Philippe Knoche, actuel DG d’Orano, va rejoindre Thales en tant que directeur des opérations

Après avoir dirigé pendant plus de huit ans Orano (ex-Areva), Philippe Knoche va rejoindre le groupe Thales au mois d'octobre. Il y remplacera Jean-Loïc Galle, qui part à la retraite. Sous sa direction, le groupe a connu une restructuration d'ampleur, passant de 42.000 à 17.000 salariés. Désormais en croissance, l'entreprise est portée par le regain d'intérêt pour l'atome civil et se diversifie.
Philippe Knoche va rejoindre le comité exécutif de Thales au poste de directeur des opérations, afin de remplacer le numéro 2 du groupe, Jean-Loïc Galle.
Philippe Knoche va rejoindre le comité exécutif de Thales au poste de directeur des opérations, afin de remplacer le numéro 2 du groupe, Jean-Loïc Galle. (Crédits : CR)

Un temps cité pour remplacer Jean-Bernard Lévy à la tête d'EDF fin 2022, Philippe Knoche, actuel directeur général d'Orano, rejoindra finalement le groupe Thales à l'automne. 23 ans après avoir fait ses premiers pas chez Orano, à l'époque Areva, le dirigeant a annoncé ce matin aux représentants syndicaux qu'il allait quitter le navire. Selon nos informations, ce Strasbourgeois d'origine va rejoindre le comité exécutif de Thales au poste de directeur des opérations, afin de remplacer Jean-Loïc Galle (officieusement le numéro 2 du groupe), qui part à la retraite. Une note interne a annoncé sa nomination.

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Malgré une carrière quasiment entièrement dédiée à l'énergie nucléaire, (il débute son parcours professionnel en tant que rapporteur anti-dumping à la Commission européenne) le monde de la défense et de l'aéronautique ne lui est pas totalement inconnu. En effet, depuis 2020, le quinquagénaire est administrateur du groupe Thales, où il préside le comité de la gouvernance et des rémunérations.

Philippe Knoche prend les manettes en pleine crise

Ce diplômé de l'Ecole Polytechnique et des Mines Paris est entré chez Areva en 2000 en tant que directeur de la stratégie. Il prend les manettes du groupe en 2015, en pleine crise. « Le groupe était au fond du trou. Il y avait un réel risque de disparition », se souvient Laurent Cheroux, coordinateur CFE-CGC chez Orano. Philippe Knoche entame alors une restructuration d'ampleur. Il est chargé de retirer Areva de la cote. Sous sa houlette, le groupe change de nom et devient Orano. L'activité de chaudiériste nucléaire revient à Framatome. Son périmètre se limite alors au cycle du combustible, de son extraction dans les mines d'uranium à son retraitement et recyclage, en passant par son transport.

Au-delà des activités redistribuées chez EDF et Framatome, Philippe Knoche orchestre plusieurs plans de départs, qui se traduisent par une réduction de 6.000 emplois. L'entreprise, dont le capital est désormais majoritairement détenu par l'Etat (90%), ne compte plus que 17.000 salariés, contre 42.000 au temps d'Areva. Malgré ces « crises sociales », cet adepte de la voile et de la montagne est apprécié des représentants syndicaux.

« Nous étions souvent en désaccord, mais il n'y avait pas d'entourloupe avec lui. Il nous disait les choses », témoigne Cédric Noyer, coordinateur FO chez Orano. « Il y avait un dialogue social constructif. On pouvait se parler », abonde Laurent Cheroux.

Cette franchise transparaît largement lors de son passage à QG, une émission Youtube peu habituée à recevoir des grands patrons d'entreprises. Sur le plateau, le dirigeant et père de trois enfants répond de manière très décontractée et sans détours aux questions du youtubeur Jimmy Labeu et de l'animateur Guillaume Pley.

Orano, un groupe en croissance

Avec un chiffre d'affaires de 4,2 milliards d'euros en 2022, Philippe Knoche va laisser une entreprise en posture de croissance, qui entend bien profiter du retour en grâce de l'atome civil à la faveur de la lutte contre le réchauffement climatique, même si plusieurs difficultés opérationnelles persistent, notamment à l'usine de Melox, dans le Gard. Orano prévoit notamment de doper son usine d'enrichissement de l'uranium au Tricastin (Drôme), afin d'augmenter de 30% ses capacités de production d'ici à la fin de la décennie, profitant que les énergéticiens occidentaux veulent réduire leur dépendance à l'entreprise russe Rosatom pour s'approvisionner en combustible nucléaire.

Fils d'un couple d'ingénieurs en physique et en chimie, Philippe Knoche est aussi parvenu à ouvrir les voies de la diversification du groupe, qui avait tenté, sans succès, de se tourner vers le solaire et l'éolien au temps d'Areva. Ainsi Orano s'est récemment lancé dans les matériaux stratégiques en nouant un partenariat avec le chinois XTC autour des batteries électriques. Deux usines communes devraient voir le jour à Dunkerque tandis que l'entreprise travaille à une troisième unité dédiée au recyclage des batteries. Une activité qui, à terme, pourrait devenir stratégique pour le groupe.

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En mai dernier, Philippe Koche avait mis en place une nouvelle organisation confiant plus de missions opérationnelles à Nicolas Masse, le numéro 2 de l'entreprise. Objectif de la manœuvre : se détacher plus de temps pour peser davantage dans les sphères de décisions politiques, à quelques semaines de la définition de la nouvelle feuille de route énergétique de la France, où il sera notamment question du devenir du cycle du combustible et des investissements à plusieurs milliards d'euros que cela implique.

Point d'achoppement avec EDF

Depuis des mois, Orano est en discussions avec EDF pour renégocier les termes de son contrat de traitement recyclage, qui fait perdre chaque année « des centaines de millions d'euros à Orano », selon Laurent Cheroux. Le conseil de politique nucléaire, prévu en novembre 2023, devrait être décisif à cet égard et perdre « Philippe Knoche à ce moment-là est une faiblesse pour Orano », estime le représentant syndical. En interne, on s'inquiète donc pour sa succession, la piste externe étant privilégiée, alors que Philippe Knoche « connaissait parfaitement la maison ».

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