Cession d’actifs : Engie fait son tri, les syndicats s'inquiètent

L'énergéticien veut faire le ménage dans ses activités de services. Il prévoit de les diviser en deux catégories : celles qui restent dans son giron, centrées sur les questions énergétiques, et qui représentent 35.000 employés. Celles qui sortiront de son orbite : elles représentent environ 74.000 employés et seront regroupées au sein d'une nouvelle entité chapeau. La CGT s'inquiète d'un démantèlement complet du groupe et des risques forts d'OPA.
Juliette Raynal
(Crédits : Benoit Tessier)

La stratégie de cession d'actifs d'Engie se précise. En juillet dernier, l'énergéticien avait annoncé une nouvelle orientation stratégique visant à simplifier le groupe et à donner un coup d'accélérateur sur les énergies renouvelables et les infrastructures gazières et urbaines. Cette stratégie s'est matérialisée dès le mois d'octobre avec la vente d'une participation de 29,9% dans Suez pour 3,4 milliards d'euros. Le groupe, présidé par Jean-Pierre Clamadieu, entend désormais faire le tri dans ses activités de services, qui représentent environ 20 milliards de chiffre d'affaires (sur un chiffre d'affaires global du groupe de 60 milliards environ). Il étudie en parallèle les possibilités de se défaire de participations minoritaires. Ce vendredi 13 novembre, Engie a précisé son découpage en deux catégories.

On sait désormais que l'énergéticien souhaite conserver les activités centrées sur les réseaux urbains de chaleur et de froid, la production d'énergie décentralisée, l'efficacité énergétique (opérée notamment par sa filiale Cofelis), la ville intelligente, la mobilité verte et l'ingénierie. Ces activités de service, qui resteraient au sein d'Engie, représentent environ 35.000 employés et entre 7 et 8 milliards d'euros de revenus, soit environ un tiers du chiffre d'affaires total des activités de services.

Création d'une nouvelle entité à l'avenir incertain

Les autres services, ceux qui doivent sortir de l'orbite d'Engie, seront regroupés dans une nouvelle entité, qui doit encore être créée. Celle-ci représentera environ 74.000 employés, principalement situés en Europe, et un chiffre d'affaires compris entre 12 et 13 milliards d'euros. L'avenir de cette entité - entre vente, introduction en Bourse, et ouverture du tour de table - doit en revanche encore être déterminé.

Très concrètement, elle rassemblera les activités d'installations électriques, de chauffage, de ventilation et de climatisation ainsi que les services liés à l'information et la communication, explique le groupe dans un communiqué. Il s'agit des activités qui "sont loin des métiers énergétiques", avait expliqué Jean-Pierre Clamadieu, le 4 novembre dernier, lors de son audition devant la commission des Affaires économiques du Sénat, tout en reconnaissant que le groupe n'avait pas réussi "à créer au fil des années des synergies suffisantes". A titre d'exemple, Ineo, qui réalise des opérations de maintenance dans les immeubles et dont les contrats moyens s'élèvent à quelques dizaines de milliers d'euros, devrait faire partie de cette nouvelle entité et donc sortir du giron d'Engie.

La vente de GTT envisagée

En parallèle, l'énergéticien a annoncé avoir entamé une revue stratégique de sa participation dans GTT, spécialiste du gaz liquéfié, dont il détient 40,4% du capital. Le groupe explique envisager de vendre tout ou partie de cette participation, via une vente classique à un tiers ou une vente sur les marchés.

Le processus de consultation des instances représentatives du personnel compétentes devrait commencer au cours du 1er trimestre 2021 précise par ailleurs Engie, alors que la CGT s'alarme déjà dans un communiqué d'un "démantèlement complet du groupe" à venir et met en garde contre "des rachats et reventes en cascade, et au final, des risques sociaux énormes".

Crainte "d'un démantèlement complet"

Interrogé sur ce point par les sénateurs la semaine dernière, Jean-Pierre Clamadieu avait rétorqué :

"Je ne suis pas sûr que de se recentrer sur les métiers qui sont au cœur des savoir-faire du groupe constitue les prémices d'un démantèlement". Et de poursuivre : "Engie, dans sa culture, est un groupe industriel, à l'aise dans le développement de grands projets. (...) Nous n'avons pas le savoir-faire pour gérer des activités aussi capillaires [en référence aux activités de services qui doivent être cédées comme celles d'Ineo, ndlr]. Ce sont des métiers très très différents et pour moi, ce n'est pas un démantèlement mais un renforcement d'Engie sur les métiers les plus importants"

La CGT s'inquiète, elle, des "risques forts d'OPA sur le groupe qui rétrécit à vue d'œil". "Total est à l'affût pour racheter le négoce, le commerce et les énergies renouvelables", avance le syndicat. Il dénonce un projet qui doit permettre "aux actionnaires de vendre le groupe au meilleur prix et de s'en dégager".

La CGT estime, par ailleurs, qu'Engie ne pourra jamais combler son retard dans les énergies renouvelables. "Engie ne sera pas le leader des ENR", est-il écrit dans le communiqué de presse, alors que son président assure qu'Engie est un très gros acteur au plan mondial. Nous sommes "au niveau des plus grands que sont Enel, Iberdrola et EDF", a-t-il affirmé devant les sénateurs.

Parallèlement à la cession de ses activités de services, Engie a également mis en vente en octobre sa filiale Endel. Celle-ci emploie quelque 7.000 personnes, principalement en Europe, et est spécialisée dans les activités de maintenance industrielle et nucléaire. Lors de cette annonce, l'énergéticien avait indiqué qu'il serait "exigeant sur la qualité du projet stratégique et industriel d'éventuels acquéreurs, qui devront démontrer que leur projet est attractif pour les clients, les salariés et les managers de l'entreprise". "Les réflexions menées n'induisent pas, en tant que telles, d'impact en matière d'emplois", avait-il précisé.

(Avec AFP)

Juliette Raynal

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Commentaire 1
à écrit le 13/11/2020 à 18:36
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les syndicats sont inquiets ils sont assis sur un tas d'or de rentiers, et ca risque de leur poser pb effectivement

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