
Westinghouse Electric change à nouveau de mains. L'entreprise américaine spécialisée dans les centrales nucléaires qui avait été achetée en 2018 par Brookfield Business Partners après avoir déposé le bilan en 2018 (du temps où Westinghouse faisait partie du conglomérat japonais Toshiba) change à nouveau de propriétaires. Le producteur d'uranium Cameco, la société d'investissement Brookfield Renewable Partners et d'autres acteurs vont en effet racheter l'entreprise américaine pour 7,9 milliards de dollars, dette comprise, dans une opération signalant un regain d'intérêt pour cette forme d'énergie. La finalisation de la transaction est attendue au deuxième semestre 2023.
Bonnes conditions de marché
Le secteur a rarement profité d'aussi bonnes conditions de marché, a d'ailleurs souligné dans un communiqué commun le patron de Cameco, Tim Gitzel. « En tant que l'une des rares formes de production d'électricité capable de produire de manière sûre, fiable et abordable une énergie sans émissions, l'énergie nucléaire devient de plus en plus importante dans un monde qui met l'accent sur l'électrification, la réduction des émissions carbone et la sécurité énergétique », a-t-il affirmé.
Cameco se félicite de voir que Westinghouse s'est recentré sur son coeur de métier dans le nucléaire, réduit ses coûts d'exploitation et procédé à plusieurs rachats d'entreprises pour renforcer son expertise. Le groupe compte environ 9.000 employés dans 19 pays fabriquant ou gérant des centrales nucléaires.
L'acquisition de Westinghouse « devrait accroître notre capacité à répondre aux besoins croissants des clients existants et nouveaux à un moment où l'origine et la sécurité de l'approvisionnement sont des préoccupations majeures », a ajouté son patron.
Brookfield Renewable est de son côté une société d'investissement spécialisée dans les projets d'énergies renouvelables et de stockage d'énergie.
« Toute trajectoire crédible visant la neutralité carbone repose sur une croissance significative de l'énergie nucléaire », a souligné Mark Carney, responsable des investissements dans la transition pour Brookfield et ancien gouverneur des banques centrales d'Angleterre et du Canada.
Selon les termes de la transaction, Brookfield Renewable et ses partenaires institutionnels débourseront environ 2,3 milliards de dollars pour prendre le contrôle de 51% de Westinghouse tandis que Cameco versera 2,2 milliards pour 49%. Ils récupéreront environ 3,4 milliards de dollars de dettes.
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ZOOM- L'Autriche attaque le label « vert » européen pour le nucléaire
Le gouvernement autrichien a saisi vendredi la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) contre la création par la Commission d'un label « vert »pour le nucléaire, a annoncé le ministère de l'Environnement. Le pays alpin, farouchement anti-atome, fustige depuis le début ce projet et avait annoncé de longue date son intention de porter l'affaire en justice. « Le nucléaire et le gaz ne sont ni verts ni durables », a déclaré la ministre Leonore Gewessler dans un communiqué. « C'est pourquoi nous avons porté plainte avant l'expiration du délai lundi ».
Leonore Gewessler avait dénoncé en début d'année, quand Bruxelles avait dévoilé le texte, les « dommages importants à l'environnement » causés à terme par le nucléaire. Pour elle, le nucléaire est « une énergie du passé ».
La reconnaissance de la contribution du nucléaire et du gaz à la lutte contre le changement climatique a également suscité l'indignation d'organisations écologistes, qui dénoncent une opération de « greenwashing ». Le texte, approuvé en juillet par le Parlement européen, doit aider à mobiliser des fonds privés vers des activités réduisant les émissions de gaz à effet de serre. Il s'inscrit dans l'objectif de neutralité carbone de l'UE en 2050. Fondé sur des rapports d'experts, il classifie comme « durables » certains investissements pour la production d'électricité dans des centrales nucléaires ou des centrales au gaz, à condition qu'elles mobilisent les technologies les plus avancées. Et, pour ces dernières, qu'elles permettent de fermer des centrales à charbon bien plus polluantes. Parmi les Etats membres de l'UE, seuls huit pays, dont l'Allemagne et le Luxembourg, avaient exprimé leur opposition à la "taxonomie", loin de la « super-majorité » de vingt pays nécessaire pour bloquer le projet.
Il est défendu par la France et de nombreux pays d'Europe centrale et orientale qui font valoir que les énergies renouvelables (éolien, solaire...) souffrent d'une production intermittente et ne permettront pas, à elles seules, de répondre aux besoins en électricité. L'Autriche a la particularité d'avoir interdit en 1978 l'exploitation de l'énergie nucléaire, une mesure élevée au rang de principe constitutionnel en 1999.
Le pays de 9 millions d'habitants tire actuellement plus de 75% de son électricité de sources renouvelables, essentiellement grâce à un riche potentiel hydro-électrique. Il continue cependant à importer de l'électricité issue notamment du nucléaire pour combler ses besoins énergétiques.
(Avec AFP)
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