Shell passe à la caisse. La major a annoncé ce vendredi que les taxes sur les profits dans l'UE et au Royaume-Uni allaient lui coûter « autour de 2 milliards de dollars » dans un communiqué.
Shell précise toutefois que ces montants seront traités en éléments exceptionnels et n'auront pas d'impact sur son résultat trimestriel ajusté (hors exceptionnel, le ratio le plus suivi par les analystes) avec également « un impact limité en termes de trésorerie ». Shell publiera ses résultats annuels et ceux du quatrième trimestre 2022 le 2 février.
Deux contributions exceptionnelles pour Shell
Fin novembre, le gouvernement britannique avait annoncé que la taxe sur les bénéfices du pétrole et du gaz forés en mer du Nord, augmenterait de 25% à 35% et serait prolongée de trois ans, jusqu'en 2028. Cette taxe avait vu le jour en mai. Londres compte ainsi mettre à contribution des entreprises qui ont vu leurs bénéfices s'envoler avec la flambée énergétique depuis le début de la guerre en Ukraine. Sinead Gorman, la directrice financière du groupe, avait indiqué que l'entreprise n'avait pas encore payé de contribution supplémentaire en raison de dépenses d'investissements élevées en mer du Nord, mais qu'elle s'attendait à la verser au premier trimestre 2023.
A cette fiscalité exceptionnelle du Royaume-Uni s'ajoute une autre contribution dans l'Union européenne. Les 27 ont adopté fin septembre une « contribution temporaire de solidarité » censée être payée par les producteurs et distributeurs de pétrole, de gaz et de charbon qui ont réalisé d'énormes bénéfices grâce à la flambée des cours consécutive à la guerre en Ukraine.
Les énergéticiens vent debout contre les taxes sur les « superprofits »
Au troisième trimestre, Shell et TotalEnergies avaient à eux deux encaissé plus de 13 milliards de dollars de bénéfices, principalement grâce à la hausse des prix de l'énergie suite à l'invasion de l'Ukraine par la Russie et la coupure du gaz provenant de Moscou à l'Europe. Résultat, si cette situation fait la part belle aux énergéticiens, elle met nombre de particuliers et professionnels dans une situation économique difficile. Partout en Europe, la flambée des factures énergétiques pèsent sur les budgets. Au Royaume-Uni, 3 millions de personnes doivent renoncer à se chauffer cet hiver.
Ces deux taxes sont justifiées par les Etats comme une contribution aux aides contre l'inflation versées à leur population et leurs entreprises pour les protéger de la hausse de l'énergie. Selon Bercy, la taxation exceptionnelle sur les activités pétrolières décidées par l'UE et intégrée dans le budget 2023 devrait rapporter 200 millions d'euros
De leur côté, les grands groupes pétroliers et gaziers ont longtemps fait pression contre ces taxations exceptionnelles. Le français TotalEnergies a annoncé réduire d'un quart ses investissements prévus en mer du Nord britannique l'an prochain, après l'augmentation par Londres de sa « windfall tax » sur les bénéfices record des géants énergétiques.
L'ancien patron de Shell avait « accepté » la taxe sur les superprofits
L'ex-patron de Shell, Ben van Beurden, remplacé depuis le 1er janvier par Wael Sawan, avait de son côté estimé en octobre qu'une plus ample contribution du secteur à la protection des ménages les plus durement frappés par la flambée énergétique était « une réalité sociale » qu'il fallait « accepter ».
Le géant français du gaz Engie qui a vu son chiffre d'affaires grimper de 85% en neuf mois à 69,3 milliards d'euros son résultat d'exploitation (Ebit) de 84,4% à 7,3 milliards en 2022, a de son côté estimé que cette décision aura « un impact de 1,2 à 1,5 milliard d'euros sur son résultat opérationnel » cette année. Le groupe a cependant indiqué qu'il se réserve « la possibilité de contester les taxes qui, selon son avis, ne respecteraient pas le cadre légal existant ».
(Avec AFP)
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