Shell poursuit sur sa lancée et affiche des bénéfices en hausse au premier trimestre

Le major britannique voit son bénéfice net bondir de 22% au premier trimestre 2023 sur un an. L'année 2022 marquait déjà un exercice record avec 40 milliards de dollars de profits. Ensemble, BP, Shell, ExxonMobil, Chevron et TotalEnergies affichent plus de 40 milliards de dollars (36 milliards d'euros) de bénéfices ce trimestre.
Shell avait déjà réalisé 40 milliards de dollars de bénéfices en 2022.
Shell avait déjà réalisé 40 milliards de dollars de bénéfices en 2022. (Crédits : ANTON VAGANOV)

Shell commence 2023, comme il a fini l'an passé. Le major pétrolier britannique a présenté ce jeudi 4 mai un bénéfice en forte hausse au premier trimestre par rapport à la même période de l'année dernière. Alors que le chiffre d'affaire a progressé de 7%, à 89 milliards de dollars (80 milliards d'euros), le bénéfice net du groupe progresse de 22% sur un an à 8,7 milliards de dollars (7,9 milliards d'euros). Le bénéfice ajusté, indicateur le plus scruté par les marchés, lui, affiche une progression plus modérée de près de 6% à 9,6 milliards de dollars (8,7 milliards d'euros).

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Les résultats ont notamment bénéficié d'une baisse des dépenses opérationnelles et d'une meilleure performance en chimie. Ces résultats méritent toutefois d'être nuancés. En effet, les résultats du premier trimestre 2022 de Shell étaient amoindris par une lourde charge de 3,9 milliards de dollars du fait de sa sortie de Russie après le déclenchement de la guerre en Ukraine.

Dans un communiqué, son directeur général de Shell Wael Sawan a vanté ce jeudi de « solides » résultats. Il a précisé que Shell comptait démarrer un programme de rachat d'actions de 4 milliards de dollars pour les trois prochains mois. Le groupe prévoit également d'augmenter sa production de gaz au premier trimestre par rapport au dernier trimestre 2022.

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Cette annonce poussait l'action qui prenait 2% en début de séance ce jeudi matin à 2.378,50 pence à la Bourse de Londres. Michael Hewson, analyste de CMC Markets, note que l'action s'est repliée depuis mars sur une « combinaison d'inquiétudes sur un ralentissement de la demande » mondiale, vu les risques de récession et crise bancaire qui persistent, « et à cause d'un repli prononcé des cours du pétrole et gaz » depuis un an.

« Malgré les pressions sur les prix du brut, Shell distribue de vastes quantités de cash » à ses actionnaires, « mais cela devrait raviver sans aucun doute les appels à plus de contributions aux coffres du Trésor », juge Derren Nathan, analyste de Hargreaves Lansdown.

Ensemble, BP, Shell, ExxonMobil, Chevron et TotalEnergies affichent plus de 40 milliards de dollars (36 milliards d'euros) de bénéfices ce trimestre.

Des bénéfices et une activité dans le viseur des écologistes

Comme son concurrent TotalEnergies en France, les bons résultats du premier trimestre de Shell, après une année 2022 record - qui a vu son bénéfice culminer à 40 milliards de dollars (36 milliards d'euros) du fait de l'explosion des prix des hydrocarbures - risquent de le mettre un peu plus dans le viseur des activistes écologistes. Ces derniers dénoncent régulièrement le coût écologique de ses activités pétro-gazière et l'insuffisance de ses plans de transition énergétique.

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La multinationale est régulièrement visée par des coups d'éclat d'ONG. Ainsi, en février dernier où des militants de Greenpeace ont abordé un navire pétrolier du groupe qui devait ravitailler une plateforme en mer. L'année passée, l'assemblée générale de Shell en mai avait été interrompue après l'intervention d'activiste venue dénoncer l'insuffisance des résolutions climatiques du groupe. En 2023, l'assemblée générale des actionnaires se tiendra le 23 mai.

Le syndicat Unite a estimé ce jeudi que « les maîtres du pétrole continuent à générer des profits obscènes et paient peu ou pas d'impôts ». Des ONG pro-environnement ont également prévu de manifester devant le siège de Shell, après avoir perturbé les AG de BP ou de Barclays. Pour rappel, ils accusent cette dernière de trop financer les extractions d'hydrocarbures polluants et contribuant au réchauffement climatique.

« Le gouvernement britannique devrait cesser d'émettre de nouveaux permis d'extraction de pétrole et gaz et forcer Shell et le reste du secteur à commencer à utiliser leurs profits obscènes pour réparer les dégâts que leurs carburants fossiles causent à travers le monde », a déclaré Greenpeace dans un communiqué.

Les géants énergétiques pour l'instant se focalisent sur la valorisation de leur action. BP avait annoncé en février, en marge de résultats annuels record, qu'il comptait doper ses bénéfices d'ici 2030 en investissant davantage à la fois dans les énergies renouvelables mais aussi dans les hydrocarbures, ralentissant le rythme de sa transition énergétique.

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Les dirigeants des grandes compagnies énergétiques ont aussi fait polémique ces derniers mois avec leurs rémunérations en forte augmentation. Ainsi, celle de l'ex-patron de Shell, Ben van Beurden, avait grimpé l'an dernier à 9,7 millions de livres (11,4 millions d'euros), soit une progression de 53% sur un an.

TotalEnergies, qui a engrangé au premier trimestre un bénéfice net en hausse de 12% à 5,6 milliards de dollars, tout en annonçant la vente de ses actifs canadiens dans les sables bitumineux, se prépare à son tour à un débat climatique agité avec une partie de ses actionnaires lors de son AG le 26 mai. Les géants américains du pétrole et du gaz ExxonMobil et Chevron ont également vu leurs profits gonfler au premier trimestre malgré la baisse des prix de l'énergie, grâce notamment à leurs activités de raffinage et à leurs mesures d'économies.

ExxonMobil a particulièrement tiré son épingle du jeu. Son bénéfice net a plus que doublé par rapport à la même période en 2022 pour atteindre 11,4 milliards de dollars, un record pour un premier trimestre. Le bénéfice net de Chevron s'est de son côté apprécié de 5% pour atteindre 6,6 milliards de dollars.

(Avec AFP)

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