Le solaire et l'éolien ont attiré 15 fois plus d'investissements que le nucléaire en 2021

En 2021, au plan mondial, les investissements dans l'éolien et le solaire étaient près de 15 fois supérieurs à ceux consacrés à de nouvelles centrales nucléaires, selon un rapport publié mercredi. Parallèlement, le déclin du nucléaire se poursuit : sa part dans la production mondiale d'électricité est passée l'an dernier pour la première fois sous la barre des 10%, touchant un plus-bas depuis 1980.
Au total, dans le monde, quelque 350 milliards de dollars ont été investis dans des projets d'énergie solaire ou éolienne, contre 24 milliards consacrés au nucléaire, affirme un rapport du WNISR (World Nuclear Industry Status Report).
Au total, dans le monde, quelque 350 milliards de dollars ont été investis dans des projets d'énergie solaire ou éolienne, contre 24 milliards consacrés au nucléaire, affirme un rapport du WNISR (World Nuclear Industry Status Report). (Crédits : Reuters)

Les énergies propres ont le vent en poupe. En 2021, les investissements mondiaux dans l'éolien et le solaire étaient, en 2021, près de 15 fois supérieurs à ceux consacrés à de nouvelles centrales nucléaires, selon un rapport du World Nuclear Industry Status Report (WNISR), publié ce mercredi et réalisé par un groupe international et interdisciplinaire de scientifiques et d'experts opposés au nucléaire. Au total, quelque 350 milliards de dollars ont été investis dans des projets d'énergie solaire ou éolienne, contre 24 milliards consacrés au nucléaire, affirme le rapport.

« Les énergies renouvelables sont plus compétitives que l'énergie nucléaire et fossile sur la majorité des marchés, car elles sont moins chères et plus rapides à construire (...) Les investissements dans les énergies renouvelables sont donc plus nombreux, ce qui entraîne une baisse des prix et plus de déploiements, créant ainsi un cercle vertueux », argumente le WNISR.

Électricité : la part du nucléaire à un plus-bas depuis 1980

Alors que les énergies renouvelables attirent de plus en plus les investisseurs, parallèlement le déclin du nucléaire se poursuit : sa part dans la production mondiale d'électricité est passée l'an dernier pour la première fois sous la barre de 10%, atteignant son plus bas niveau depuis une quarantaine d'années. Selon le WNISR, l'énergie nucléaire a produit 2 653 térawattheures d'électricité l'an dernier, soit 9,8 % de la production mondiale, le chiffre le plus bas depuis les années 1980.

De moins en moins de réacteurs nucléaires sont en fonction dans le monde : au total, 411 réacteurs fonctionnaient au 1er juillet 2022 dans 33 pays, soit quatre de moins qu'en 2021, sept de moins qu'en 1989 et 27 en dessous du record de 2002.  Toutefois, la génération d'électricité nucléaire a progressé en chiffres bruts de 3,1% en 2021, mais reste sous le niveau de 2019.

Chine et Russie rivalisent sur la production nucléaire

Ce rapport dresse aussi un état des lieux des principaux pays producteurs d'électricité via l'atome. La Chine et la Russie rivalisent sur ce terrain.

Ainsi, en 2021, la Chine a pour la deuxième année d'affilée relégué la France à la deuxième place des plus grands producteurs. L'an dernier, 6 réacteurs ont été connectés au réseau, dont 3 en Chine, tandis que 8 ont été fermés pour un total de 98 démarrages et 105 fermetures entre 2002 et 2021. Et cette année, en 2022, 5 nouveaux réacteurs ont commencé à produire de l'électricité, dont 2 en Chine, où se situent 40% des réacteurs actuellement en construction.

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Pourtant, c'est la Russie qui « domine largement le marché international », selon le WNISR, la Chine se limitant à des projets nationaux. Seulement 3 des 20 réacteurs construits actuellement par la société russe Rosatom se situent en Russie. L'impact des sanctions, imposées après l'invasion de l'Ukraine, est pour l'instant « incertain », note le rapport. Sur les 10 chantiers lancés en 2021, 6 sont des réacteurs de technologie russe, dont 2 en Inde. Et 4 sont des projets d'exploitants chinois.

Des entreprises russes et chinoises sont responsables de l'ensemble des 18 chantiers lancés entre début 2020 et mi-2022. Et parmi les réacteurs en construction, « au moins la moitié est en retard » sur le calendrier, avec notamment plus de dix ans de retard pour 9 projets, dont celui de l'EPR Flamanville-3, en France.

Lire aussiNucléaire : les huit dernières étapes qu'EDF doit franchir pour démarrer l'EPR de Flamanville

(avec AFP)

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Commentaires 6
à écrit le 06/10/2022 à 10:17
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Il me semble cohérent que les investissements privés se tournent préférentiellement vers ces énergies renouvelables. Le nucléaire lui nécessite l'engagement des états: Chine, Russie et France à une époque révolue Hélas..

à écrit le 06/10/2022 à 8:40
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@OfficierFred Vous avez un regard très superficiel sur la situation actuelle. La crise actuelle du nucléaire (encore toute relative car pour l'instant celui-ci assure toujours entre 55% et 70% de la production électrique instantanée française) est...

à écrit le 05/10/2022 à 19:56
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On a vu ce que donnait un investissement massif dans des renouvelables intermittentes: une dépendance croissante vis à vis des énergies fossiles et en premier du gaz avec à la clé: de fortes perspectives de coupures d'électricité et une explosion des...

le 05/10/2022 à 20:23
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On voit aujourd'hui ce qu'il en coûte de compter sur un parc nucléaire supérieur à 30% du mix. Une guerre historique en Europe coïncide exactement avec un effondrement de la production nucléaire, plongeant le continent européen dans une crise économi...

le 06/10/2022 à 9:36
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"investissement massif" dans les ENr vous dites ? Je vous renvoie plutôt au retard considérable pris dans leur développement puisque les objectifs fixés par l'Europe à la France étaient de 23% pour 2020 et nous sommes arrivés à peine à 19% ! Quant à ...

le 06/10/2022 à 10:21
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Cher Officier Fred - je dirais simplement qu'il n'existe pas d'industrie souveraine sans état fort, je le déplore mais c'est ainsi.

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