Les revenus gaziers de Shell attendus en forte baisse au deuxième trimestre

En amont de la publication de ses résultats trimestriels le 27 juillet prochain, le géant des hydrocarbures a annoncé que ses ventes de gaz devraient ressortir « nettement en baisse » comparé au début de l'année. Et ce, malgré une production stable. Le patron de Shell a par ailleurs de nouveau créé la controverse auprès des défenseurs de l'environnement ce jeudi, déclarant qu'il serait « dangereux » de réduire la production d'hydrocarbures au risque de faire rebondir les cours du brut ou du gaz et d'aggraver la hausse du coût de la vie.
Au premier trimestre, Shell avait enregistré un bénéfice net en progression de 22% sur un an, à 8,7 milliards de dollars (7,9 milliards d'euros), et un chiffre d'affaire en augmentation de 7%, à 89 milliards de dollars (80 milliards d'euros).
Au premier trimestre, Shell avait enregistré un bénéfice net en progression de 22% sur un an, à 8,7 milliards de dollars (7,9 milliards d'euros), et un chiffre d'affaire en augmentation de 7%, à 89 milliards de dollars (80 milliards d'euros). (Crédits : Toby Melville)

Après des mois d'une activité au beau fixe, la roue tourne pour Shell. Le géant des hydrocarbures a annoncé ce vendredi 7 juillet que ses ventes de gaz devraient ressortir « nettement en baisse » dans ses résultats du deuxième trimestre, qui seront publiés le 27 juillet prochain. Des dépréciations jusqu'à 3 milliards de dollars après impôts sont attendues dans les comptes de ces trois mois, même si elles n'auront « pas d'impact sur la trésorerie », assure le groupe.

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Dans un communiqué, Shell précise aussi que sa production d'hydrocarbures est anticipée en repli comparé au premier trimestre en raison de maintenance dans le Golfe du Mexique, en Norvège, Malaisie et Brésil.

Suite à ces déclarations, l'action du groupe réagissait toutefois peu : -0,18% à 2.260,50 pence en début de séance à la bourse de Londres.

Coup de frein après des trimestres « impressionnants »

Russ Mould, analyste de AJ Bell, estime, lui aussi, qu'il faut s'attendre pour Shell à des résultats « moins impressionnants que lors des récents trimestres ». Au premier trimestre, le groupe avait enregistré un bénéfice net en progression de 22% sur un an, à 8,7 milliards de dollars (7,9 milliards d'euros), et un chiffre d'affaires en augmentation de 7%, à 89 milliards de dollars (80 milliards d'euros), grâce notamment à une baisse des dépenses opérationnelles et d'une meilleure performance en chimie. À noter toutefois que les résultats du premier trimestre 2022 de Shell étaient amoindris par une lourde charge de 3,9 milliards de dollars du fait de sa sortie de Russie après le déclenchement de la guerre en Ukraine.

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Les autres majors du secteur avaient aussi affiché des résultats sectoriels flamboyants sur les trois premiers mois de l'année 2023. Ensemble, BP, Shell, ExxonMobil, Chevron et TotalEnergies ont enregistré plus de 40 milliards de dollars (36 milliards d'euros) de bénéfices ce premier trimestre. Ce, après une année 2022 de résultats record en raison de l'envolée des cours des hydrocarbures générée par l'invasion russe de l'Ukraine.

Nouvelle controverse sur fond de transition écologique

Shell a par ailleurs créé la controverse auprès des défenseurs de l'environnement ce jeudi. Son directeur général, Wael Sawan, a estimé sur la BBC qu'il serait « dangereux » de réduire la production d'hydrocarbures, arguant que cela risquait de faire rebondir les cours du brut ou du gaz et d'aggraver la hausse du coût de la vie. Il a affirmé que le monde avait encore « désespérément besoin de pétrole et gaz » car le virage vers les énergies renouvelables n'est pas assez rapide pour les remplacer.

Le géant pétrolier était par ailleurs revenu le mois dernier sur l'engagement de réduire sa production de brut de 1 à 2% par an, et table désormais sur une production « stable » jusqu'en 2030. Des annonces qui s'étaient accompagnées de plus de redistribution de trésorerie aux actionnaires.

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Opération séduction

Shell n'est pas la seule major à avoir annoncé ralentir ses actions en faveur de la transition énergétique. L'autre britannique, BP, l'avait aussi fait savoir en février, en marge de résultats record. Des mesures qui sont largement destinées à séduire les investisseurs alors que les valorisations des majors pétrolières britanniques restent très inférieures à celle de leurs rivales américaines. Mais elles pourraient aussi avoir pour conséquence des « pressions réglementaires et politiques plus fortes », estime Russ Mould.

Le directeur général de Shell n'a en outre pas exclu que Shell fasse migrer son siège social et sa cotation boursière aux États-Unis à moyen terme, critiquant notamment les impôts exceptionnels sur les bénéfices pétroliers et gaziers mis en place par le gouvernement britannique en pleine crise du coût de la vie. Ce qui serait « un autre coup porté à la place londonienne », remarque Russ Mould.

(Avec AFP)

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Commentaire 1
à écrit le 07/07/2023 à 16:58
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Pour le déménagement du siège social, TotalEnergies devrait peut-être s'en inspirer: son AG pourrait se tenir plus tranquillement; d'ailleurs, son actionnariat n'est-il pas majoritairement non français? Il ne manque pas de pays, non européens, qui l'...

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