La start-up Wind my Roof, prête à déployer ses éoliennes cubiques sur les toitures

La technologie de cette start-up francilienne ne ressemble en rien à une éolienne classique. Ici, pas de mât, ni de grandes pales. L'entreprise francilienne a conçu une éolienne d'un nouveau genre, adaptée aux environnements urbains. Elle prend la forme d'une box de 4m2, intégrant une petite turbine, qui se fixe sur le bord des toits plats des bâtiments.
Juliette Raynal
(Crédits : Wind my roof)

Exploiter le vent présent au cœur des villes pour produire de l'électricité au plus proche des besoins de consommation afin de limiter les déperditions lors du transport. Plusieurs entreprises s'y sont déjà risquées, mais peu sont parvenues à tirer leur épingle du jeu, à l'image de New Wind, l'inventeur de l'arbre à vent, placé en liquidation judiciaire en 2017.

D'autres ont misé sur le déploiement de petites éoliennes verticales installées sur le toit des bâtiments, se confrontant toutefois à des problématiques d'ordre mécanique : un vent perturbé par de fortes turbulences empêchant une production efficace d'électricité. Ce passif n'effraie pas la jeune pousse Wind my Roof, qui s'apprête à commercialiser ses premières éoliennes adaptées au milieu urbain

Une box de 4m2

La technologie de cette start-up francilienne, fondée en 2018 par Antoine Brichot et Yanis Maacha, deux ingénieurs de l'Ecole nationale des ponts, ne ressemble en rien à une éolienne classique. Ici, pas de mât, ni de grandes pales. La start-up a conçu une éolienne d'un nouveau genre, qui prend la forme d'une box de 1,5m de haut, intégrant une petite turbine.

"Le seul endroit intéressant sur le toit d'un immeuble c'est le parapet. C'est à cet endroit que l'on place notre éolienne pour récupérer un vent accéléré. Avec une box de 4m2 de surface, nous sommes capables de produire autant d'énergie qu'une éolienne de 3 mètres de haut", assure Antoine Brichot.

Dans le détail, un module Wind my Roof, qui embarque des panneaux solaires sur le dessus, pourrait produire entre 1,5 et 2 MWh par an, en fonction de la géographie du bâtiment. "A titre de comparaison, 2 MWh c'est l'énergie produite par 10 m2 de panneaux solaires", souligne Antoine Brichot.

Une 1ère expérimentation à La Défense

Accompagnée par Leonard, l'incubateur de start-up du groupe Vinci, Wind my Roof a déjà développé plusieurs prototypes dont deux sont actuellement expérimentés sur la parvis de La Défense à Paris. Ils sont destinés à la recharge d'un parc de 900 trottinettes électriques.

Outre la mobilité, Wind my Roof vise surtout des usages d'autoconsommation sachant qu'un ménage moyen consomme 2,7 MWh par an, selon l'agence de la transition écologique (Ademe). "Au vu de l'évolution des prix d'électricité, nous estimons que notre technologie peut permettre à un foyer d'économiser 300 euros par an sur sa facture d'électricité", avance Antoine Brichot.

Aujourd'hui, la jeune pousse planche sur des projets aux configurations variées : "sur des bâtiments de bureaux en ville, des Ehpad à la campagne, des bâtiments logistiques dans une Zac". Et situés dans de nombreuses régions : du nord de la France à la région Sud, en passant par la Normandie et le Sud Ouest. Elle cible en premier lieu les entreprises du tertiaire et les industriels, tandis que les collectivités se montrent plus frileuses à expérimenter cette nouvelle technologie.

Une production made in France

Grâce à une première levée de fonds de 700.000 euros menée auprès d'Inerbiz, le fonds d'investissements de Vinci Energies, de l'accélérateur européen EIT InnoEnergy et de Bpifrance, Wind my roof  travaille aujourd'hui à produire une première série d'une centaine de modules, "dont une partie est déjà assurée d'être vendue", précise l'entrepreneur. La quasi-totalité du module sera produite en France, à l'exception de quelques composants électroniques provenant de Chine. Et, Wind my Roof se chargera de l'assemblage dans un premier temps afin "de garder un oeil sur la qualité".

A cette échelle, le coût de production d'un module s'élèvera à 5.000 euros. A l'horizon 2023, la start-up espère diviser ce coût par deux grâce à des économies d'échelle. Si ce niveau est atteint, le coût de production d'électricité pourrait alors se situer aux alentours de 10 centimes le kilowattheure.

Le coût de production de l'électricité photovoltaïque, lui, peut d'ores et déjà descendre jusqu'à 7 centimes d'euros le kilowattheure. Pour se distinguer, Wind my Roof met en avant la faible empreinte environnementale de sa technologie. "Nous allons produire de l'électricité quatre fois moins carbonée que le mix moyen français. Nous sommes en dessous de 25 grammes d'équivalent CO2 par kilowattheure produit", explique le dirigeant de la société, qui favorise des matériaux recyclés pour la construction de ses modules dont la durée de vie est actuellement de 20 ans. "Et l'objectif est d'arriver à 30 ans", indique Antoine Brichot. Autre argument face au photovoltaïque : l'absence de problèmes d'encrassage et des besoins de maintenance beaucoup plus faibles.

Développement international indispensable

Wind my Roof table enfin sur une grande complémentarité entre les deux technologies, qui peuvent être combinées sur les toits afin de produire de l'électricité tout au long de l'année : l'éolien étant plus performant l'automne et l'hiver et le solaire le printemps et l'été.

L'entreprise, qui a engendré 150.000 euros de revenus cette année, prévoit un chiffre d'affaires compris entre 500 et 600.000 euros pour 2021. Elle entend engager ses premières actions à l'international dès la fin 2022, indispensables pour atteindre les volumes de production visés, et cible l'équilibre financier en 2023.

Sur ce nouveau marché de l'éolien urbain, Wind my Roof n'est pas seule. Elle devra rivaliser avec d'autres concurrents tels que le lillois Unéole, la société suisse Anerdgy ou encore l'allemand Neoventi.

Juliette Raynal

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Commentaires 6
à écrit le 25/11/2020 à 17:42
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Ca fait 16 ans que je vois des gentils gaulois vouloir trouver la pierre philosophale. Allez passer 2 jours chez Dewi et regardez les 4 modèles qu ils ont développé sur les 9 possibles. L eolien urbain turbulent est un non sens technique et économiq...

à écrit le 24/11/2020 à 13:45
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Difficile de comprendre l'entêtement à ne construire que des éoliennes à axe horizontal. Sur les toits d'immeubles avec des changements de sens continuels les verticales à stator fixe et rotor inversé, démarrant dès 5 m/s sont idéales, de plus silen...

à écrit le 23/11/2020 à 22:46
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Ca fait 16 ans que je vois des gentils gaulois vouloir trouver la pierre philosophale. Allez passer 2 jours chez Dewi et regardez les 4 modèles qu ils ont développé sur les 9 possibles. L eolien urbain turbulent est un non sens technique et économiq...

à écrit le 23/11/2020 à 19:49
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Je propose que ces boites soient installées dans les studios des chaines d'information en continu. Ils n'arrêtent pas de brasser du vent. On peut aisément viser l'indépendance énergétique en 6 mois

à écrit le 23/11/2020 à 16:45
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Ah les turbulences, les éoliennes privées, elles doivent être hautes sur mât, car près de la toiture, l'air est turbulé et le rendement affecté, ça risque de produire très peu (et être jamais rentable) sauf à se faire conseiller par un pro du domaine...

à écrit le 23/11/2020 à 16:32
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!!Le rendement doit pas être terrible!

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