Produire de l'électricité à partir des énergies renouvelables n'a jamais été aussi compétitif

La compétitivité des énergies renouvelables, malgré l'inflation des coûts, s'est encore accélérée l'an dernier dans le monde, renforcée par la crise des prix des combustibles fossiles.
Depuis 2010, le coût moyen pondéré mondial de l'électricité solaire photovoltaïque a chuté de 89%.
Depuis 2010, le coût moyen pondéré mondial de l'électricité solaire photovoltaïque a chuté de 89%. (Crédits : CD2E)

Bonne nouvelle pour la planète. Selon un rapport publié mardi par l'Agence internationale pour les énergies renouvelables (Irena) quelque 86% (187 gigawatts) de la capacité renouvelable mise en service en 2022 avait un coût inférieur à celui de l'électricité produite à partir de combustibles fossiles (charbon, gaz).

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Une économie de 520 milliards de dollars sur le coût des combustibles

L'an dernier, le secteur mondial de l'électricité a directement économisé, grâce aux énergies renouvelables (solaire, éolien, hydroélectricité...), 520 milliards de dollars sur le coût des combustibles grâce aux sites de production installés dans le monde depuis 2000. Sans ce déploiement réalisé au cours des deux dernières décennies, les répercussions économiques de la hausse du prix des combustibles fossiles en 2022 auraient été bien plus graves, « dépassant même la capacité de nombreux gouvernements à les atténuer », souligne le rapport.

Pour Francesco La Camera, directeur général de cette agence intergouvernementale chargée de soutenir la transition énergétique, « l'année 2022 est un tournant dans le déploiement des énergies renouvelables. Leur compétitivité en termes de coûts n'a, en effet, jamais été aussi grande, malgré l'inflation persistante des coûts des produits de base et équipements ».

« Les régions les plus touchées par ce choc historique des prix ont fait preuve d'une résilience remarquable en grande partie grâce à l'augmentation massive de l'énergie solaire et éolienne au cours des dix dernières années » note-t-il.

Le coût moyen pondéré de l'électricité a baissé en 2022 de 3% pour le photovoltaïque, de 5% pour l'éolien terrestre, 13% pour la bioénergie et 22% pour la géothermie. Seuls ont augmenté les coûts de l'éolien offshore et de l'hydroélectricité, de 2% et 18%, en raison d'une moindre part de la Chine dans le déploiement de l'éolien offshore et de dépassements de coûts dans certains grands projets hydroélectriques.

Mieux, depuis 2010, le coût moyen pondéré mondial de l'électricité solaire photovoltaïque a chuté de 89% pour atteindre 0,049 USD/kWh, soit près d'un tiers de moins que le combustible fossile le moins cher à l'échelle internationale. Pour l'éolien terrestre, la baisse a été de 69% à 0,033 USD/kWh en 2022, soit un peu moins de la moitié de la valeur de l'option la moins chère dans les combustibles fossiles.

Les énergies fossiles déclinent dans l'Union européenne

Conséquence directe, entre janvier et juin, selon le groupe de réflexion dédié au climat et à l'énergie Ember, « les énergies fossiles ont généré 410 TWh dans l'UE, soit la part la plus faible jamais enregistrée du mix électrique, à 33% », contre près de 36% pour l'ensemble des renouvelables, dont quelque 27% pour le solaire et l'éolien, selon des données fournies. « Le déclin des énergies fossiles est un signe des temps. Le charbon et le gaz sont trop chers, trop risqués et l'UE est en train de les supprimer », souligne Matt Ewen, analyste pour Ember.

Outre le prix, la demande d'électricité a chuté significativement sur le continent, de la part des ménages comme des usines, et ce sont d'abord les centrales au charbon et au gaz qui ont été ralenties, réduisant leur part dans la production totale. La production d'électricité fossile dans des centrales au charbon ou gaz a ainsi baissé de 17% entre janvier et juin par rapport au premier semestre 2022, précise le rapport. Cinq pays-membres de l'UE ont même connu une baisse supérieure à 30% (Portugal, Autriche, Bulgarie, Estonie, Finlande). La production d'électricité à partir du charbon a régressé de 23%, représentant pour la première fois moins de 10% du mix électrique européen en mai. À partir du gaz, elle a reculé de 13%.

Malgré ces bons résultats, les auteurs du rapport mettent en garde sur la nécessité d'augmenter « massivement » le déploiement des énergies renouvelables, en particulier le solaire et l'éolien, « pour soutenir une économie résiliente à travers l'Europe » et compenser de manière pérenne le recul de la production d'électricité à partir d'énergies fossiles. En volume, la production renouvelable ne suffit en effet pas, en l'état, à compenser le recul de l'électricité produite à partir d'énergies fossiles qui s'est élevé à 86 TWh, alors que les renouvelables ne progressaient dans le même temps que d'un peu moins de 40 TWh. L'énergie solaire a progressé de 13% (+13 TWh) durant le semestre par rapport aux six premiers mois de 2022, et l'éolien de 4,8% (+10 TWh). L'hydraulique a progressé de 11% (+15 TWh). Le rapport rappelle aussi que la production d'énergie nucléaire devrait se rétablir, après avoir été en berne début 2023 en raison d'une forte indisponibilité du parc nucléaire français, le premier d'Europe.

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Le renouvelable, une arme pour lutter contre le réchauffement climatique

Au-delà de l'Union européenne, pour rester sous 1,5°C de réchauffement par rapport à l'ère préindustrielle, le monde devra encore ajouter en moyenne 1.000 GW d'énergie renouvelable par an jusqu'en 2030, soit plus de trois fois plus que les niveaux de 2022. Début mai, l'émirati Sultan Ahmed al-Jaber a ainsi invité les participants à la COP 28 qui se tiendra en novembre à Dubaï et qu'il préside, à « accélérer le développement des énergies renouvelables, qui doivent tripler leur capacité d'ici à 2030 et la doubler à nouveau d'ici à 2040 », sans toutefois mentionner l'arrêt de l'usage des énergies fossiles, parlant plutôt d'une « élimination progressive ».

Une urgence pour le climatologue Jean Jouzel qui s'exprimait le 29 août devant des entrepreneurs réunis par le Medef. « Pour limiter le réchauffement à 1,5°C nous n'avons plus que cinq ans d'émissions au rythme actuel, et un peu moins de 15 ans si on veut le limiter à deux degrés. En réalité nous partons de façon quasi délibérée vers un réchauffement qui pourra atteindre 3°C, voire 4°C en France, » a souligné cet ancien responsable du groupe d'experts climat de l'ONU (Giec). « Face à ce constat, je ne peux que partager l'appel d'Antonio Guterres, le secrétaire général de l'ONU, à arrêter tous les investissements dans les combustibles fossiles. »

(Avec AFP)

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Commentaires 15
à écrit le 17/09/2023 à 5:54
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Supposons que le CO2 anthropique ait une action réchauffante sur la température (ce qui n’est toujours pas prouvé scientifiquement). En ce cas, la production d'électricité doit être logiquement assurée par des sources bas carbone, ou plus exactement ...

à écrit le 17/09/2023 à 5:52
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C'est très curieux. Si les prix du kWh des EnR fatales et intermittentes étaient devenues compétitives comment se fait-il qu'elles soient toujours grassement subventionnées, aux frais des ménages, et qu'elles bénéficient d'avantages qui faussent les ...

à écrit le 10/09/2023 à 9:45
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) Supposons que le CO2 anthropique ait une action réchauffante sur la température (ce qui n’est toujours pas prouvé scientifiquement). En ce cas, la production d'électricité doit être logiquement assurée par des sources bas carbone, ou plus exactemen...

à écrit le 10/09/2023 à 9:43
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C'est très curieux. Si les prix du kWh des EnR fatales et intermittentes étaient devenus compétitifs comment se fait-il qu'elles soient toujours grassement subventionnées, aux frais des ménages, et qu'elles bénéficient d'avantages qui faussent les rè...

à écrit le 07/09/2023 à 18:42
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Supposons que le CO2 anthropique ait une action réchauffante sur la température (ce qui n’est toujours pas prouvé scientifiquement). En ce cas, la production d'électricité doit être logiquement assurée par des sources bas carbone, ou plus exactement ...

à écrit le 07/09/2023 à 18:41
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C'est très curieux. Si les prix du kWh des EnR fatales et intermittentes étaient devenues compétitives comment se fait-il qu'elles soient toujours grassement subventionnées, aux frais des ménages, et qu'elles bénéficient d'avantages qui faussent les ...

à écrit le 31/08/2023 à 20:38
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Le renouvelable, une arme pour lutter contre le réchauffement climatique ??? Le facteur de charge d'un panneau photovoltaïque est inférieur à 15 %, celui d'une éolienne, inférieur à 25%. Du fait de leur intermittence, du caractère aléatoire de leur p...

à écrit le 31/08/2023 à 18:10
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Supposons que le CO2 anthropique ait une action réchauffante sur la température (ce qui n’est toujours pas prouvé scientifiquement). En ce cas, la production d'électricité doit être logiquement assurée par des sources bas carbone, ou plus exactement ...

à écrit le 31/08/2023 à 18:01
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C'est très curieux. Si les prix du kWh des EnR fatales et intermittentes étaient devenues compétitives comment se fait-il qu'elles soient toujours grassement subventionnées, aux frais des ménages, et qu'elles bénéficient d'avantages qui faussent les ...

à écrit le 31/08/2023 à 16:11
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Pour construire et mettre en place ces générateurs d'énergie électrique soit disant non fossile, il a fallu de l'énergie fossile ! :-)

à écrit le 31/08/2023 à 15:08
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Il faut un sacré courage pour écrire un article pareil!!!Areva,Orano ,Anne Lauvergeon et son mari M.Fric, sans compter la partie "nucléaire" d'EDF , pas tous pour ces derniers, vont pas apprécier !!!Enfin quelqu'un va dire la vérité des chiffres en ...

à écrit le 30/08/2023 à 15:48
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bonjour ,merci pour cette synthèse qui fait à peu près consensus mais pourquoi au niveau du territoire français qui a les plus hauts rendements en solaire ,l'Ubaye , est refusé par la communauté de commune CCVUSP ,une centrale PV au sol citoyenne de ...

à écrit le 30/08/2023 à 13:12
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Attention, les coûts annoncés dans cet article ne tiennent pas en compte des indispensables et énormes coûts de stockage et upgrade réseau qui accompagnent les enr...

le 30/08/2023 à 14:18
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Certes mais justement ! Le delta coût entre renouvelables et "non-renouvelables" permet de financer les infrastructures de gestion de l'intermittence. Les Etats-Unis misent sur les batteries oxyde de fer et sur l'hydrogène qui, même utilisé par l'ind...

à écrit le 30/08/2023 à 10:03
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Vu comme cela, c'est clair. C'est comme vendre une clio diesel 150 000 euros, la clio électrique à 40 000 paraît " peu chère". Le seul hic, c'est que les salaires n'ont pas évolué eux !

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