Batteries électriques : Orano et XTC confirment la création de deux usines et d'un centre de recyclage en France

Le chinois XTC et le français Orano ont officialisé mardi leur association pour fabriquer dans le nord de la France des composants de batteries pour véhicules électriques. Ce projet, qui représente un investissement de 1,5 milliard d'euros, comprend aussi une usine de recyclage de batteries, avec l'objectif qu'elle fournisse à terme 30% des approvisionnements de matériaux.
Pour son usine de recyclage, Orano va s'appuyer sur un procédé auquel il travaille depuis 2020 avec le Liten, un laboratoire grenoblois du Commissariat à l'énergie atomique (CEA).
Pour son usine de recyclage, Orano va s'appuyer sur un procédé auquel il travaille depuis 2020 avec le Liten, un laboratoire grenoblois du Commissariat à l'énergie atomique (CEA). (Crédits : SARAH MEYSSONNIER)

Annoncée vendredi dernier par Emmanuel Macron lors d'un déplacement sur le thème de la réindustrialisation, l'implantation de deux usines géantes de batteries électriques par l'industriel français Orano et le groupe chinois XTC New Energy a été confirmée ce mardi. Tous deux ont en effet signé « des accords en vue de créer deux co-entreprises dédiées à la production des matériaux critiques pour les batteries de véhicules électriques », a annoncé dans un communiqué Orano, spécialiste de la valorisation et la transformation des matières nucléaires.

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Une enveloppe de 1,5 milliard d'euros au total sera pour cela débloquée. Plus précisément, ces deux usines, qui seront construites à Dunkerque (dans le Nord de la France), représentent 1,3 milliard d'euros d'investissement. Le reste doit financer « l'implantation d'une usine de recyclage de batteries à proximité ».

« On aura la fabrication des précurseurs de matériaux de cathodes, la fabrication des matériaux de cathodes en tant que telle qui permettra de fournir des composants clé en main aux fabricants de batteries en tant que tels et puis l'usine de recyclage, de récupération des matériaux pour les extraire à nouveau et réalimenter l'usine de précurseurs », a résumé Didier David, directeur du projet batteries pour Orano, lors d'un entretien à l'AFP.

30% de matières premières recyclées

Si Orano respecte son calendrier, l'usine de recyclage ouvrira, comme les deux autres, en 2026. « Et donc à temps pour à la fois recycler les rebuts des gigafactories » installées dans la région « et petit à petit les batteries en fin de vie », a précisé Didier David.

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Orano va s'appuyer sur un procédé auquel il travaille depuis 2020 avec le Liten, un laboratoire grenoblois du Commissariat à l'énergie atomique (CEA), spécialisé dans les technologies de la transition énergétique. Ce procédé est actuellement au stade de pilote industriel dans le Limousin, selon Didier David.

« Ce procédé doit monter progressivement en puissance. Il est prévu à terme qu'il constitue jusqu'à 30% des approvisionnements mais au début il est bien évident que nous aurons à compter sur l'achat de métaux comme le cobalt, le nickel et le lithium », a indiqué le directeur du projet batteries pour Orano.

Les industriels sur le pont du recyclage

Recycler les métaux rares est crucial pour l'avenir. « D'ici dix ans, on fabriquera tellement de batteries qu'il faudra absolument recycler le lithium. Autrement, il n'y en aura pas suffisamment », prévenait fin mars Philippe Barboux, professeur de chimie à l'université PSL à Paris. Industriels et chercheurs s'y attellent en vue d'y parvenir.

Le groupe allemand Aurubis affirme être capable de recycler au moins 95% des métaux contenus dans la « black mass », une poudre noire qui contient les oxydes métalliques valorisables. Un objectif que partagent également le groupe minier français Eramet, le belge Umicore ou encore le constructeur automobile allemand Mercedes.

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Pour Orano, « compte tenu de la disponibilité des matières premières, le matériau recyclé va devenir une donnée fondamentale, ce qu'on va appeler une sorte de mine urbaine pour qu'à terme, une part de plus en plus importante des matières proviennent non pas de mines, mais de nos propres consommations », a ajouté Didier David.

Reste que les constructeurs sont de toute façon contraints d'utiliser des batteries avec des matériaux recyclés. Selon un accord trouvé en décembre 2022 par l'Union européenne, les batteries des véhicules électriques devront, à partir de 2031, incorporer 16% de cobalt recyclé ainsi que 6% de lithium et nickel recyclés. De plus, les industriels devront recycler au moins 70% du poids des batteries avant cette date.

Objectif réindustrialisation pour la France

Cette annonce de création d'usines de batteries électriques par Orano et XTC n'a pas été la seule ces derniers jours. Le groupe taïwanais ProLogium a indiqué s'apprêter à s'installer lui aussi à Dunkerque. Au total, la France devrait bientôt pouvoir compter sur quatre usines de batteries électriques implantées sur son territoire.

Ces usines s'inscrivent dans un projet plus global de réindustrialisation du pays. Emmanuel Macron a détaillé sa stratégie à ce sujet la semaine dernière. Elle prévoit notamment une enveloppe d'un milliard d'euros pour dégager du foncier industriel disponible, des mesures fiscales pour les entreprises ou encore la mise en place d'un bonus écologique.

(Avec AFP)

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Commentaire 1
à écrit le 17/05/2023 à 20:30
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XTC ne serait-il pas Taiwannais et non Chinois ?

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