernement belge au quatrième trimestre 2020, il a été décidé d'arrêter tous les travaux de préparation qui permettraient de prolonger de 20 ans deux unités au-delà de 2025 car il semble peu probable que cette prolongation puisse avoir lieu, compte tenu des contraintes techniques et réglementaires", explique aujourd'hui Engie dans un communiqué de presse.

C'est ce changement d'hypothèse de durée de vie qui a conduit, entre autres, à comptabiliser une dépréciation de 2,9 milliards d'euros.

Amélioration en vue pour 2021

Engie a également été pénalisé par la crise sanitaire, qui a touché notamment ses activités de distribution, en particulier en France. Au total, le groupe dirigé par Catherine MacGregor depuis le 1er janvier dernier, a chiffré l'impact de la pandémie sur son résultat à 1,18 milliard d'euros, dont 600 millions d'euros pour le seul département "Solutions clients".

L'énergéticien prévoit toutefois "une amélioration significative des performances financières en 2021" et table sur un résultat net récurrent part du groupe compris entre 2,3 et 2,5 milliards d'euros. Cette estimation prend en compte la vague de froid extrême qui a touché le Texas au début du mois et qui a affecté ses activités dans les renouvelables et dans la fourniture d'énergie.

Sortie du charbon dès 2025 en Europe

Le groupe s'est aussi engagé vendredi à sortir du charbon en Europe d'ici 2025 et dans le monde d'ici 2027. Engie exploite encore actuellement 10 centrales à charbon réparties entre le Portugal, le Maroc, le Chili, le Brésil et le Pérou, pour un total de 4 GW, soit environ 4% de son portefeuille total de production d'électricité centralisée.

Malgré cette annonce positive pour le climat, plusieurs ONG environnementales regrettent la possibilité qu'Engie puisse convertir certaines de ces centrales vers des énergies non renouvelables, comme le gaz naturel, une énergie fossile.

"Engie a aussi fait savoir qu'il pourrait vendre certaines centrales. Si cela lui permettrait de décarboner son portefeuille, cela n'entraînera pas de réelles réductions des émissions de CO2 dans le monde réel. Engie a déjà vendu 14 centrales au charbon représentant 54% de sa capacité (11 356 MW) depuis la COP21", rappellent Reclaim Finance et les Amis de la Terre.

Nouveau plan stratégie en mai

Les deux associations appellent ainsi le groupe "à s'engager explicitement à assurer la fermeture de ses centrales à charbon".

Côté renouvelables, ils représentent aujourd'hui 31% de son portefeuille, contre 28% fin 2019. Engie prévoit de mettre en service 3GW supplémentaires en 2021 et des investissements compris entre 5,5 et 6 milliards d'euros. Une part conséquente devrait être consacrée aux renouvelables. Sa nouvelle orientation stratégique sera dévoilée le 18 mai prochain.

Juliette Raynal

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 3
à écrit le 26/02/2021 à 18:03
Signaler
le nucléaire et le charbon représente environ 70% de la production d'électricité en Belgique. J'aimerais bien qu'il m'explique par quel miracle ils remplaceront cette production en 5 à 7 années.

à écrit le 26/02/2021 à 17:37
Signaler
Vont pédaler à la place parce que l'éolien, c'est quand même pas d'un grande capacité à produire de l'électricité, surtout quand il n'y a pas de vent, voire trop.

à écrit le 26/02/2021 à 13:07
Signaler
personne ne doute qu'au premier black out, la belgique hurlera qu'il faut faire plein d'investissements pas rentables pour donner du courant gratuit de preference a tous les belges et si les partenaires ne peuvent pas fournir, ca va pousser des cris...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.